Écoles hôtelières : étudier à l’étranger vaut-il le coût ?
Si les écoles hôtelières françaises ont très bonne presse, certains d’entre vous font le choix de faire leurs études à l’étranger. Un pari qui peut se révéler gagnant tant sur le plan professionnel que personnel.
Dépaysement, multilinguisme, ouverture culturelle, carrière internationale… les écoles hôtelières étrangères ne manquent pas d’arguments pour attirer des étudiants français qui, comme Joachim, 22 ans, sont désireux de rompre avec la routine, tout en profitant d’un environnement cosmopolite. “Après la terminale, je voulais marquer une coupure entre mon rythme parisien et les études supérieures. La Belgique m’a attiré pour sa dimension internationale et sa situation proche de la France”, reconnaît l’étudiant qui achève sa troisième année de Bachelor in International Hotel Management à Vatel Bruxelles.
Même envie d'ailleurs pour Tom, 24 ans, diplômé du Cesar Ritz College, qui voulait “éviter ce côté enfermé français”. Pour ce globe-trotteur, impossible d’envisager de faire des études dans l'hôtellerie-restauration sans s’immerger dans d’autres cultures. “J’ai beaucoup voyagé étant jeune, et j’avais envie de rencontrer des étudiants étrangers, de découvrir d’autres façons de travailler”, raconte le jeune homme désormais à la tête d’un restaurant semi-gastronomique dans le sud de la France.
La Suisse, chouchoute des Français
Parmi les destinations de prédilection des Français, les pays limitrophes ont la cote. En particulier la Suisse, où ils arrivent premiers toutes nationalités confondues. À titre d'exemple, à l’institut Glion, les Français représentent 17 % des effectifs, alors que l'école n'accueille généralement pas plus de 10 % d'élèves par nationalité. "L’école a toujours attiré plus d’étudiants français. Sans doute car nous avons des bureaux à Paris où les jeunes peuvent venir glaner des informations sur la formation à l'international et découvrir ce que nous proposons. De plus, c’est assez simple, côté démarches administratives, pour un étudiant originaire de l'Hexagone de s'expatrier en Suisse", explique Fabienne Rollandin, directrice des relations extérieures de l’institut Glion.
Au-delà de leur réputation hors-pair, les écoles hôtelières helvétiques sont plébiscitées pour leur modèle pédagogique qui laisse une large place à la pratique. "Outre les 20 semaines d’apprentissage dans notre restaurant d’application, les étudiants doivent réaliser deux stages au cours de leur cursus de trois ans et demi. Résultat, à la fin de leur cursus, ils ont déjà un an d’expérience", constate la responsable des relations extérieures.
Mieux vaut avoir la bougeotte
Les groupes comme Vatel, Les Roches ou Swiss Education Group possèdent des antennes un peu partout sur la planète. C’est d’autant plus facile pour leurs étudiants de décrocher des stages à l’étranger. "Les Roches proposent un programme global avec un circuit comprenant plusieurs étapes de six mois en Suisse, en Chine et en Espagne. L’organisation des voyages fait partie des frais de scolarité et les entreprises viennent directement nous rencontrer à l’école", décrit Romane, 22 ans, en troisième année du Bachelor of Business Administration in International Hotel Management de cette école.
De son côté, Joachim est parti pendant quatre mois et demi en Irlande et six mois à Chypre, avant de revenir à Bruxelles pour poursuivre son cursus. Des expériences qui l’ont enrichi tant professionnellement que personnellement, mais qui peuvent ne pas convenir à tout le monde : "Il faut avoir la bougeotte pour entreprendre ce type d’études. Pendant trois ans, on change souvent de lieu de vie, et cela peut être oppressant pour ceux qui n’ont pas l’habitude", prévient-il.
Do you speak english ?
Que vous projetiez d’exercer derrière les fourneaux d’un restaurant étoilé ou à la tête d’un hôtel, avoir un bon niveau d’anglais est fortement conseillé. Or, en France, toutes les écoles ne proposent pas de cursus en anglais, alors qu’il suffit de franchir nos frontières pour se retrouver plongé dans un univers 100 % anglophone. "Tous nos cursus sont enseignés en anglais. De sorte que, à la sortie de leurs études, les diplômés n’ont plus aucun problème pour s’exprimer dans la langue de Shakespeare", observe Fabienne Rollandin.
De ses différents séjours en Suisse, en Espagne et en Chine, Romane est, quant à elle, revenue trilingue, et possède même quelques notions de mandarin. Elle sait déjà qu'elle n'aura aucun mal à décrocher un emploi aux quatre coins du monde. “Dans notre société actuelle, avoir trois langues, c’est un gros bonus", abonde-t-elle.
Des études à un certain prix
Aussi attrayantes soient-elles, ces écoles hôtelières ne sont pas accessibles à toutes les bourses, surtout en Suisse où les frais de scolarité peuvent atteindre des sommets, parfois plusieurs dizaines de milliers d'euros. “Sans l’aide de mes parents, je n’aurais jamais pu financer mes études”, avoue Joanna, en prépa du MBA à Vatel Tunis. D’autant que, à l’exception de certaines écoles hôtelières helvétiques dont les tarifs incluent également le gîte et le couvert, il faut à nouveau mettre la main à la poche pour se loger et se nourrir sur place. Certains réussissent cependant à s'en sortir en faisant des extras dans un restaurant ou un hôtel. "En Belgique, il est possible de travailler tout en étant étudiant, indique-t-il. C'est autant d'argent que je ne vais pas réclamer à mes parents." Consciente de sa chance, Joanna savoure le privilège de faire des études qui, elle en est sûre, la “feront grandir et se découvrir elle-même”.