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Comment les villes soignent leur attractivité auprès des étudiants ?

Camille Jourdan Publié le
Comment les villes soignent leur attractivité auprès des étudiants ?
Montpellier arrive en tête du classement des villes étudiantes. // ©  Leonid Andronov/Adobe Stock
Pour attirer des étudiants et améliorer le quotidien de ceux-ci, les villes, communautés d'agglomération ou métropoles mettent en place de nombreuses mesures. Avec l'objectif de retenir ces étudiants sur leur territoire. Exemple dans quatre villes, à l'occasion de la publication de notre classement 2024 des meilleures villes étudiantes.

D'Angers à Dijon, et de Caen à Montpellier, les villes étudiantes "à taille humaine" s'efforcent de tirer leur épingle du jeu pour garnir davantage les bancs de leurs universités et de leurs grandes écoles.

Logement, mobilité, pouvoir d'achat, accompagnement de projets… Elles agissent dans de nombreux domaines pour améliorer le quotidien de leurs étudiants.

Une logique de partenariats

"La ville, seule, ne fait rien, affirme d'emblée Aristide Olivier, élu en charge de la Jeunesse et de la ville étudiante à Caen. Elle agit avec un écosystème de partenaires".

Premier d'entre eux : l'université, et plus globalement les établissements d'enseignement supérieur. "Nous participons aux comités de pilotage et aux groupes de travail de l'université de Bourgogne", confirme Hamid El Assouni, adjoint en charge de la Jeunesse à Dijon.

À Angers, la ville est l'une des membres de l'association Angers Loire Campus, qui regroupe 22 membres, dont les collectivités locales, les établissements d'enseignement supérieur ou encore les partenaires de la vie étudiante.

"Nous décidons avec les étudiants et les directeurs d'établissements des actions à mettre en place, car les étudiants sont les plus à même d'exposer les problématiques qui les concernent, remarque Benjamin Kirschner, adjoint à la jeunesse et à la vie étudiante. Ensemble, nous essayons d'apporter des solutions."

L'appui au logement

Ces solutions sont rendues possibles là aussi grâce à des partenariats, ciblés selon les domaines d'intervention. "Nous travaillons avec le Crous (Centre régional des œuvres universitaires et scolaires) sur l'offre de logements sociaux", confirme ainsi Hamid El Assouni.

De la même manière, à Montpellier, la Métropole s'est engagée à financer 1.200 logements sociaux pour les étudiants durant le mandat. Elle propose aussi des colocations intergénérationnelles en s'associant avec des Ehpad (Établissement d'hébergement pour personnes âgées dépendantes). Angers a, de son côté, construit un projet de colocation "engagée", les "KAPS", avec l'AFEV (Association de la fondation étudiante pour la ville) : pour bénéficier d'un loyer modéré, les étudiants s'engagent à effectuer quelques heures de bénévolat par semaine.

Des coups de pouce pour le pouvoir d'achat

Même logique de donnant-donnant à Dijon, pour bénéficier d'une bourse municipale. Le pouvoir d'achat est en effet un autre axe d'action des villes, qui agissent à différents niveaux : sur le coût des transports en commun – gratuits à Montpellier, tout comme la location d'un vélo à Angers –, ou avec la distribution de coupons de réduction, valables toute l'année ou sur une période donnée.

C'est le cas de la Carte Culture à Dijon, mais aussi d'une nouvelle opération lancée à la rentrée à Caen, les "Very Good Tips", annonce Aristide Olivier. "Ce sont des réductions dédiées aux étudiants le temps d'un week-end."

Ces mesures reposent sur des accords avec les commerçants, les clubs sportifs ou les lieux culturels. À Angers, les étudiants profitent d'un dispositif semblable, le "Pack de Bienvenue", mais le soutien à leur pouvoir d'achat prend aussi d'autres formes. "La ville met à disposition des locaux pour une épicerie sociale et solidaire, et pour un marché gratuit de fruits et légumes, et gère aussi la logistique de ces initiatives", décrit notamment Benjamin Kirschner.

Des politiques à plus long terme pour retenir les étudiants sur le territoire

"L'objectif des 'Very Good Tips' est de montrer aux étudiants qu'ils sont les bienvenus, tout en mettant en valeur le potentiel de Caen", complète Aristide Olivier. D'autres événements de début d'année visent à accueillir au mieux les nouveaux venus.

Dijon est ainsi partenaire d'un concert de rentrée, tout comme Angers, qui organise aussi un grand challenge sportif, réservé aux étudiants, dans un centre aquatique. "Le but est de favoriser leur intégration", note Benjamin Kirschner.

Mais les villes s'efforcent aussi d'élaborer des politiques de plus long terme. "Notre ambition est d'être attractifs pour faire venir les étudiants à Caen, mais aussi pour les faire rester", avance Aristide Olivier.

Sur le premier objectif, Dijon affirme sa "volonté politique de favoriser l'implantation d'établissements supérieurs". "Le maire est très présent sur les salons, et selon les cas de figure, la ville ou la métropole peuvent mettre à disposition du foncier, ou accueillir les établissements avec des tarifs préférentiels, ou encore verser des subventions", énumère Hamid El Hassouni.

Favoriser l'insertion professionnelle

À Montpellier, cette politique volontariste s'étend à la construction de pôles dans des secteurs stratégiques (santé, industries culturelles et créatives…), regroupant des établissements d'enseignement supérieur, des laboratoires et centres de recherche, des entreprises, ou encore des partenaires comme le CHU. Une façon d'offrir des "perspectives d'emploi aux étudiants pour leur donner envie de rester", décrypte Hind Emad, vice-présidente en charge de développement économique et numérique.

En plus d'attirer des écoles de renommée nationale sur son territoire, la métropole s'efforce aussi de favoriser l'implantation immobilière d'entreprises, et de développer des liens entre les différents acteurs. Elle a aussi développé le Business Innovation Center, un incubateur public ouvert aux projets d'étudiants.

Des budgets difficilement fléchables

Si de l'argent est indubitablement injecté en faveur des étudiants, il apparaît toutefois difficile d'évaluer les budgets accordés à ces politiques. "C'est une action transversale, qui de plus est tantôt financée par la ville, tantôt par l'agglomération", justifie Aristide Olivier.

"Des crédits sont fléchés pour la vie étudiante, mais on part du principe que les étudiants sont avant tout des habitants dijonnais, et qu'ils bénéficient dont de toutes les mesures de la vie de la cité", complète Hamid El Hassouni.

De la même manière, il semble complexe de mesurer l'efficacité de ces politiques. La hausse du nombre d'étudiants, observée dans chacune de ces villes au cours des dernières années, est un premier indicateur, qui demeure toutefois insuffisant.

Camille Jourdan | Publié le