En septembre 2025, une partie de l'université d'Orléans investira le centre-ville. Pourquoi ce déménagement ?
Orléans n'est pas vue comme une ville universitaire, car son université est excentrée au Sud de la ville. L'objectif du campus Madeleine est d'accroître la présence des étudiants en centre-ville, ce qui sera bénéfique en termes d'image pour l'université. Et nous commencions à être à l'étroit dans nos locaux…
Ce campus pourra accueillir 4.200 étudiants en droit-économie-gestion. Mais ce n'est pas un simple déménagement. Nous en profitons pour faire évoluer la formation de cet UFR, en travaillant sur la transformation des métiers de ce domaine par l'intelligence artificielle et le numérique.
Depuis plusieurs années, le centre-ville d'Orléans a vu s'installer quelques grandes écoles (AgroParisTech, ISC, ESTP…). Entrent-elles en concurrence avec votre université ?
Il n'y a pas de concurrence frontale, car elles ne proposent pas exactement les mêmes formations que nous, et les publics de ces écoles ne sont pas tout à fait les mêmes que ceux de l'université.
Le rapport de la Cour des comptes, paru en juin dernier, évoquait les difficultés financières traversées par votre université au cours des dernières années. Les avez-vous surmontées ?
La question financière est réglée. Comme beaucoup d'universités, nous ne roulons pas sur l'or, mais nous ne sommes plus dans la situation catastrophique que nous avons pu connaître, même si cela reste tendu.
Nous ne sommes plus dans la situation catastrophique que nous avons pu connaître, même si cela reste tendu.
Comme il n'y a plus de lien direct entre la dotation et les effectifs, et que nos effectifs ont fortement augmenté dans le cadre de nos plans de retour à l'équilibre, nous sommes dans une situation compliquée : nous comptons moins d'enseignants qu'avant, mais davantage d'étudiants.
Par ailleurs, je suis convaincu que l'initialisation du budget de l'université d'Orléans – et d'autres –, lors du passage aux RCE (Responsabilités et compétences élargies), a été sous-évaluée.
Enfin, le financement par projet apparaît problématique : une licence de mathématiques, ou de n'importe quelle discipline, n'est pas un nouveau projet, mais il faut quand même la financer.
La Cour des Comptes mentionnait aussi "une crise de gouvernance aux aspects multiples"...
Côté gouvernance, les tensions se sont apaisées. Quand des postes sont gelés, que les budgets de fonctionnement et d'investissement sont réduits, c'est comme quand une entreprise dépose le bilan : cela suscite forcément des tensions.
Mais cette situation nous a donné les moyens de repartir.
Le rapport pointait aussi l'isolement de l'université d'Orléans, notamment vis-à-vis de celle de Tours. Travaillez-vous davantage avec votre écosystème ?
Nous n'avons pas formalisé juridiquement notre coopération avec l'université de Tours à travers une Comue (Communauté d'universités et établissements), et nous n'avons pas de gouvernance commune. Mais nous avons de nombreux projets communs : notre centre de formation des apprentis, nos écoles doctorales, des appels à projets…
Nous prévoyons de signer une convention de coordination territoriale avec l'université de Tours et l'Insa Centre Val de Loire, d'ici la fin de l'année. Elle inclura également nos différents partenaires (CNRS, CHU, collectivités locales…).
Mais il n'y aura ni gouvernance commune, ni de chef de file. En partant de ce qui existe sur le terrain, nous réfléchissons ce que nous pouvons faire ensemble.
L'université d'Orléans aura bientôt son département de formation médicale. Où en est ce projet, un an et demi après son annonce ?
En septembre 2022, nous avons ouvert les PASS et les L.AS. Cette rentrée, nous ouvrons la formation en deuxième année d'études de santé, soit la première année du DFGSM (Diplôme de formation générale en sciences médicales), qui en compte trois.
Nous avons reçu l'accréditation pour l'ensemble du premier cycle en mai dernier. Le processus a donc été très rapide.
Qu'est-ce qui a motivé la création de ce département ?
C'est un vieil espoir de l'université d'Orléans, qui n'avait plus de formation de médecine depuis 1848. Il y a eu aussi un intérêt partagé de l'ensemble des élus, de tous bords, en raison du fort déficit médical de la région, et de la ville d'Orléans. En tant qu'université, notre rôle était de répondre à ce besoin sociétal.
L'ouverture de cette faculté de médecine nous ouvre également de nouveaux horizons en termes de recherche. Pour preuve, l'Inserm (Institut national de la santé et de la recherche médicale) a implanté son ART (accélérateur de recherche technologique) sur les ARN messagers à Orléans. Sans la faculté de médecine, cet outil aurait sans doute été installé ailleurs.
Quels autres projets structureront les prochaines années ?
Tout d'abord, le programme Minerve, qui porte sur la transformation pédagogique, avec la mobilisation des nouveaux outils numériques, la modulation des parcours, l'instauration de bourses d'excellence, la mise en place de masters de recherche en apprentissage…
Ce programme vise par ailleurs à faire naître un pôle rééducation, réadaptation et motricité, qui regrouperait différentes formations paramédicales ainsi que des laboratoires de recherche, qui s'appuieraient sur une clinique pédagogique.
Outre le déménagement, une grande transformation immobilière du campus s'annonce dans les prochaines années.
Ensuite, le projet Athéna vise à développer des formations et programmes communs à neuf universités européennes partenaires.
Enfin, outre le déménagement, une grande transformation immobilière du campus s'annonce dans les prochaines années. Le visage de l'université d'Orléans ne sera plus le même, d'ici 2030 !