Plus de 90% des détenteurs de DUT poursuivent leurs études, pour la majorité d’entre eux en licence pro. Face à cette réalité, le DUT va être revu pour donner lieu à un diplôme en trois ans. Une transformation qui est aussi nécessaire "à l’heure des bachelors qui revendiquent le grade de licence", ajoute Guillaume Gellé, président de la Commission Formation et insertion pro de la CPU (Conférences présidents d'universités) et président de l’Université de Reims-Champagne Ardenne.
Jusqu'à alors, ce diplôme devait être baptisé BUT (Bachelor Universitaire de Technologie). Selon nos informations, ce nom n'a pas convaincu lors du passage au CNESER ce mardi, et pourrait être remplacé par Licence Universitaire de Technologie. Ni le texte proposé ni le texte amendé n'ont été acceptés, une nouvelle mouture devrait donc être proposée en début de semaine prochaine. Une soixantaine d'amendements ont en effet été déposés, notamment par des syndicats. La forme du projet d'arrêté sera donc modifiée, mais les objectifs restent identiques.
Avec ce nouveau diplôme, le gouvernement espère régler le problème des bacheliers technologiques qui peinent à trouver des formations supérieures sur Parcoursup. "Cette année, 88% des bacheliers technologiques ont reçu une proposition d’admission. Dans les prochains jours, les nouveaux textes relatifs à la licence pro seront soumis à la concertation. Ils ont vocation à accueillir une proportion substantielle de bacheliers technologiques", déclarait la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, lors de sa conférence de rentrée en septembre 2019.
Accueillir 50% de bacs technos
Le projet d’arrêté portant réforme de la licence professionnelle qui a été soumis au CNESER ce mardi, précise ainsi que le BUT doit "garantir l’accueil d’au moins 50% de bacheliers technologiques en première année d’un IUT et la réussite d’au moins 70% d’entre eux".
Un chiffre quasiment inatteignable, le vivier de bacs technos étant trop faible pour certaines spécialités. "En chimie ou mesures physiques, nous n’atteindrons jamais 50%. D’autant que les inscriptions en bac techno sont en chute libre", affirme Laurent Gadessaud, porte-parole de l’ADIUT (Assemblée des Directeurs d’IUT). "Actuellement, ils sont moins de 40%. Cette volonté est légitime mais cela nous semble étrange de l’inscrire dans l’arrêté, cela devient un quota", souligne-t-il. Le nouveau texte qui sera proposé la semaine prochaine pourrait d'ailleurs omettre ce chiffre. Pour Guillaume Gellé, cet objectif "particulièrement optimiste" de 50% est plutôt à lire comme "un message d’ouverture à ce public".
En chimie ou mesures physiques, nous n’atteindrons jamais 50%. D’autant que les inscriptions en bac techno sont en chute libre. (L. Gadessaud)
Quoiqu’il en soit, le diplôme devrait être plus accessible, car l’idée est de "décompresser" le programme de deux ans sur trois ans. La pédagogie devrait également accorder plus de place à l’enseignement en mode projets, au tutorat et aux stages.
"Ce nouveau diplôme permettra de construire le projet professionnel des jeunes sur trois ans, avec un public plus mixte. Le volume horaire allégé permettra de mieux former et d’avoir plus de temps pour l’innovation pédagogique. Cela permet un meilleur accompagnement vers la réussite", assure Laurent Gadessaud. L’entrée du DUT dans le système LMD (licence, master, doctorat) permettra enfin une meilleure reconnaissance à l’international.
Repenser les programmes
Deux tiers des programmes seront nationaux, et un tiers sera laissé à l’appréciation des IUT, qui pourront les adapter au contexte local et social et aux étudiants. "Les programmes seront réécrits en compétences professionnelles, pas simplement en unités d’enseignement général comme français ou maths. Ils s’appliqueront aux nouveaux inscrits, à partir de septembre 2021", précise Laurent Gadessaud.
L’objectif de ce diplôme en trois ans est aussi de favoriser les passerelles entrantes et sortantes, du bac+1, 2 et 3. S’ils s’inscriront bien à ce nouveau diplôme en trois ans sur Parcoursup, les étudiants se verront toujours remettre un diplôme au bout de deux ans (un DEUST en fac, un DUT en IUT). Une demande notamment formalisée par les écoles d’ingénieurs, qui recrutent des étudiants diplômés de DUT. Dans la même logique, les étudiants pourront aussi intégrer la formation en cours de route.
Les licences pro des IUT disparaîtront pour être intégrées dans ce nouveau diplôme, à l’exception "des licences pro hyper pointues, trop de niche pour s’y intégrer", précise le porte-parole de l’ADIUT. Du côté des universités, les licences pro ne changeront pas, puisque ce diplôme sera exclusivement proposé par les IUT.
Un projet qui pourrait par ailleurs faire réagir les BTS. "Je ne pense pas qu’ils soient ravis car ils aimeraient sûrement le même type de réforme, mais le ministère de l’Education nationale n’a ni les moyens ni l’envie de le faire", confie le porte-parole de l’ADIUT. Affaire à suivre.