Renaud Muselier : la Région Sud "renforce la collaboration entre les établissements et leurs bassins"

Agnès Millet Publié le
Renaud Muselier :  la Région Sud "renforce la collaboration entre les établissements et leurs bassins"
Renaud Muselier, président de la région Sud, répond aux questions d'EducPros. // ©  JC Verchère
Pour comprendre les enjeux de l'enseignement supérieur liés à chaque région, EducPros donne la parole aux présidents et présidentes. Dans cet entretien, Renaud Muselier, président de la Région Sud (Provence-Alpes-Côte d'Azur), fait le point sur les priorités de l'ESR dans son territoire.

Dans tous les territoires, l'enseignement supérieur représente un enjeu d'attractivité, de dynamisme et de revenus économiques. Ainsi, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, on compte plus de 185.000 étudiants pour plus de 5 millions d'habitants. Renaud Muselier, président de la région, fait le point, pour EducPros, sur ses priorités pour l'enseignement supérieur et la recherche (ESR).

Quelle importance donnez-vous à l'enseignement supérieur dans vos politiques ? Quel est son poids dans votre budget ?

La jeunesse est au cœur de notre projet. Nous voulons faire de la Région Sud une terre d'excellence, du savoir, de l'audace et de l'innovation au service de la croissance économique et de l'emploi. Nos jeunes méritent une éducation d'excellence !

Notre politique régionale, à travers le schéma régional de l'enseignement supérieur, de la recherche et de l'innovation (SRESRI), s'articule autour de trois priorités :

  • - soutenir l'innovation et la compétitivité du territoire,

  • -développer l'excellence, l'attractivité et le rayonnement des établissements,

  • - favoriser la réussite des étudiants.

La région a également souhaité inscrire de nouvelles priorités, comme la contribution au Plan climat "Gardons une COP d'avance". Nous sommes la première région à avoir adopté un budget 100% climat.

La région consacre 27,9 millions d'euros en 2022 à l'enseignement supérieur. Elle est engagée, au titre du Contrat Plan État Région (CPER) 2021-2027, à hauteur de 60,88 millions d'euros pour réaliser 20 projets immobiliers d'enseignement supérieur et construire 1.000 logements étudiants et deux espaces de restauration.

Quelles sont les caractéristiques, les enjeux et les problématiques propres à votre territoire dans le domaine de l'enseignement supérieur ?

La Région Sud possède quatre grandes universités [Aix-Marseille université, l'université Côte d'Azur, Avignon et Toulon, ndlr], de nombreuses écoles spécialisées dans les domaines de l'ingénierie, de l'art, de la culture, du commerce et des sciences politiques.

Elle accueille la plus grande université pluridisciplinaire francophone, deux des dix universités de recherche intensives en France. Cette année, Aix-Marseille université (AMU) et l'université Côte d'Azur (UCA) sont mises à l'honneur au classement de Shanghai. Elles sont le reflet de notre région à l'international et le symbole de notre réussite universitaire.

L'écosystème régional est fortement investi dans la réussite de ses étudiants. À ce titre, la région est engagée dans le cadre du Programme Investissements d'Avenir (PIA) et d'Initiative d'excellence (Idex), notamment en faveur du soutien à la réussite des étudiants ou de la création de campus connectés. Nous en comptons 11 sur le territoire.

La région a renforcé la collaboration entre les établissements et leurs bassins d'emplois à travers la création de huit Campus des métiers et des qualifications, dans des filières stratégiques comme le tourisme, les services à la personne, le développement culturel ou les agro-sciences.

Actuellement, quel est le projet le plus ambitieux ou innovant que porte votre région pour l'enseignement supérieur et la recherche ?

La région accompagne la réussite de ses étudiants et favorise leurs conditions d'études et de recherche. Nous pouvons parler du projet Eco Campus de l'université de Toulon, qui a pour ambition de transformer le site de La Garde en un campus durable, vivant, attractif et ouvert sur la ville.

