I. Klock-Fontanille (Unilim) : "Nous jouons pleinement notre rôle d'établissement de proximité"

Éléonore de Vaumas Publié le
I. Klock-Fontanille (Unilim) : "Nous jouons pleinement notre rôle d'établissement de proximité"
Université de Limoges // ©  Philippe Laurençon/université de Limoges
Avec 18.000 étudiants, l'université de Limoges est ce qu'on appelle une université de taille moyenne. Implantée sur le versant est de la Nouvelle-Aquitaine, elle vient de rejoindre la convention de coordination de cette région, mais n'a pas attendu le regroupement pour se développer localement. Entretien avec Isabelle Klock-Fontanille, sa présidente depuis janvier 2021.
Isabelle Klock-Fontanille
Isabelle Klock-Fontanille © Christophe Dupuy

Quelle est la principale caractéristique de l'université de Limoges (Unilim) ?

Bien qu'elle soit de taille moyenne, notre université est pluridisciplinaire. Santé, sciences et techniques, sciences humaines et sociales, droit, gestion, sciences économiques… tous les grands domaines d'enseignement y sont représentés, à travers 11 composantes.

Cela nous permet de jouer pleinement notre rôle d'établissement de proximité auprès des étudiants du territoire, mais aussi d'attirer des jeunes venus d'autres régions ou de l'international. Ces derniers représentent d'ailleurs 12% de notre contingent, toutes formations confondues, soit légèrement au-dessus de la moyenne nationale des établissements français de taille équivalente.

Cela s'explique en partie par la présence, nombreuse et historique, d'étudiants africains en santé, mais pas uniquement puisque, parmi les doctorants, la moitié ont validé leur master ailleurs qu'à Limoges.

Quelles expertises propose votre université ?

Notre université est notamment reconnue pour son expertise en cybersécurité et dans la céramique et les matériaux, deux niches qui favorisent notre visibilité nationale et internationale.

En outre, nous avons fait le choix de promouvoir une recherche pluridisciplinaire et interdisciplinaire, fortement connectée au monde socio-économique. Nous possédons pas moins de 22 laboratoires que nous promouvons grâce à notre agence de valorisation de la recherche universitaire du Limousin (AVRUL), créée en 2008.

En ce moment, à côté des secteurs électronique-photonique et céramique-matériaux, c'est le secteur de la santé qui est en pleine montée en puissance. Nous avons cinq équipes de recherche labellisées Inserm, alors qu'en 2008, il n'y en avait aucune.

La dimension multisite de l'université de Limoges est une manière de lutter contre les fractures territoriales en permettant à chaque lycéen d'accéder à l'enseignement supérieur.

Autre spécificité : l'université de Limoges est résolument multisite. Nous sommes implantés principalement à Limoges sur sept campus différents, mais aussi à Brives, Guéret, Tulle et Égletons. Et j'insiste sur le fait qu'il ne s'agit pas d'antennes mais de véritables sites avec des formations qui n'existent pas forcément à Limoges.

C'est une dimension importante pour nous car elle est une manière de lutter contre les fractures territoriales en permettant à chaque lycéen d'accéder à l'enseignement supérieur. C'est d'autant plus essentiel que, dans un territoire comme le nôtre, l'autocensure est réelle.

Quel bilan dressez-vous de vos deux premières années à la tête d'Unilim ?

Lorsque je suis arrivée en 2021, l'université était en grande difficulté financière. Il nous a fallu plus d'un an et demi pour stabiliser la situation ; ce qui n'était pas vraiment prévu. Cela nous a demandé un énorme travail au niveau du pilotage des effectifs, du pilotage des plafonds d'emplois et de la masse salariale, de la fiabilisation des données, etc.

Maintenant que nous sommes sortis du plan de retour à l'équilibre financier (PREF), il est temps d'attaquer le projet pour lequel j'ai été élue. Ce dernier porte sur trois points prioritaires, à savoir la mise en place du pôle d'innovation CAPs'UL qui a pour mission de faciliter l'émergence de projets innovants, le dialogue social, et en particulier la qualité de vie au travail, et, pour finir, la vie étudiante.

Nous avons été l'une des premières universités en France à faire gérer entièrement la contribution de vie étudiante et de campus  (CVEC)  aux étudiants.

Notre objectif est de replacer l'étudiant au cœur de l'université. Nous avons ainsi été l'une des premières universités en France à faire gérer entièrement la contribution de vie étudiante et de campus  (CVEC) aux étudiants. Ce sont eux qui choisissent et gèrent les projets. Et cela fonctionne très bien.

Côté investissements, avez-vous des projets immobiliers pour l'université ?

Oui, tout à fait. Nous avons pour projet de créer un deuxième bâtiment de recherche en santé, qui rassemblera en un même lieu toutes les équipes concernées et sera situé à deux pas du CHU. Un nouveau bâtiment devrait également voir le jour à Brive-la-Gaillarde où seront mutualisés l'IUT, la faculté des sciences et techniques et le service de santé étudiant.

Quant à l'école d'ingénieurs Ensil-Ensci, qui fait partie de l'université, elle sera prochainement agrandie pour accueillir de nouvelles spécialités. 

Comment coopérez-vous avec les autres établissements de la région ?

Nous intégrons la convention de coordination territoriale en Nouvelle-Aquitaine et allons rejoindre un groupement qui comprend l'université de Bordeaux, l'université Bordeaux6Montaigne, l'université de Pau et des pays de l'Adour, La Rochelle université, Bordeaux Sciences Agro et l'IEP de Bordeaux.

Tout est bouclé, ne reste plus que le feu vert du ministère… Je me réjouis de cette nouvelle alliance. S'il faut par exemple porter un sujet en lien avec la région, on le fera ensemble. On va aussi pouvoir mener des réflexions communes sur les formations et leur territorialisation afin de favoriser leur complémentarité. 

L'objectif est le même pour tous : avoir un meilleur maillage territorial tout en répondant chacun à des enjeux d'attractivité.

Éléonore de Vaumas | Publié le