Classement 2021-2022 des grandes entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés : la génération Covid-19 en quête de sens

Etienne Gless, Manon Pellieux Publié le
Classement 2021-2022 des grandes entreprises préférées des étudiants et jeunes diplômés : la génération Covid-19 en quête de sens
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Interrogés par Harris Interactive en partenariat avec Epoka et l'Etudiant, 5.500 étudiants et jeunes diplômés d'écoles de commerce et d'ingénieurs ont partagé leur vision des grandes entreprises. À cette occasion, EducPros dresse l'analyse des attentes de cette première génération d'étudiants et diplômés marqués par la crise du Covid-19 envers le monde professionnel, et décrypte le rôle qu'ils entendent y jouer.

Alors qu’un vent d’optimisme souffle cet automne sur l’activité économique et l’emploi, la crise sanitaire laisse encore un goût amer à la génération qui s'apprête à rentrer dans la vie active. 65% des 5.500 étudiants et jeunes diplômés interrogés au printemps 2021 par Harris interactive en partenariat avec Epoka et l’Etudiant jugent que les entreprises n’ont pas fait grand-chose pour eux dans le contexte de la crise sanitaire.

Cette amertume partagée par près des deux tiers des jeunes s’explique par leur extrême difficulté à trouver un stage lors du premier semestre 2020. Mais le premier semestre 2021 porte encore les stigmates de la crise : activité économique au ralenti, baisse des offres de recrutement… Ainsi, 70% des jeunes placent encore au cœur de leurs préoccupations la difficulté à trouver un stage ou une alternance pour valider leur cursus d’études ou trouver un premier emploi.

Exercer un métier à fort impact

"La recherche d’utilité sociale dans le métier exercé est extrêmement forte chez nos étudiants, estime Céline Claverie, directrice des relations entreprises du groupe OMNES Education (ex groupe INSEEC U). Sans surprise, ils sont nombreux à nous dire qu’ils veulent travailler dans le secteur de l’environnement, des énergies ou de l’économie sociale et solidaire."

Pour une partie non négligeable de jeunes (42% de ceux issus d’écoles d’ingénieurs, 52% d'écoles de management et 49% de l’université) la crise sanitaire a modifié leurs critères de choix d’un employeur. Près de 41% des personnes interrogées placent ainsi la recherche de sens et d'impact sur le monde comme premier critère de choix d'une entreprise.

Et cela se confirme sur le terrain. "Nous avons vu de nombreuses candidatures d'étudiants et jeunes diplômés se porter vers les ONG et les entreprises de l'économie sociale et solidaire présentes sur nos territoires", constate Nicolas Borghese, président du club des entreprises de l’Université Savoie-Mont Blanc. Selon lui, d'ailleurs, les entreprises qui n’ont pas engagé une véritable démarche RSE (responsabilité sociale et environnementale) sont clairement boudées et souffrent d'un réel manque d’attractivité.

Mais, "attention, la quête de sens n'a pas la même signification selon les étudiants, prévient Laurence Flinois, directrice du Career center de Montpellier Business School (MBS). Pour certains, elle recouvre un sens qui dépasse la mission de l'entreprise : agir sur le monde, sur la société. Pour d'autres, le sens tourne autour de la mission qu'ils vont mener sans forcément avoir un impact sur la société".

Le conseil et l'ingénierie sortent du lot

En revanche, certains secteurs ne connaissent pas la crise. Le conseil, comme l'ingénierie (22% chacun), le luxe (21%) ou les technologies (20%) attirent toujours autant les jeunes diplômés du supérieur, en particulier ceux de grandes écoles. Dans le top 5 des secteurs préférés on retrouve aussi celui des énergies, un secteur à forts enjeux.

Dans le top 10, la banque (13%) et l’industrie (10%) ou l’automobile (10%) tirent leur épingle du jeu. Plus inattendu, des secteurs comme le divertissement et les médias (9% chacun), la grande consommation (8%) ne figurent pas dans le top 10 des secteurs les plus attirants aux yeux des jeunes.

Quant aux télécoms (5%), à l’édition de logiciels (4%) ou aux entreprises de services numériques (4% aussi), ils arrivent assez loin dans les préférences des étudiants et jeunes diplômés. Pour la stabilité de l'emploi, la fonction publique (d’État, territoriale ou hospitalière) attire surtout les étudiants et diplômés de l’université : 38% imaginent y faire leurs premiers pas professionnels contre seulement 10% des diplômés d’écoles de management.

Enfin se mettre à son compte après ses études reste une option envisagée par 13% des personnes interrogées. Une voie d'insertion à ne pas négliger quand la conjoncture se détériore.

Solidité financière et flexibilité

Outre un projet d’entreprise ayant un impact positif sur le monde, les jeunes interrogés rêvent de rejoindre une entreprise solide financièrement et souple sur l'organisation du travail. Depuis la crise sanitaire, ces deux critères d’attractivité ont pris plus d’importance pour près des deux tiers des personnes interrogées.

