Grève du 19 mars : les syndicats appellent à la défense de l'école publique et à la hausse des moyens financiers

Oriane Raffin Publié le
Grève du 19 mars : les syndicats appellent à la défense de l'école publique et à la hausse des moyens financiers
Les syndicats de l'éducation nationale et de l'enseignement supérieur appellent à la mobilisation le 19 mars 2024. // ©  Stephane AUDRAS/REA
Appelant à une grève le 19 mars, les syndicats de l'Education nationale et de l'Enseignement supérieur se joignent au mouvement global de "défense de la fonction publique" et expriment leurs inquiétudes pour l'école publique et l'enseignement supérieur.

La fonction publique sera dans la rue. Ce mardi 19 mars, les syndicats des différents secteurs ont appelé à la grève et à la manifestation. Ceux de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur se joignent à l'appel, en y ajoutant leurs revendications propres.

La revalorisation des salaires au centre

Principale raison de la mobilisation : la question salariale. "On s'inscrit dans cette revendication générale, avec une perte de pouvoir d'achat de 10% en trois ans et de presque 27% depuis 2000", souligne Jean-Marc Nicolas, secrétaire général de la CGT Ferc.

"Le dossier des salaires n'est pas clos dans l'Éducation nationale, même si Gabriel Attal avait prétendu l'inverse quand il était encore ministre de l'Éducation nationale", ajoute Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU.

Le dossier des salaires n'est pas clos dans l'Éducation nationale. (S. Vénétitay, SNES-FSU)

"Il faut une vraie revalorisation, car nous avons beaucoup perdu en pouvoir d'achat. Et ce n'est que comme ça qu'on réglera la crise d'attractivité que continue à connaître l'Éducation nationale".

Défendre le modèle de l'école publique

Les syndicats profitent de la mobilisation pour rappeler leurs autres revendications. "On sent bien une colère à tous les niveaux, souligne Axel Benoist, co-secrétaire général SNUEP-FSU. Un ras-le-bol de ne pas être écoutés par le gouvernement, qui reste sur un dogme sans prendre en compte les besoins du personnel, sur le terrain".

Les lycées professionnels sont déjà mobilisés depuis plusieurs semaines autour de la réforme en cours pour cette voie.

Principale revendication côté Éducation nationale : la défense de l'école publique. "Notre modèle est attaqué par les projets de réformes, comme le 'choc des savoirs' - un projet d'école passéiste et conservateur - ou la volonté de mettre en place des groupes de niveau, car nous sommes opposés à ce modèle de tri des élèves", déplore Sophie Vénétitay.

Selon elle, les différentes réformes "grignotent" progressivement l'école publique et font un pont d'or à la concurrence du privé. "On a pu constater cette année comment ce dernier pouvait avoir un certain écho, et comment l'école publique pouvait être dénigrée par certains. On entend redire la force et l'intérêt de l'école publique, et la défendre".

Inquiétudes autour de la baisse des moyens et l'essor du privé

La question des moyens alloués est également dans toutes les bouches. "On nous parle d'austérité d'un côté, avec 582 millions supprimés pour le budget salarial en 2024 dans l'Éducation nationale, alors qu'il y a toujours un milliard sur l'apprentissage, dont on voit les effets très limités", déplore Axel Benoist.

"C'est un peu deux poids deux mesures, avec un serrage de ceinture pour les enseignants et les lycées professionnels".

Nous constatons un effondrement des moyens consacrés à l'enseignement supérieur public. (J.-M. Nicolas, CGT Ferc)

Les syndicats de l'enseignement supérieur et de la recherche (ESR) rejoignent le constat : "Quoiqu'en disent le président de la République et les ministres, nous constatons un effondrement des moyens consacrés à l'enseignement supérieur public, avec, en conséquence, davantage de précarité, des gels de postes, des bâtiments qui se dégradent très vite, etc., note Jean-Marc Nicolas. À Lille, sur la soixantaine de bâtiments du campus scientifique, il n'y a eu que deux ou trois rénovations, alors que certains sont dans un sale état !"

Comme pour les enseignants du primaire et du secondaire, les fonctionnaires de l'enseignement supérieur public s'inquiètent de voir monter la concurrence du privé.

"Nous déplorons le soutien de ce gouvernement à l'enseignement supérieur privé, déjà par le fait qu'il figure dans Parcoursup, explique le secrétaire général de la CGT FERC. Mais aussi par le soutien financier à hauteur de 17 milliards, via l'apprentissage, qui profite très largement au privé."

"L'action ne s'arrêtera pas au 19 mars"

Les syndicats de l'Éducation nationale et de l'Enseignement supérieur et de la recherche envisagent déjà les suites à donner à la mobilisation de mardi.

"La conclusion du communiqué de l'intersyndicale, dans l'Enseignement supérieur et la recherche, est assez dynamique, avec l'idée de se réunir pour inscrire la protestation dans la durée", prévient Jean-Marc Nicolas.

"Les mouvements d'ampleur ne se décrètent pas d'en haut, mais cela fait assez longtemps qu'il n'y en a pas eu dans l'ESR, poursuit-il. On sent beaucoup de colère sur le terrain. Mais beaucoup de collègues sont sous l'eau, le nez dans le guidon."

Les intersyndicales ont prévu de se réunir et d'échanger avec les personnels. Côté Éducation nationale, le ressenti est le même. "Depuis plusieurs semaines, on conteste une multitude de mobilisations locales. Ça bouillonne partout, comme la grève en Seine-Saint-Denis. Il y a eu des réunions pour associer les parents, les alerter. Une chose est certaine : l'action ne s'arrêtera pas au 19 mars", prédit Sophie Vénétitay.

Au niveau des lycées professionnels, les échanges sont également en cours - avec la possibilité de mobilisations locales. "Ce sont plutôt les annonces qui seront faites au printemps, sur la carte des formations, qui risquent de cristalliser la colère", estime Axel Benoist. Les prochaines semaines s'annoncent donc tendues sur le plan social.

Oriane Raffin | Publié le