Loi ORE : comment les professeurs aident des lycéens à mieux s’orienter

Pauline Bluteau Publié le
Loi ORE : comment les professeurs aident des lycéens à mieux s’orienter
La Loi ORE a introduit quelques pistes de réflexion sur l’accompagnement des lycéens vers le supérieur. // ©  Adobe Stock/kasto
Présentée en octobre 2017 et en vigueur depuis mars 2018, la loi ORE est censée assurer la réussite des étudiants en les accompagnant dès le lycée dans leur orientation. Nouvelles méthodes, nouvel outil, les enseignants étaient en première ligne dans l’application de la réforme et notamment de Parcoursup. Deux ans après, EducPros fait un premier bilan.

Si l’orientation n’a rien de nouveau pour les enseignants du secondaire, la loi ORE (orientation et réussite des étudiants) a tout de même introduit quelques réflexions au sujet de l’accompagnement des lycéens vers le supérieur. "Nous nous sommes tout de suite emparés du sujet pour pouvoir mettre l’accent sur l’orientation le plus rapidement possible", affirme Olivier Catoire, proviseur au lycée Félix Faure à Beauvais. Semaines de l’orientation, doublement des professeurs principaux, fiche Avenir… Qu’a changé la réforme pour les enseignants ? Voici quelques éléments de réponse.

Un accompagnement individualisé

D’après Philippe Minzière, proviseur au lycée Jean Moulin à Angers, la loi ORE a surtout permis d’effectuer un travail de fond sur l’accompagnement personnalisé des lycéens. "Aujourd’hui, nous réalisons des entretiens individuels avec les élèves de terminale, ce qui n’était pas le cas avant."

Nous avons une faible connaissance de l'offre universitaire, la liaison entre le secondaire et le supérieur est très mauvaise. (O. Catoire)

Ce travail a en partie été rendu possible par l’introduction de deux professeurs principaux par classe. "C’est difficile de quantifier mais on consacre environ une heure par semaine à l’orientation", assure Olivier Catoire. Dans son établissement, les deux professeurs ont un rôle bien défini : l’un s’occupe de toute la gestion administrative et le second prend en charge l’orientation. À Angers, le processus commence généralement dès octobre et se poursuit tout au long de l’année, de l‘élaboration du dossier à la phase complémentaire de Parcoursup.

De plus en plus de liens avec le supérieur

Ce rôle, les professeurs principaux semblent le prendre très à cœur. "Cela demande un investissement très important : on doit faire appel à notre réseau et aux anciens élèves pour venir présenter les formations, on propose aussi des Mooc… Toutes les réponses doivent être adaptées aux élèves", confirme Olivier Catoire.

Ce travail est d’autant plus conséquent pour les lycées des zones rurales qui entrent moins facilement en contact avec le supérieur. "Nous avons une faible connaissance de l’offre universitaire, la liaison entre le secondaire et le supérieur est très mauvaise", assume le proviseur beauvaisien.

Ce qui ne semble pas être le cas à Angers ou à Paris, comme l’explique Alice Le Flanchec, vice-présidente de Paris 1 Panthéon-Sorbonne en charge des formations. "Nous avons mis en place des groupes de travail avec les proviseurs pour leur donner toutes les informations nécessaires sur les formations, c’est fondamental." Ces réunions sont l’occasion de revenir sur les profils recherchés et les attentes des universités. "On organise aussi des forums de l’enseignement supérieur au lycée, on encourage les élèves à se rendre aux journées portes ouvertes et dans les salons ne serait-ce que pour s’informer", complète Philippe Minzière.

Des lycéens mieux orientés ?

Un dispositif qui semble fonctionner puisque la ministre de l’Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, a annoncé, lors de sa conférence de rentrée, vendredi 20 septembre, que le nombre de décrocheurs était en baisse en 2019, notamment parmi ceux qui ont suivi des parcours personnalisés ("oui, si").

À Paris 1, les effets se sont également fait sentir lors de la phase d’admission des futurs étudiants sur Parcoursup : "On a un taux de remplissage qui a été plus rapide dans nos formations et le rang du dernier candidat appelé sur Parcoursup était moins élevé qu’en 2018 ce qui signifie que les lycéens étaient mieux orientés dès le début." La vice-présidente assure que Parcoursup n’est pas le seul responsable de ces avancées. Toutes les actions menées en interne y sont aussi pour beaucoup.

Un nouveau chantier en cours

Mais du côté du supérieur comme du secondaire, quelques réglages sont encore nécessaires. Qui plus est avec l’arrivée des réformes du bac et du lycée, qui sont encore en cours. "Parcoursup, c’est déjà ancien pour nous, on se prépare déjà à ce nouveau chantier", admet Olivier Catoire. Pour accompagner leurs élèves, les enseignants vont avoir besoin de connaitre davantage les attendus des formations puisque tout va se décider encore plus tôt, en première, lors du choix des spécialités.

"Il va y avoir une remise en question avec l’arrivée des prochaines réformes mais ce qu’on voit déjà c’est que les professeurs principaux de première sont déjà beaucoup plus impliqués qu’avant grâce à Parcoursup", estime Philippe Minzière. "Finalement, c’est un processus d’adaptation mutuelle entre le secondaire, le supérieur et les élèves qui se poursuit", conclut Alice Le Flanchec.

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