Ainsi, 77% des jeunes interrogés souhaitent d’abord s’insérer dans des organisations solides financièrement. Ceci explique sans doute la relative cote d'amour dont jouissent de vieux fleurons industriels comme Michelin (classée 22e) ou la SNCF (classée 26e). Ensuite, ils sont 64% à privilégier les organisations qui offrent de la flexibilité dans les horaires de travail.

Et en matière de flexibilité, les entreprises devront demain mentionner systématiquement dans leurs offres d’emploi leur politique en matière de télétravail. Ce serait un plus pour 57% des étudiants et jeunes diplômés d’écoles d’ingénieurs, de 64% pour ceux d’écoles de management et 66% pour ceux de l’université.

"Avec la crise du Covid-19, la demande de souplesse en matière d’organisation du temps de travail s’est très nettement accélérée, remarque Céline Claverie. Le sujet du télétravail est devenu majeur pour eux. Ils recherchent des employeurs qui ont des idées ou des dispositifs sur le sujet. Il s'agit de satisfaire une génération qui est à la recherche d’un meilleur équilibre entre engagement professionnel et vie personnelle, avec si possible cohérence et continuité entre ces deux mondes“.

À noter enfin la soif de grand large après 18 mois confinés dans l'Hexagone pour la plupart des jeunes. Près de 60% des étudiants et diplômés d’écoles d’ingénieurs et de management désirent commencer leur carrière dans une grande entreprise française bien implantée à l’international. Leurs camarades d’université sont un peu moins nombreux (un étudiant sur deux tout de même). Une grande entreprise n’opérant qu’en France recueille moins leurs faveurs : 25% en moyenne presque à égalité avec les PME (23%).

Des jeunes prêts à des concessions pour préserver l'essentiel

Pour s’insérer rapidement sur le marché du travail, les deux tiers des étudiants et jeunes diplômés estiment devoir faire des concessions pour préserver les entreprises et les emplois quand la conjoncture est difficile. "Accepter un CDD au lieu d'un CDI, revoir à la baisse ses prétentions de rémunération sont les premières concessions consenties par nos diplômés pour s’insérer rapidement sur le marché du travail", constate Laurence Flinois à Montpellier Business School. Quitte au besoin à revoir leur rémunération à la baisse pour décrocher un premier poste.

Mais cette souplesse a sa contrepartie. Près de huit jeunes sur dix sont prêts à s’investir et travailler beaucoup pourvu de s'atteler à des projets intéressants, d’être bien payé ou encore d’apprendre et de monter en compétences.

Découvrez le top 25 du classement des entreprises préférées des jeunes diplômés d'écoles d'ingénieurs et de commerce

Rang

Entreprise

Employeur de référence

Évolution N-1

1

Danone

41%

7%

2

L'Oréal

37%

-2%

3

Google

35%

-2%

4

Groupe LVMH
(Louis Vuitton, Moët et Chandon,
Dior, Guerlain, etc.)

35%

-4%

5

Thales

34%

5%

6

Apple

34%

-7%

7

Decathlon

34%

-1%

8

Nestlé

32%

5%

9

KPMG

32%

6%

10

Airbus Group

31%

-8%

11

Microsoft

31%

-2%

12

Dassault Systèmes

30%

0%

13

PwC

30%

10%

14

EY

29%

2%

15

Deloitte

29%

3%

16

Hermès

28%

-3%

17

Renault

28%

5%

18

EDF

28%

-3%

19

Dassault Aviation

27%

-2%

20

Coca-Cola

27%

0%

21

Ubisoft

27%

-1%

22

Michelin

26%

7%

23

Total

26%

1%

24

Safran

26%

1%

25

Mazars

25%

9%


Notre méthodologie
Le classement est réalisé en partenariat entre l'Etudiant, Harris Interactive et Epoka. D'avril à juin 2021, des étudiants et jeunes diplômés issus d'écoles d'ingénieurs, d'écoles de commerce, d'universités et de BTS ont été interrogés par Harris Interactive sur leurs attentes et leur comportement concernant l'emploi, les stages ou encore l'alternance. Au total, l'étude a enregistré 5.500 réponses.
Pour établir le classement, nous avons utilisé un indicateur : l'employeur de référence. Parmi une liste de 240 grandes entreprises, les répondants devaient indiquer quel(s) étai(en)t pour eux, leur(s) employeur(s) de référence, autrement dit celui ou ceux qu'ils considèrent comme un ou des bon(s) employeur(s), et qu'ils peuvent recommander autour d'eux.
Dans le classement général, seules les réponses des étudiants et jeunes diplômés d'écoles d'ingénieurs et de commerce sont exploitées pour des raisons statistiques. Seules les écoles de rang A/B/C (classification selon leur effectif) ont été prises en compte. L'effectif des répondants chez les étudiants en université, BTS et IUT étant plus faible que celui des écoles d'ingénieurs et de commerce, ils auraient représentés, dans le sondage, une part moins importante que la part réelle qu'ils possèdent dans l'enseignement supérieur. ces profils font l'objet d'un classement dédié.

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