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Chez HugoDécrypte, Emmanuel Macron expose sa vision de l'éducation et de l'enseignement supérieur

Le président de la République, Emmanuel Macron était l'invité du youtubeur Hugo Travers.
Le président de la République, Emmanuel Macron était l'invité du youtubeur Hugo Travers. © YouTube HugoDecrypte
Par Agnès Millet, publié le 05 septembre 2023
6 min

Lors d'un entretien mené par Hugo Travers lundi 4 septembre et diffusé sur YouTube, le chef de l'État s'est exprimé sur un grand nombre de sujets liés à l'éducation, l’enseignement supérieur et au quotidien des jeunes.

Ce lundi 4 septembre, jour de la rentrée scolaire, Emmanuel Macron a accordé un entretien de deux heures au youtubeur et journaliste, Hugo Travers, créateur de la chaîne HugoDécrypte.

Durant cette interview dense et appuyée sur de nombreuses études, le président de la République et le journaliste ont discuté pied à pied sur les chiffres et les grandes annonces et tendances de la rentrée 2023, de la primaire à l'université.

Si aucune grande annonce n'a été faite, cet entretien est aussi une manière pour le chef de l'État de montrer que l'Élysée se saisit de ces sujets.

Une refonte des rythmes scolaires en réflexion

Le gouvernement a déjà fait part de son intention de réfléchir à une refonte des rythmes scolaires, pour intégrer davantage de sport et de pratiques culturelles et artistiques durant l'année. Il souhaite pour cela réfléchir à des périodes de vacances plus courtes. "Les grandes vacances, c'est la pire des inégalités", estime le chef de l'État.

Emmanuel Macron précise que cela doit "se concerter" et "se discuter au plus près du terrain. Ça ne doit pas être un tabou".

40.000 établissements scolaires rénovés d'ici 10 ans

Par ailleurs, il annonce un plan de rénovation de nos bâtis scolaires "en lien avec les maires". "Le but, c'est de rénover, pour le bien-être de nos enfants et de nos enseignants, pour se protéger des conséquences de la canicule."

Lors d'une visite dans un collège d'Orthez ce mardi, il a en effet confirmé la rénovation de 40.000 établissements scolaires d'ici 10 ans, avec le déblocage en 2024 de 500 millions d’euros du fonds vert pour la rénovation énergétique des écoles.

Symboliquement, il souhaite également que chaque élève de 6e plante un arbre, en vue d'"aider" à tenir l’objectif d’un milliard d’arbres plantés en dix ans.

L'interdiction de l'abaya

Sujet polémique de la rentrée, l'interdiction de l'abaya et du qamis. Refusant l'idée que l'État avive des situations déjà tendues, il questionne : "Qui stigmatise ? Les gens qui poussent l'abaya !" Et réaffirme son souhait de ne voir aucun vêtement qui "exclut ou sépare".

Assumant cette décision, il rappelle que le chef de l'État est "garant de la laïcité". "Nous vivons aussi dans notre société avec une minorité, des gens qui, détournant une religion, viennent défier la République et la laïcité", ajoute-il. Selon lui, la pression ne doit pas peser sur les enseignants. D'autant que "le pire est arrivé" durant son premier quinquennat, rappelant l'assassinat de Samuel Paty.

Sur la question de la mise en place de l'uniforme, Emmanuel Macron souhaite "expérimenter et évaluer pour dépassionner le débat". Pour lui, c'est une question qui doit se traiter à l'échelle de l'établissement. Il ajoute que "la tenue unique", par exemple jean, t-shirt et veste, "règle beaucoup de questions", que ce soient les vêtements religieux ou les tenues ne respectant pas "la décence".

Lutte "sans relâche" contre le harcèlement scolaire

Concernant le harcèlement scolaire, le président de la République concède qu'il faut "renforcer l'effectivité du programme pHARe", dédié à la lutte contre ce phénomène, et ce "sans relâche".

Rappelant que c'est désormais l'élève harceleur qui sera désormais transféré dans un autre établissement, il va plus loin. "On est en train de préparer une loi pour éloigner les harceleurs" des réseaux sociaux, pendant "6 ou 12 mois" en cas de récidive. "C'est un combat majeur. On ne lâchera rien", insiste-t-il.

La précarisation des étudiants

Sur la baisse de dotation par étudiant à l'université, le chef de l'État souligne que la France, "a un modèle extrêmement généreux" puisque l'université est "gratuite" [170 euros pour une année de licence, NDLR]. Et glisse une réflexion vers "un système qui fait contribuer davantage ceux qui ont les moyens, y compris les internationaux".

Après une première revalorisation générale des bourses Crous, il se dit prêt à "avoir un geste supplémentaire" pour les plus précaires, s'il y a confirmation dans les prochaines semaines sur les prix de l'alimentation.

Au sujet de la précarité menstruelle, il confirme que les protections hygiéniques réutilisables, seront remboursées dès 2024 en pharmacie, et sur une plateforme dédiée en 2025.

Vers un "pass rail" à 49 euros ?

Évoquant la question climatique, Emmanuel Macron évoque aussi la piste d'un "pass rail" pour tous les jeunes, proche du forfait allemand à 49 euros. "J'y suis favorable et j'ai demandé au ministre des Transports de lancer, avec toutes les régions qui sont prêtes à le faire, le même dispositif." Un sujet en lien avec une éco-anxiété grandissante parmi la jeunesse.

À ce sujet, le chef de l'État rappelle que la santé mentale des jeunes était un "continent caché" avant le Covid. "On n'en parlait pas." Selon lui, il faut "mieux diagnostiquer, mieux prévenir et mieux guérir les formes aiguës". Cela doit passer par des prises en charge dès l'enfance.

À plus court terme, l'Élysée attend le retour d'évaluation du dispositif chèque psy étudiant.

Améliorer l'orientation

Au sujet du décrochage scolaire, il insiste sur le plan "zéro décrocheur" mis en place dans le lycée professionnel, particulièrement touché.

Selon lui, l'une des clés contre le décrochage dans le supérieur est d'avoir "un système plus clair". Il faut donc "avoir de la transparence sur ce qu'il y a au bout d'une formation. Est-ce que les élèves ont un diplôme ? Et, est-ce qu'après un diplôme, il y a un emploi ?"

Il encourage les universités, les écoles d’ingénieurs et de commerce, à développer "des formations plus courtes", entre un et trois ans, "au plus près du terrain", dans "des villes moyennes où le coût de la vie est moins important".

Rendre le métier d'enseignant plus attractif

Emmanuel Macron est également revenu sur la hausse inconditionnelle des salaires des enseignants ainsi que sur le Pacte enseignant. Selon lui, des enseignants de lycée pro pourraient ainsi toucher "500 euros voire 700 euros" de plus par mois.

Il convient que la charge de travail des enseignants est forte, en France, ce qui plaide encore, pour lui, en faveur d'une refonte des rythmes scolaires.

Et soutient que "le Pacte ne vient pas inventer de nouvelles missions" mais, le plus souvent, permet une meilleure reconnaissance salariale de tâches déjà effectuées, comme l'aide au devoir ou les remplacements courts de collègues absents.

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