La région Sud mène également une politique de santé ambitieuse et, à ce titre, nous souhaitons connecter l'ensemble des formations de santé au sein d'un même campus à Nice. De même, la création d'un pôle de formations paramédicales sur le site Nord de la Faculté des sciences médicales et paramédicales, à Marseille regroupera trois IFSI et des formations paramédicales.

Concernant le bien-être des étudiants, la région veut envoyer un signal fort avec la Construction de la cité internationale d'excellence, soit 300 logements sur le site de Marseille Saint-Charles. Elle devrait être opérationnelle en août 2025.

Mettez-vous en place des dispositifs ou aides financières pour attirer les établissements du supérieur ? Lesquels ?

La région consacre des moyens importants pour soutenir les établissements et rendre attractive l'offre de formation. Au titre des CPER, la région soutient les établissements pour la réalisation des projets immobiliers : rénovation ou construction de campus.

De nombreux dispositifs soutiennent les établissements notamment auprès des jeunes docteurs innovants, de l'entrepreneuriat étudiant ou à travers les Cordées de la réussite.

La région organise aussi une étude pour définir une stratégie de développement de places en écoles d'ingénieurs à l'échelle du territoire dans le cadre de sa politique d'attractivité des talents.

Les établissements de l'enseignement supérieur représentent-ils, pour votre région, un outil d'aménagement du territoire ? Avez-vous un exemple précis et récent ?

L'ouverture d'antennes, de campus ou de logements favorisent l'accès à l'enseignement supérieur et contribuent à désengorger les premiers cycles des grandes villes.

C'est le cas pour le campus de la Dracénie, en lien avec l'université de Toulon ou encore le développement du site de Mines ParisTech à Sophia-Antipolis. Notre soutien à ces écoles prestigieuses entre en résonnance avec les priorités régionales. On peut citer aussi le campus de Sciences po Paris à Menton.

Les projets d'antennes s'intègrent dans nos outils d'aménagement du territoire. Ils sont un moyen de soutenir la consommation et la vie économique locale et par la suite, de favoriser l'installation des étudiants. La région place cet objectif dans ses priorités, notamment dans le domaine de la santé.

La région œuvre à rapprocher l'enseignement supérieur des territoires les plus isolés, c'est le cas avec nos 11 campus connectés ou encore, avec la construction de logements aux abords des facultés isolées des centres villes. La région a, par exemple, été le principal financeur de la résidence de la Pauliane, à Aix-en-Provence.

Quelles sont les retombées économiques des acteurs du supérieur et de la recherche pour les villes et les territoires ?

Les retombées économiques sont significatives pour la région. 33.924 personnels de recherche sont présents, dont 23.611 chercheurs publics et privés. Annuellement, cela représente environ 3,5 milliards d'euros !

Les quatre grandes universités de la région totalisent 12.814 emplois directs. À elle seule, Aix-Marseille université représente 7.993 emplois directs et environ 42.000 emplois indirects.

Le territoire profite de ces retombées tant en termes de dynamique d'innovation - nos universités répondent à des appels à projets innovants et les remportent ! - qu'en termes d'attractivité ou de rayonnement. Ainsi, l'université Côté d'Azur accueille près de 1.000 étudiants internationaux et fait notamment partie de l'alliance européenne Ulysseus.

Nous mettons tout en œuvre pour que les jeunes se sentent bien en Région Sud, ce petit pays exceptionnel. Tournée vers l'Europe et l'international, la région est là pour les accompagner du lycée jusqu'à leur premier emploi.

Notre série : les enjeux de l'enseignement supérieur dans le territoires, vus par les présidents de région

Pour comprendre les enjeux de chaque territoire, Educpros vous propose une série d'interviews des présidents de région.

À tous, nous avons posé les mêmes questions, pour pouvoir saisir les spécificités de leur région, et permettre également de comparer les situations.

Vous pouvez également consulter les interviews de :

Agnès Millet | Publié le