Rentrée 2020 : les clusters se multiplient malgré les cours à distance

Amélie Petitdemange Publié le
Rentrée 2020 : les clusters se multiplient malgré les cours à distance
Frédérique Vidal a fait le point sur cette rentrée particulière lors de sa conférence de rentrée. // ©  Amélie Petitdemange/Educpros
Frédérique Vidal, ministre de l’Enseignement supérieur, a expliqué l'organisation de la rentrée 2020 lors d’une conférence de presse, ce mardi 15 septembre. Alors que les universités ouvrent à peine aux étudiants, plus de 10 clusters ont déjà été identifiés.

La rentrée 2020 est "un immense défi, d'une complexité inédite sur le plan logistique, sanitaire, pédagogique et humain", a déclaré la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal, en ouverture de sa conférence de rentrée, ce mardi 15 septembre.

Les établissements s’y préparent depuis des semaines "à la lumière de l’expérience du confinement", en lien avec les régions, les recteurs et les ministères de l'Enseignement supérieur, de l’Education nationale, du Travail et de la Santé.

Les établissements ont travaillé pendant l’été à trouver un équilibre entre présentiel et distanciel, selon le type d'enseignements, mais aussi selon le profil des étudiants, en donnant la priorité aux nouveaux entrants.

La rentrée 2020 est un immense défi, d'une complexité inédite sur le plan logistique, sanitaire, pédagogique et humain. (F. Vidal)

"La pédagogie à distance n’est pas une nouvelle norme, je ne veux pas faire basculer l’enseignement supérieur dans le tout numérique. Sans la vie de campus, la formation est incomplète. Le retour des étudiants et des personnels était donc une priorité. Mais cette priorité est à concilier avec la réalité d’une épidémie qui est loin d’être derrière nous", a affirmé Frédérique Vidal.

Plus d’une dizaine de clusters

La rentrée commence tout juste dans les établissements d'enseignement supérieur et plus d’une dizaine de clusters ont déjà été identifiés, comme à Sciences Po Lille, sur le campus de Reims de Sciences Po Paris, à l’université de Nantes, à l’université Rennes 1, à l’université d’Amiens, à l’université catholique de Lille, à l’IAE de Marseille, à l’Ecole des Mines de Nancy, à Centrale Lyon ou encore à l’ICAM de Toulouse.

"Ce sont très rarement des établissements entiers qui sont fermés, mais souvent des campus ou des facs", a précisé la ministre, qui assure surveiller la situation de près avec les établissements et les agences régionales de santé.

La circulaire du 7 septembre, qui prévoit quatre scénarii selon la circulation du virus, est toujours d’actualité. Elle prévoit un port obligatoire du masque dans les espaces clos et une distance physique d’un mètre dans la mesure du possible. Lorsque des cas de coronavirus sont détectés dans l’établissement, cette distance devient obligatoire, a rappelé la ministre lors de sa conférence de rentrée.

L’établissement décide ensuite, en lien avec l’agence régionale de santé, d’isoler certains étudiants ou de fermer le campus. Il doit aussi encourager les cas contacts à se faire tester.

Contamination dans le cercle familial ou amical

"Ce qui est assez clair, c’est que quand on voit apparaître des étudiants contaminés, ils ne sont pas forcément dans les mêmes classes ou amphis. Ce sont surtout des contaminations lors de leurs activités extra-universitaires", a pointé la ministre.

Elle a par conséquent rencontré les associations étudiantes, lundi 14 septembre, pour trouver la communication adéquate pour les sensibiliser au respect des gestes barrières en dehors des cours. “Il faut garder une vie étudiante, c’est essentiel, mais il faut faire attention. Les étudiants sont masqués dans l’établissement, mais quand ils sortent, ils profitent”, a-t-elle ajouté.

“Je ne nie pas que les étudiants se fassent contaminer en dehors des cours, mais la situation est aussi intenable dans les universités. Les étudiants se scandalisent des amphithéâtres bondés, où certains sont assis sur les marches, sans aucune distanciation physique. Quant aux masques, certains les ont depuis plusieurs jours, car ils ne sont pas pris en charge par l’Etat”, réagit Mélanie Luce, présidente de l’association étudiante UNEF.

Des universités peu accompagnées

Selon elle, la rentrée n’a pas été assez bien préparée par le gouvernement. “Les établissements se sont creusés la tête, mais ils ont été très peu accompagnés. Lorsque une promotion est touchée, les cours passent à distance. Mais quand il s’agit de cas isolés, les étudiants sont invités à rester chez eux, sans solution pour accéder aux cours qui se déroulent en présentiel”, affirme Mélanie Luce.

L’Unef demande par conséquent une titularisation de tous les contractuels pour dédoubler les classes et une circulaire plus claire. Le syndicat pointe par ailleurs le manque de budget des universités et la précarité de certains étudiants. “42% des étudiants renoncent à se soigner faute de moyens. S’il n’y a pas de mesures concrètes, la communication ne suffira pas. Il faut par exemple réaliser des tests à la fac et distribuer gratuitement des masques”, réclame Mélanie Luce.

Faire confiance aux étudiants

Aucune action concrète n’a pour l’instant été annoncée, et une autre rencontre avec le ministère est prévue la semaine prochaine. “Ce que je peux faire concrètement, c’est appeler à leur responsabilité. Cela fonctionne, ce sont des adultes capables de comprendre. Il faut faire confiance aux étudiants”, a assuré Frédérique Vidal.

Renforcer l’accompagnement des étudiants

En prévision de cette rentrée exceptionnelle, les universités ont par ailleurs renforcé leurs dispositifs d'accompagnement, notamment pour les néo-bacheliers qui ont passé plusieurs mois de lycée à distance. Un renforcement qui peut concerner la prérentrée, les évaluations, le coaching, le tutorat, le mentorat…

Un défi supplémentaire, alors que l'enseignement supérieur compte près de 2,8 millions d’étudiants cette année, soit 57.700 qu’en 2019. Le plan de relance prévoit par conséquent la création de 20.000 places supplémentaires en 2020 et 30.000 d’ici 2021.

Amélie Petitdemange | Publié le