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Au cœur de l’école Oniris : chez les futurs vétos

Le centre de soins pour les animaux sauvages a été créé, en 1985, par les étudiants vétérinaires.
Le centre de soins pour les animaux sauvages a été créé, en 1985, par les étudiants vétérinaires. © Martial Ruaud
Par Dominique Perez, publié le 07 avril 2015
1 min

En 2010 naît Oniris, constituée de l'école nationale vétérinaire de Nantes et de l'école d'ingénieurs agronomes voisine. Forte de ces deux cursus, située sur deux sites distincts, elle compte désormais 1.200 élèves. Entre cadre bucolique et technologies de pointe, reportage au sein de la formation vétérinaire.

Située à la campagne, juste après les portes de la ville, le pôle vétérinaire de l'"École nationale vétérinaire, agroalimentaire et de ­l'alimentation de Nantes-Atlantique" s'étend dans un univers quasi champêtre, avec étables, boxes et prairies voisinant avec les grands arbres du parc de la Chantrerie. Pourtant, dès qu'on y entre, par le grand hall lumineux à la charpente apparente, l'ambiance y est plus médicale qu'agricole. Les blouses blanches semblent être la tenue ordinaire des étudiants et des enseignants qui passent, en petits groupes, l'air affairé. En obtenant, sur concours, leur ticket d'entrée dans l'une des quatre écoles vétérinaires françaises, les quelque 120 étudiants en "véto" (dont 80 % de filles) admis chaque année à Nantes comprennent vite que leur avenir professionnel ne se déclinera pas selon un schéma unique au cours de leurs cinq années d'études.
 

Le centre de soins pour les animaux sauvages recueille et soigne des animaux en détresse en vue de leur réintroduction dans leur milieu naturel.

De vrais patients à soigner


C'est ce que Thomas, étudiant en deuxième année, confirme : "Je ne me rendais pas compte que le métier était aussi diversifié. Quand on parle de médecine vétérinaire, on pense aux soins pour les chiens et les chats, mais on oublie le côté épidémio­logique et santé publique, l'alimentation… Ce sont des éléments qui demeurent un peu dans l'ombre." Les étudiants vont s'initier à tous les aspects du métier, dans un cursus essentiellement théorique les trois premières années, avant de choisir leur spécialisation à la fin de la quatrième année. Celle-ci est alors consacrée entièrement aux activités cliniques, mais, dès la première année, les étudiants sont plongés dans la réalité concrète de ce monde animal dont ils ont rêvé. En parcourant les unités de soins, d'accueil et de recherche, réparties sur le site, on croise de vrais "patients" à quatre ou à deux pattes… Chaque année, 28.000 animaux sont traités à l'école, au sein de son centre hospitalier universitaire vétérinaire, qui compte tous les pôles d'excellence de la profession, de la vaccination à la chirurgie en passant par l'imagerie médicale ou la cancérologie.

Animaux de compagnie, équidés, animaux d'élevage, animaux dits d'espèces "inhabituelles" (oiseaux, reptiles…), faune sauvage… chaque espèce a ses spécificités cliniques, qui représentent autant de choix d'avenir professionnel. Ainsi, pour Caroline, étudiante en troisième année au parcours atypique (bac L, diplômée d'une école d'ingénieurs en agronomie avant d'intégrer l'école vétérinaire de Nantes via le concours B), le choix est clair : elle veut travailler au contact des exploitations agricoles, avec les animaux d'élevage. "Mon projet est d'exercer dans le domaine rural. J'ai toujours souhaité être vétérinaire, je voulais pouvoir prescrire mais, ce qui me passionne, c'est le conseil aux éleveurs, sur la santé, la gestion de l'exploitation." Elle devra pourtant faire ses armes, comme tous les étudiants, au contact d'une clientèle de particuliers venus avec leur animal de compagnie.
 

Au sein du CHU (centre hospitalier universitaire) vétérinaire, les étudiants découvrent toutes les spécialités au cours de consultations : dermatologie, chirurgie-anesthésiologie, pathologie de la reproduction, ostéopathie…

Des comédiens pour gérer le stress


Jouxtant le service de médecine préventive, une salle de consultation avec micro et miroir sans tain : chaque mois, des comédiens de la Ligue d'improvisation viennent jouer des clients avec lesquels les étudiants de troisième année devront apprendre à communiquer. Situations de stress, voire d'agressivité, animal décédé… L'autre côté du miroir donne sur un amphi où les étudiants peuvent observer les saynètes, puis discuter de la gestion des imprévus. Ils auront toute latitude pour mettre à profit ces enseignements en effectuant des gardes au service des urgences de l'école, pendant lesquelles ils se confronteront aux accidents de la vie des animaux de compagnie : chats dits "parachutes", victimes de chutes, ingestion de jouets ou de lacets… des situations parfois difficiles qui exigent une grande maîtrise de soi.

