Campus, transmission des savoirs, la CDEFI imagine le monde d’après pandémie

Malika Butzbach Publié le
Campus, transmission des savoirs, la CDEFI imagine le monde d’après pandémie
cdefi monde d'après // ©  DEEPOL by plainpicture
La CDEFI (Conférence des directeurs des écoles françaises d'ingénieurs) imagine le "monde d'après" la pandémie mondiale dans un ouvrage recensant différentes initiatives qui font office de bonnes pratiques pour le supérieur. Entre la prise en compte du numérique dans la pédagogie et l'importance des campus comme lieux de vie et de savoir, la Conférence espère aussi avoir davantage de moyens financiers pour pérenniser ces évolutions.

"Cette crise nous a amenés à être plus performants et plus agiles. En ce sens, elle ne doit pas être une parenthèse mais un levier pour notre évolution", estime Jacques Fayolle, président de la CDEFI et directeur de Télécom Saint-Étienne, lors d’une conférence de presse le 12 mai. Pour les écoles d’ingénieurs, il s’agit maintenant de regarder ce qui a été mis en place durant un an et demi. La conférence présente son ouvrage Penser l’après qui recense plusieurs initiatives afin de diffuser les bonnes pratiques au sein de l’enseignement supérieur.

Prendre en compte les apports du numérique pour les cours

Avec le premier confinement, "on a assisté à la destructuration de notre mode de fonctionnement habituel, poursuit Jacques Fayolle. Il est très vite apparu que la visio n’était pas le meilleur moyen de transmettre des connaissances." Pourtant, il reste des choses à préserver sur les possibilités qu’offre le numérique : le fait de passer par des jeux ou la pédagogie par problème par exemple.

D’autant que le recrutement d’ingénieurs pédagogiques et la formation des enseignants au numérique risquent de continuer. "Cela gage que cet effet levier n’est pas à voir seulement à court terme, estime le président de la CDEFI. Dès la rentrée, des enseignants nous ont dit qu’ils allaient changer leurs cours en prenant en compte les apports du numérique."

Tous ces changements ont également eu un impact sur les compétences des étudiants : "Ils ont notamment eu à développer leur autonomie, seuls derrière leur écran", précise Jean-Michel Nicolle, vice-président de la CDEFI et directeur de l’EPF. Parmi les chantiers qui demeurent, il évoque en particulier ceux de l’évaluation : quelle place faire au numérique pour le contrôle des connaissances ? Et que faire de l’auto-évaluation qu’ont pu tester certains étudiants durant la crise ?

Les campus, lieux de savoir et de sociabilité

La crise a mis au premier plan le sujet de la santé et du bien-être des étudiants. "On a vu le retard que nous avions, en France, dans l’accompagnement psychologique", souligne Philippe Depincé, président de la commission formation et société de la CDEFI et directeur de Polytech Nantes.

Des mesures ont été prises au niveau local comme au niveau national, notamment avec la mise en place d’étudiants relais dans le domaine de la prévention. "Demain, il faudra pérenniser ces actions, estime-t-il par ailleurs. On a vu aussi que les écoles étaient des espaces sociaux importants pour les liens entre les étudiants : à leur fermeture, beaucoup de jeunes ont souffert d’isolement".

Comment préserver cette dimension dans des sites fermés physiquement ? "En tant qu’écoles d’ingénieurs, nous avons pris conscience que nous n’étions pas seuls, répond Florence Dufour, administratrice de la conférence et à la tête de l’école de Biologie Industrielle de Cergy. Le numérique a aussi été utilisé comme outil pour mobiliser diverses parties prenantes : les organisations étudiantes mais aussi les alumni, les entreprises partenaires… On a vu naître plein de webinaires qui associaient tout le monde."

Ces évolutions auront également des conséquences sur les futurs campus, devine-t-elle : "Ces sites, en plus de lieux où l’on transmet des connaissances, sont des lieux de vie partagés. Il faudra prendre ça en compte, par exemple en créant des espaces sociaux ou des lieux pour travailler en groupe."

Les moyens financiers, "le travail de demain"

Face à ces évolutions à venir, se pose la question des moyens financiers. "C’est le travail de demain, répond le président de la conférence. Ces initiatives peuvent être assez attractives pour entrer dans les cadres des programmes lancés par le gouvernement, notamment le PIA 4".

Alors que se profile la rentrée 2021, "il nous faut aligner les contraintes du court terme de septembre et répondre à cette transformation en profondeur de l’enseignement supérieur", explique le vice-président, Jean-Michel Nicolle. Pour les membres de la conférence, une chose est sûre : la rentrée prochaine ne sera pas comme celle de 2019 ni comme celle de 2020.

Malika Butzbach | Publié le