Vincenzo Vinzi : "Le supérieur doit dépasser la logique de silos pour aller vers plus de multidisciplinarité"

Propos recueillis par Ariane Despierres-Fery Publié le
Vincenzo Vinzi : "Le supérieur doit dépasser la logique de silos pour aller vers plus de multidisciplinarité"
Vincenzo Vinzi répond aux trois questions d'EducPros. // ©  ESSEC BS
Enjeux du supérieur, paroles de dirigeants, Vincenzo Vinzi, directeur général de l’Essec business school, répond aux trois questions d’EducPros. Un mot d’ordre pour le supérieur, et pour l’Essec, dans l’approche comme dans la stratégie pour répondre aux grands enjeux du monde, de l’orientation et de la réussite : ouverture !

Les enjeux auxquels fait face le supérieur sont complexes et pour les affonter, une stratégie doit présider aux yeux de Vincenzo Vinzi, directeur général de l’Essec : ouverture disciplinaire, culturelle, pédagogique, des parcours, avec toujours en ligne de mire l’accompagnement, la formation et l’action. Il partage son regard et ouvre des pistes pour EducPros.

Quels verrous faudra-t-il lever pour permettre un développement plus rapide et plus harmonieux du supérieur ?

L’enseignement supérieur s’est historiquement construit autour des différentes disciplines qui le composent. Il est primordial aujourd’hui de dépasser cette logique de silos pour aller vers plus de multidisciplinarité, avec une importante ouverture multiculturelle grâce à l’international.

Le supérieur doit proposer des solutions innovantes aux multiples défis auxquels nous faisons face collectivement - enjeux écologiques, économiques, sociaux, sanitaires.

C’est d’autant plus nécessaire pour proposer des solutions innovantes aux multiples défis auxquels nous faisons face collectivement - enjeux écologiques, économiques, sociaux, sanitaires, etc. Ces problèmes complexes nécessitent une approche holistique à l’échelle mondiale, des compétences professionnelles et techniques pointues, et une capacité de compréhension mutuelle entre tous les acteurs économiques et sociaux.

Quels impacts de la réforme du lycée constatez-vous ? Et quels aménagements pourraient être apportés à vos yeux ?

Donner la possibilité aux élèves de choisir un cursus en accord avec leurs aspirations est une très bonne chose. Toutefois, à l’instar de toute réforme ambitieuse, elle nécessite des ajustements par la suite, comme c’est le cas avec la réintégration des mathématiques dans le tronc commun. Cet ajustement va aussi dans le sens d’une meilleure égalité entre les filles et les garçons pour éviter les choix "genrés" de matière.

Cette réforme a permis une liberté de choix tout à fait louable, à condition que chaque élève soit bien accompagné dans ces choix pour ne pas reproduire des déterminismes.

Cette réforme a donc permis une liberté de choix tout à fait louable, à condition que chaque élève soit bien accompagné dans ces choix pour ne pas reproduire des déterminismes qui réduiront en bout de course le vivier de talents pour les établissements d’enseignement supérieur !

Les transitions écologiques, économiques et sociétales sont au cœur des préoccupations : comment les institutions du supérieur peuvent-elles/doivent-elles y répondre ?

Il n’y a pas une seule réponse à ces questions, mais une multitude d’actions à mettre en œuvre que l’on peut résumer autour de quatre piliers : sensibiliser, former, agir, et accompagner.

Sensibiliser les étudiants, grâce à notamment à des ateliers participatifs comme la fresque du climat ou la fresque de la diversité, qui permettent à tous de prendre conscience de l’ampleur des enjeux mais aussi de leur complexité.

Former ensuite, en intégrant ces enjeux dans les enseignements via des cours dédiés mais aussi au sein des cours fondamentaux.

Agir ensuite, en appliquant à nos établissements ce qu’ils enseignent, que ce soit par la reconception des parcours étudiants - ex : avec une politique de voyage responsable - ou de la vie de campus - ex : en supprimant les plastiques à usage unique.

Et enfin accompagner les entreprises et les organisations en forgeant de nouveaux modèles économiques et organisationnels pour concilier création de valeur et bien commun.


EducPros poursuit sa série d’interviews pour donner la parole aux dirigeants du supérieur. Objectif : évoquer avec eux les enjeux qui animent leur secteur, en matière d’enseignement, de recherche, de relations avec le monde économique, de développement et de structuration à l’échelle nationale et internationale. Retrouvez, tous les 15 jours, l’analyse d’un dirigeant du sup’ :
– Eric Lamarque
– Pierre Mathiot
– Delphine Manceau
– Philippe Choquet
Alain Joyeux
– Patrick Vermay-Musset
– Marc Sellam
– Jean-Marc Ogier

Propos recueillis par Ariane Despierres-Fery | Publié le