Les universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et d’Evry intègreront pleinement l’université Paris-Saclay en 2025

Sarah Nafti Publié le
Les universités de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines et d’Evry intègreront pleinement l’université Paris-Saclay en 2025
Le campus de l'université Paris-Saclay. // ©  Laurent Grandguillot/REA
La trajectoire d’intégration a été approuvée dans ses grandes modalités par les instances des trois universités et devrait se concrétiser au 1er janvier 2025. Cette procédure juridique permet l’émergence d’un groupement unique en France : les universités vont chacune garder leur personnalité juridique et leur personnel.

"Nous réfléchissons depuis 2017 à la meilleure façon d’opérer cette fusion des trois universités, explique Alain Bui, président de l’université Versailles Saint-Quentin-en-Yvelines (UVSQ). Et nous nous sommes rendus compte que le modèle avec une seule université qui partage le même budget et les mêmes ressources n’était pas forcément le plus adapté aux objectifs que nous souhaitions mettre en place." Le choix de garder les différentes personnalités juridiques des établissements intégrés fait ainsi de l’université Paris-Saclay une structure "unique en son genre".

Une gouvernance décentralisée

Paris-Saclay qui compte 60.000 étudiants et 10.000 personnels sur quatre départements, a opté pour une gouvernance décentralisée. Toutefois, "la réflexion stratégique de formation et de recherche est faite de manière commune entre les établissements qui la composent", précise Alain Bui.

Le choix s’est porté vers un "consortium" plutôt qu’une fusion stricto sensu. "Il s’agit du modèle le plus adapté aux objectifs initiaux et notamment celui de construire une université de rang international, de recherche de haut niveau, qui assure des formations d’excellence, et bénéficie d’un fort ancrage territorial", insiste Alain Bui. Cette intégration permet de "garder la mise en œuvre opérationnelle des objectifs communs par une gouvernance adaptée au niveau des territoires" afin de "conserver la force des universités", tout en mutualisant ce qui nécessite de l’être.

Cette mutualisation inquiète toutefois certains syndicats, à l’image de la CGT de l’UVSQ, qui est opposée au projet depuis le début. "Nous avons beaucoup de contractuels parmi les personnels administratifs, explique le syndicat. Le rapprochement des services peut menacer leurs emplois. Et nous avons certaines primes qui n’existent pas dans les autres établissements. Quelle sera la politique salariale demain ?" Jean-Renaud Pycke, de la CGT Ferc Sup, maître de conférences à l’université d’Evry, regrette, lui, de constater que l’investissement dans le projet ne bénéficie pas davantage aux étudiants : "Beaucoup d’argent est mis dans la construction, mais si je demande des manuels pour mes étudiants, cela m’est refusé".

Pour Vincent Bouhier, élu à la présidence de l’université d’Évry fin janvier 2023, la forme de regroupement choisie permet justement de garder des campus "qui proposent tous les services aux étudiants" et également "de conserver nos personnels de qualité, qui pour certains habitent à proximité et ne se voyaient pas changer de lieu".

Chaque établissement garde sa personnalité juridique

Il était donc important que l’établissement garde sa personnalité juridique. "L’université d’Évry est ancrée dans son territoire, avec 80% d’étudiants essonniens. La proximité des lieux d’études et d’habitation est un facteur de réussite, et nous avons vocation à proposer un parcours de formation complet sur le site afin d'être un véritable tremplin vers la réussite pour chacun. On sait, surtout depuis l’expérience du Covid, que les étudiants ont besoin de liens humains", estime le président.

Dans cette optique, difficile d’envisager de devenir seulement une antenne d’un plus grand établissement. Le rapprochement est, pour lui, un processus inévitable : "Les moyens à mettre à disposition pour certaines filières sont importants, et nous devons répondre aux contraintes budgétaires de l’État". Le fait de travailler ensemble permet de penser des formations différenciées sans se faire concurrence et de bénéficier de l’expertise d'enseignants-chercheurs d’autres établissements. "Nous avons des capacités, mais nous ne pouvons pas couvrir tous les domaines", confirme ainsi Vincent Bouhier.

Des synergies en recherche autour de trois thématiques

En recherche, le besoin de synergies est encore plus prégnant, et permet d’imaginer davantage d’échanges entre les chercheurs, qui peuvent, par exemple, répondre à des appels à projets en commun. La plupart des formations dispensées dans les trois universités sont déjà accréditées Paris-Saclay. C’est le cas notamment des licences, doubles diplômes, des masters et des doctorats.

Une école universitaire de premier cycle, partagée par les trois universités, coordonnera bientôt les diplômes de premier cycle, selon un accord commun entre les trois établissements. En ce qui concerne la recherche, la politique, qui se traduira par une signature unique des productions scientifiques, sera travaillée avec les établissements de cotutelle. La HDR (habilitation à diriger des recherches) est déjà un processus commun. "Nous avons l’habitude de travailler ensemble", constate Vincent Bouhier.

Les graduate schools par exemple, qui s’organisent autour de trois grandes thématiques - sciences et ingénierie, sciences de la vie et santé et sciences humaines et sociales -, regroupent les équipes dont les activités tournent autour d’une thématique, d'une discipline ou une mission particulière. Alain Bui remarque que le rapprochement "se traduit par une très bonne réussite dans les classements internationaux" : en 2022, Paris-Saclay apparaissait pour la troisième année consécutive dans le top 20 du classement de Shanghai.

Le regroupement donne donc une meilleure visibilité et une attractivité pour les étudiants et les chercheurs étrangers. Les universités d’Évry et de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines devraient prochainement se doter officiellement de nouveaux noms et le conseil d’administration de l’université Paris-Saclay devrait se prononcer sur les statuts stabilisés d’ici l’été.

Sarah Nafti | Publié le