D'autres cas cliniquement critiques nécessitent, eux, un entraînement sur une "matière" plus théorique. L'école s'est ainsi équipée récemment d'un matériel de pointe, entre autres dans le but louable de limiter l'expérimentation animale. Dans la salle flambant neuf de "Virtual Critical Care", le petit Mongwaï, intubé, attend sur une table, patiemment. Il s'agit d'un baigneur recouvert d'une peluche à tête de chien. Relié à un équipement informatique, monitoré, il permet aux étudiants d'adapter leurs gestes en fonction des situations d'urgence qu'un opérateur lui fait subir.
 

Les étudiants effectuent, au cours de leur cursus, des gardes au service des urgences, ouvert 24 heures sur 24. L’école les prépare à la gestion du stress et de la relation avec les maîtres, en compagnie de comédiens de la Ligue d’improvisation.

Un secret professionnel bien gardé

Mais, dans le monde réel, l'erreur médicale ne pardonne pas. Et justement, à quelques encablures de la salle, on soigne les chevaux. Des chevaux de course, notamment, dont la valeur et les propriétaires ne permettent pas une trop grande curiosité… Guillaume, interne, accueille un animal en souffrance et évoque le "secret professionnel" qui l'empêche de préciser le nom de l'animal et son mal. Passionné depuis toujours par le monde des chevaux, Guillaume, Normand d'origine, a décidé d'aller jusqu'au bout : après son DEFV (diplôme d'études fondamentales vétérinaires), à la suite d'une thèse de doctorat d'exercice dans le domaine équin, il a choisi d'approfondir ses études avec une sixième année d'internat. "On est au premier plan sur les actes techniques, comme la péridurale par exemple. En internat, on est davantage intégré sur les protocoles de soins", explique-t-il. Du traitement des blessures au poulinage en passant par la reproduction, la castration et les actes chirurgicaux, la palette des interventions est large.
 

Les élèves apprennent aussi à soigner les animaux domestiques accidentés ou malades. Ici, un chien passe un examen pour détecter une éventuelle tumeur.

Une ambiance familiale et relaxante

À la pause de midi, c'est une tout autre atmos­phère : en entrant dans le "foyer", on sent que les moments de détente sont sacrés. "Les études demandent une grande concentration et nous donnons beaucoup de nous-mêmes, assure Thomas. Il faut se remettre en question constamment et on voit aussi des choses horribles, des animaux mal en point… On a besoin de se vider la tête." Bar tenu par les étudiants, canapés de relaxation, jeux de cartes et brouhaha joyeux… Enthousiastes quant à leur formation, les étudiants le sont tout autant concernant l'ambiance de l'école. "Ce fut une grande surprise pour moi, témoigne Caroline, il y a une vraie cohésion, on se sent tout de suite bien intégré, tout le monde se connaît d'emblée…" Les prétextes pour se retrouver sont légion, non seulement entre étudiants vétérinaires, notamment dans les nombreux clubs de l'école, mais aussi avec les étudiants d'écoles voisines, comme à l'occasion du festival de musique Chantrival, organisé chaque année.  Décompresser, c'est une nécessité !
 

Les études à Oniris
Oniris regroupe l'ex-ENITIAA (École nationale d'ingénieurs des techniques des industries agricoles et alimentaires) et l'école vétérinaire, situées sur deux sites distincts géographiquement. Il n'y a pas de passerelles à proprement parler entre les deux cursus, mais il existe des ponts par le biais de la recherche en santé et en alimentation, notamment avec la création d'un pôle en biotechnologies de la santé, nouvelle spécialité pour les ingénieurs désirant s'orienter vers l'industrie pharmaceutique.

Cursus vétérinaire (site de la Chantrerie)
• Les étudiants sont sélectionnés par des concours communs aux quatre écoles nationales vétérinaires. 80 % des admis viennent du concours A (un des concours communs), après une classe prépa BCPST (biologie, chimie, physique et sciences de la Terre) ou TB (technologie-biologie), les autres passent par des concours d'admissions parallèles après bac+2, 3 ou 4. Les études durent cinq ans : quatre ans pour obtenir le DEFV (diplôme d'études fondamentales vétérinaires), qui correspond au master ; la cinquième année, dite "d'approfondissement", conduit au grade de docteur vétérinaire.

Cursus ingénieur (site de la Géraudière)
• Les études durent trois ans, l'accès se fait sur concours, après une prépa, une L2, un BTS-BTSA (brevet de technicien supérieur-brevet de technicien supérieur agricole) ou un DUT (diplôme universitaire de technologie). Deux filières sont proposées : alimentation-agroalimentaire (sous statut étudiant ou en alternance) et biotechnologies de la santé.

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- Le métier de vétérinaire en fiche.
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- Études de vétérinaire : salaires élevés à la sortie.
- Vétérinaire : un métier qui va du contrôle qualité à l'industrie agroalimentaire ou pharmaceutique.

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