Interview

Alain Joyeux (APHEC) : "L’intégration est plus difficile pour les étudiants en première année de prépa"

Adobe Stock
Pour Alain Joyeux, avec les contraintes liées au Covid, il faut raisonner "classe par classe pour voir comment ajuster entre le présentiel et le distanciel". © Adobec Stock/Robert Kneschke
Par Dahvia Ouadia, publié le 02 octobre 2020
4 min

Le président de l’association des professeurs des classes préparatoires économiques et commerciales, évoque les spécificités de cette rentrée 2020. Après plusieurs mois sans cours en présentiel, les élèves sont motivés mais l'intégration en prépa n'est pas facile.

Les élèves des prépa économiques et commerciales sont rentrés il y a quelques semaines maintenant. Quel premier bilan tirez-vous ?

Les étudiants, comme les professeurs, sont contents de se retrouver physiquement. L’intégration est plus difficile pour les "première année" parce qu’on ne les connaît pas encore. Avec les masques, on ne voit que leurs yeux et on perd énormément dans l’échange et dans l’expression.

L’intégration est aussi plus difficile parce que nous n’avons pas pu organiser cette année les traditionnelles fêtes de parrainage entre les "première" et les "deuxième année". La synergie entre les promotions des deux années de prépa risque d’être plus difficile. Enfin, on constate déjà que c’est plus difficile pour les étudiants qui arrivent de l’étranger ou d’Outre-mer car ils ne connaissent personnes. Beaucoup nous font part de leur sentiment de solitude, c’est notre devoir de les accompagner rapidement.

L'ensemble des élèves n’ont pas eu cours depuis mars dernier. Comment faites-vous pour "raccrocher les wagons" ?

Certes les élèves, surtout en première année, ont perdu l’habitude de se lever de bonne heure, de travailler tous les jours, mais petit à petit tout rentre dans l’ordre. Question rattrapage pédagogique, nous proposons des khôlles adaptées à chaque étudiant. Certains vont avoir des khôlles de méthodologie, pour d’autres nous travaillons sur des notions de rappel… L’objectif c’est de ne pas les effrayer. On est là pour les accompagner et être plus efficace.

Pour les "deuxième année", c’est plus compliqué. Il n’y aura pas cette année de réduction des programmes en vue du concours. Les prépa sont et restent des lieux d’excellence académique donc nous devons maintenir le niveau. En revanche, si nous venions à être reconfinés, nous devrions rediscuter avec les écoles de commerce pour ajuster des choses.

Aujourd’hui, comment les choses s’organisent dans les établissements ? Tous les élèves sont-ils en présentiel ?

Pour l’instant, et on espère que cela va durer, les cours et les khôlles ont lieu en présentiel. Pour les étudiants qui sont sous suspicion de Covid, les cours se poursuivent en numérique.

Pour les quelques classes qui ont dû fermer leurs portes, les professeurs s’organisent à travers les plateformes numériques qui existent, comme pendant le confinement. Aujourd’hui, nous sommes davantage rodés, nous avons pu voir ce qui fonctionnait ou non, je pense qu’on est prêts à basculer quasi tout de suite en distanciel. Et si la situation s’aggrave, nous procéderons à des adaptations.

Si les lycées doivent passer à un enseignement hybride, avec du distanciel et du présentiel, les prépas vont-elles privilégier certains niveaux par rapport à d’autres ?

Chaque lycée va procéder à des choix classe par classe. La première année est stratégique avec un enseignement de transition entre le secondaire et le supérieur. Mais pour les "deuxième année", il y a l’échéance du concours qui demande beaucoup de travail. Nous raisonnons donc classe par classe pour voir comment ajuster entre le présentiel et le distanciel.

Dans certains cas, des lycées ont pu voir des salles de cours équipées pour de l’hybride. Mais comme ce sont les régions qui commandent le matériel, tout cela demande du temps, de la formation pour les utilisateurs et des moyens que tous les lycées n’ont pas.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !