L’université de La Réunion, moteur de la recherche scientifique dans l’océan Indien

Lola Fourmy Publié le
L’université de La Réunion, moteur de la recherche scientifique dans l’océan Indien
Université de La Réunion // ©  Serge Marizy/ Université de La Réunion
En 40 ans d’existence, l’université de La Réunion a su trouver sa place en matière de recherche scientifique dans la zone océan Indien. Avec 19.200 élèves et 1.500 membres du personnel, c’est la plus grande université d’Outre-mer.

Si l’on connaît surtout son emblématique campus du Moufia, à Saint-Denis, l’université de La Réunion ne se résume pas qu’à cela. En effet, avec quatre campus, six instituts, deux écoles, un centre de formation d'apprentis (CFA) et plusieurs structures transversales et laboratoires, l’université de La Réunion propose plus de 200 formations.

Priorité à la recherche scientifique et la transmission des savoirs

Les enseignements dits classiques s’inscrivent dans deux champs majeurs : culture, territoire et société plurielle dans l’océan Indien, ainsi que science, technologie et santé en environnement tropical. Mais sa spécificité se joue ailleurs : "Nous mettons la priorité sur la recherche scientifique et sur la transmission des savoirs", précise Frédéric Miranville, président de l’université de La Réunion.

Nous sommes la première force de recherche et nous portons plusieurs projets qui permettent de diffuser des données de pointe utiles au tissu local. (F. Miranville, université de La Réunion)

Celle-ci compte en effet aujourd’hui 22 laboratoires regroupés en trois fédérations : biosécurité en milieu tropical, observation des milieux naturels et des changement globaux, et observation des sociétés de l’océan Indien. Les sciences de l’atmosphère y sont aussi particulièrement développées grâce à l’OSU-R (Observatoire des sciences de l’univers) et l’OPAR (Observatoire de physique de l’atmosphère). Ce champ disciplinaire offre même à l’université de La Réunion sa place dans le célèbre classement de Shanghai, catégorie sciences de l’atmosphère.

Chef de file de la recherche scientifique dans l'océan Indien

La volonté de l’université de La Réunion de s’imposer comme chef de file de la recherche scientifique dans la zone porte d’ailleurs ses fruits grâce à des partenariats avec l’Inserm, le Cirad, le CHU ou encore l’Ifremer et Météo France. Une dynamique qui séduit les acteurs institutionnels et économiques : "Nous sommes la première force de recherche et nous portons plusieurs projets qui permettent de diffuser des données de pointe utiles au tissu local", affirme Frédéric Miranville.

Preuve de l’agilité de l’université, pendant la pandémie de Covid-19, un partenariat avec le CHU et le Cirad a même permis la mise au point d’un nouveau test de dépistage. L’objectif est clair : loin d’être une faiblesse, l’insularité est une force et transformer les risques potentiels en objets d’étude est une nécessité.

Une université ouverte sur le monde

En plus des programmes Erasmus+ qu'elle propose, l'université de La Réunion va plus loin avec le programme d’échanges REUNION (Regional Exchange University Indian OceaN). Il permet à des étudiants venus des différents pays de la région (Mozambique, Seychelles, Kenya, Madagascar, Comores et Maurice) d’obtenir une bourse de dix mois pour suivre sur l’île française un master ou un doctorat.

On travaille à une meilleure structuration pour avoir une politique et une stratégie d’influence française et européenne dans la zone océan Indien. (F. Miranville)

À l’inverse, des aides financières sont aussi mises en place pour que les étudiants français puissent suivre des stages dans ces pays. "On travaille à une meilleure structuration pour avoir une politique et une stratégie d’influence française et européenne dans la zone océan Indien, explique le président de l’université de La Réunion. Car il y a des concurrences qui se font jour, notamment avec l’influence de la Chine à l’île Maurice.

Il rappelle aussi que l’enjeu est de taille : "On parle de 13 millions d’étudiants supplémentaires en Afrique, 14 millions en Inde. L’océan Indien est un lieu d’enjeux charnières."

60% d'étudiants boursiers

Cependant, la mobilité n’est pas encore accessible à tous. En effet, le coût de la vie à La Réunion est bien plus élevé que dans les pays alentour ce qui peut freiner certaines ambitions. Quant aux Réunionnais, avec une population étudiante à 60% boursière, "ils pensent d’abord à leur fin de mois plutôt qu’à partir étudier à l’étranger", tranche Frédéric Miranville.

Les étudiants réunionnais pensent d’abord à leur fin de mois plutôt qu’à partir étudier à l’étranger. (F. Miranville)

C’est d’ailleurs pour accompagner ce public précaire (60% des élèves boursiers appartiennent aux échelons les plus élevés) que plusieurs actions ont été mises en place comme le financement de deux épiceries solidaires, la gratuité des protections périodiques et le prêt de 800 ordinateurs portables.

Une offre de logements trop faible

Si Frédéric Miranville salue la prolongation des repas à un euro, il s’inquiète de l’offre de logements : 5.000 demandes pour 1.300 logements Crous. Dans un territoire où 37% de la population vit sous le seuil de pauvreté (contre 15% en métropole), le rôle d’ascenseur social de l’université est plus que jamais essentiel. "En 2022, de nombreux parents assistent à la remise des diplômes de leurs enfants et soulignent, émus, qu’ils sont les premiers diplômés de la famille", raconte Frédéric Miranville.

Signe que cette dynamique est sur une bonne lancée, l’université de La Réunion vient d’annoncer la création de deux nouveaux campus, l’un à Saint-André, dans l’Est, l’autre dans l’Ouest où le choix de la ville n’est pas encore arrêté mais qui sera dédié aux arts et à la culture. De quoi accompagner, encore, le monde de demain.

Lola Fourmy | Publié le