G. Belhenniche (Cirses) : "Nous allons transformer le label DD&RS en label à niveaux avec trois ou quatre échelons"

Lola Fourmy Publié le
G. Belhenniche (Cirses) : "Nous allons transformer le label DD&RS en label à niveaux avec trois ou quatre échelons"
G. Belhenniche (Cirses) : "Nous allons transformer le label DD&RS en label à niveaux avec trois ou quatre échelons" // ©  DEEPOL by plainpicture/Kentaroo Tryman
Acteur de la promotion de la responsabilité sociale et environnementale (RSE) dans les établissements d'enseignement supérieur né en 2013, le Cirses se réorganise pour répondre au mieux aux nouveaux enjeux. Interview avec Geoffroy Belhenniche, son président.
Geoffroy Belhenniche
Geoffroy Belhenniche © DR

Dix ans après la création de l'association, c'est l'heure du bilan mais aussi l'occasion d'aborder les perspectives pour le Cirses (Collectif pour l'intégration de la responsabilité sociétale et du développement durable dans l'enseignement supérieur). Le collectif, qui opère notamment le label DD&RS (développement durable et responsabilité sociale), se retrouve au centre des préoccupations des établissements du supérieur.

En septembre prochain, le Cirses célèbre son dixième anniversaire. Vous vous apprêtez, dans la foulée, à présenter un nouveau plan stratégique et une nouvelle organisation. Pourquoi ?

Nous avons abordé ces questions de responsabilité sociale et de développement durable bien avant qu'elles ne soient à la mode. Si le label DD&RS existe depuis 2015, seuls 33 établissements français l'ont obtenu, pour l'heure. Cela représente environ 10% des établissements d'enseignement supérieur. Or le ministère veut atteindre 25% puis 66% dans les prochaines années.

De quelques établissements "précurseurs", particulièrement concernés par la problématique, on va passer à une demande généralisée dans un avenir proche. Avant, en vitesse de croisière, nous avions dix à douze demandes de labellisation par an. Rien que pour 2023, nous sommes déjà à 17 dossiers et nous en avons déjà pour 2024.

On constate des attentes de plus en plus fortes autour des enjeux environnementaux et sociaux.

Il y a plusieurs raisons à cela, car l'on constate des attentes de plus en plus fortes autour des enjeux environnementaux et sociaux. Une demande qui vient à la fois des équipes, de la société et des étudiants. On doit changer d'échelle.

Quels sont donc les changements concrets que vous allez opérer au Cirses ?

Cela commence par une clarification de la stratégie. Avant, nous avions deux directions distinctes pour le Cirses et pour le label DD&RS, dont nous sommes l'opérateur. Depuis mars 2023, je suis à la fois président du Cirses et coprésident du label DD&RS. Avoir une seule et même direction pour les deux entités, c'était essentiel afin de simplifier, notamment pour les prises de décisions.

Ensuite, nous voulons former encore plus de monde et développer les webinaires, les échanges entre les pairs, les rencontres entre nos 140 établissements adhérents, mais aussi recruter afin de pouvoir étudier plus de demandes de labellisation.

Vous envisagez donc des embauches pour soutenir le processus d'audit mais aussi pour accompagner la professionnalisation de cette mission ?

Oui, aujourd'hui le système d'audit du label fonctionne grâce à un trio tournant de volontaires : il y a un pilote, souvent issu d'un établissement déjà labellisé DD&RS, un auditeur simple et un étudiant. Nous souhaitons recruter deux personnes supplémentaires au Cirses pour accompagner ces auditeurs tout au long du process.

Nous aimerions voir aussi, à terme, la professionnalisation de ces postes qui, pour l'instant, fonctionnent sur un système de crédit-temps.

Nous excluons un accompagnement individuel pour chaque établissement qui déposerait une demande.

En revanche, nous excluons un accompagnement individuel pour chaque établissement qui déposerait une demande. À la fois parce que nous n'en avons pas les capacités et, surtout, parce que nous préférons accompagner la montée en compétences des équipes, par exemple les chargés de missions.

Car le cheminement est tout aussi important que le résultat. Notre idée c'est plutôt de les faire rentrer dans la courbe d'expérience que de les mettre sous assistance. Les questions de responsabilité sociale et environnementale s'opèrent sur un temps long. Cela demande un investissement.

Justement, cet investissement se traduit par un processus de labellisation long et jugé compliqué par certains. Allez-vous répondre à cette critique par un nouveau système qui va valoriser les démarches avant l'obtention finale du label DD&RS ? Lequel ?

C'est vrai que le processus de demande de labellisation est long ; jusqu'à un an et demi pour une grande école, et deux ans et demi pour une université.

Mais si la démarche est exigeante, la complexité ce n'est pas le label, mais de réussir à mener une politique de DD&RS qui ait réellement un impact. Nous voyons des établissements qui portent des initiatives, mais celles-ci sont désordonnées et manquent d'une stratégie globale. Or le référentiel, loin d'être un frein, est un outil pour mettre en place le cadre.

La complexité ce n'est pas le label, mais de réussir à mener une politique de DD&RS qui ait réellement un impact.

Et justement, comme nous pensons que le processus de montage du dossier est en lui-même une façon de se structurer, nous allons transformer le label DD&RS en label à niveaux. Il existera peut-être trois ou quatre échelons qui pourront être octroyés pendant la procédure et avant l'aboutissement de la labellisation. C'est une façon de simplifier la démarche et d'éviter le découragement.

En revanche, l'objectif n'est absolument pas de baisser le niveau d'exigence, mais de labelliser avec un autre terme avant la formalisation globale. On reste un label de réalisation et pas seulement d'intention.

Avec l'ambition des ministères d'instaurer un socle commun dans le supérieur en matière de transition écologique, est-ce que le label DD&RS sera toujours aussi utile ?

Pour l'instant, il a encore de beaux jours devant lui. Par son exigence, son antériorité, il a prouvé qu'il était le seul label capable de faire bouger les lignes en matière de RSE. En tous cas de manière systémique. Il commence aussi à être pris en compte dans les classements, ce qui prouve qu'il n'est pas indispensable mais qu'il rend l'établissement plus désirable.

Et puis l'objectif de ce label, c'est aussi de rendre visibles les actions menées : réduire la quantité de CO2 dans un établissement, ça ne fait pas monter au plafond le grand public et, pourtant, c'est essentiel. Le DD&RS sert aussi à ça, à montrer que ça bouge, que ça avance et de manière solide et concrète.

Lola Fourmy | Publié le