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Toutes les universités "seront en déficit d'ici un ou deux ans", alerte l'Udice

Malika Butzbach Publié le
Toutes les universités "seront en déficit d'ici un ou deux ans", alerte l'Udice
Les grandes universités frnaçaises lancent l'alerte sur l'état des budgets des établissements. // ©  EducPros
Alors que la rentrée a été marquée par les déclarations d'Emmanuel Macron et de la ministre Sylvie Retailleau, Udice alerte sur les tensions budgétaires des universités. "Actuellement, nous avons des budgets difficiles à boucler. Et ils seront pratiquement tous en déficit d'ici un ou deux ans", souligne son président Michel Deneken.

"Trois ans après sa création, l'Udice (Union de dix grandes universités françaises) s'inscrit dans le paysage français et international", souligne son président, Michel Deneken, lors d'une conférence de presse le 20 septembre. L'association, qui regroupe dix grandes universités françaises de recherche*, demeure "en faveur de ce qui peut favoriser l'autonomie des universités et leur permettre d'être au rendez-vous des grands standards internationaux".

"Il ne s'agit pas seulement d'une question de moyens financiers mais de philosophie de l'enseignement supérieur", insiste celui qui est également à la tête de l'université de Strasbourg. C'est d'ailleurs le sujet du budget qui est dans toutes les têtes, depuis que la ministre Sylvie Retailleau a annoncé qu'il fallait "réfléchir au modèle économique des universités" pour que chacun prenne "sa part dans un budget contraint".

Les six présidents d'université présents ne cachent pas leur inquiétude. "Actuellement, nous avons des budgets difficiles à boucler. Et ils seront pratiquement tous en déficit d'ici un ou deux ans", souligne Michel Deneken.

Gestion des universités : un sujet technique devenu débat de société

Une tension perdure entre les financements récurrents des universités et celui par appels à projets (AAP). On le voit dans le cas de l'université de Strasbourg, explique son président. "Nous avons reçu 45 millions d'euros via les AAP en 2022-2023 mais, sur la même année, notre budget prévisionnel est en déficit de 12 à 15 millions d'euros."

À terme, "se pose la question de la pérennité du financement public des universités, et c'est un choix de société", poursuit Michel Deneken, qui constate que "la montée de l'enseignement privé ne semble pas inquiéter outre mesure".

Ce sujet "hypertechnique" du budget des universités s'est transformé en débat de société, "alors que peu de gens comprennent ce que recouvrent les fonds de roulement", commente Nathalie Drach-Temam, vice-présidente d'Udice.

Contrairement à ce qu'a déclaré Emmanuel Macron, "les chefs d'établissements sont de bons gestionnaires", affirme la présidente de Sorbonne Université. "Nous préparons des plans d'investissements pluriannuels qui nécessitent d'accumuler des sommes sur plusieurs années."

S'appuyer sur les COMP pour restaurer la confiance

Alain Fuchs, président de l'université de recherche Paris Sciences et Lettres, se dit surpris par un "faisceau d'annonces concomitantes".

"Je n'avais pas entendu, depuis Alice Saunier-Seïté, la secrétaire d'État aux Universités de 1976 à 1981, que les universités étaient des usines à chômeurs", réagit-il après qu'Emmanuel Macron a déclaré que les universités proposent des formations qui "ne diplôment et n'insèrent quasiment pas".

Pour le président de PSL, ces discours sèment le trouble dans la communauté universitaire et dans la population. "On en est à se demander si la France aime ses universités et la réponse est peut-être non", fustige-t-il. "À défaut d'aimer les universités, faisons-leur au moins confiance, abonde Michel Deneken. Ce manque de confiance finit par percoler dans la société et certains politiques jouent sur cette défiance vis-à-vis de l'ESR, ce qui peut se traduire dans les urnes."

On en est à se demander si la France aime ses universités et la réponse est peut-être non. (A. Fuchs, PSL)

Dans ce contexte, il est important de faire réussir les contrats d'objectifs de moyens et de performance (COMP), appuie l'association.

"L'expérience des COMP, si on élargit à toutes les spécificités des universités peut être un bon outil qui reprend l'idée de contrat. J'espère que les premiers bilans donneront aux deux partenaires, que sont l'État et les universités, l'envie de continuer d'approfondir et d'élargir cet exercice. Cela permettra aussi aux universités de montrer qu'elles 'savent piloter'", appuie Alain Fuchs.

Renforcer l'attractivité en recherche et à l'international

Pour ces présidents d'universités de recherche, il faut aller plus loin sur les outils de ressources humaines permis par la loi de programmation de la recherche (LPR), notamment en développant les dispositifs tels que les chaires de professeurs juniors.

"Ils ont amené de l'attractivité, notamment en attirant ou en faisant revenir des jeunes chercheurs alors qu'un tiers des cadres de l'ESR va partir à la retraite d'ici 2030", rappelle Michel Deneken.

Concernant l'international, Udice souhaite être davantage impliquée dans la diplomatie scientifique. Par ailleurs, en cette rentrée, "le nombre d'étudiants internationaux continue d'augmenter", observe le président de l'association.

Pour lui, cela signifie que l'épisode du Covid est terminé et que les droits différenciés pour les étudiants communautaires semblent ne plus faire "chiffon rouge". "L'attractivité à l'international des universités membres d'Udice se confirme", se félicite-t-il.

* Sont membres de l'Udice Sorbonne Université, l'Université Paris Cité, Paris Sciences et Lettres (PSL) Université, l'université Paris-Saclay ainsi que Aix-Marseille université, Lyon-I, l'université Côte d'Azur, les universités de Bordeaux, Strasbourg et Grenobles Alpes.

Malika Butzbach | Publié le