Enquête

Préparer les concours d’écoles de commerce à distance : entre incertitudes et organisation

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Entre le report des écrits et l'annulation des oraux, les étudiants de prépa EC ont vécu un confinement compliqué. Difficile de se concentrer sur les révisions ! © DEEPOL by plainpicture
Par Dahvia Ouadia, publié le 14 mai 2020
6 min

Alors que le déconfinement s’amorce en France, les étudiants de deuxième année de CPGE préparent les concours d’accès aux grandes écoles de commerce dans des conditions particulières. Depuis la mi-mars et l’annonce du confinement, entre les cours à distance, les révisions, le report des concours et l’annulation des oraux… ils doivent faire face à de nombreuses incertitudes, tout en gardant le cap.

Loin des salles de classe, les élèves de prépa s’attèlent aux révisions pour réussir les concours d’accès aux écoles de commerce. Les professeurs proposent des cours à distance, mais c’est la débrouille qui prévaut.

Assurer la continuité pédagogique coûte que coûte

"La première chose à dire, c’est que rien n’était prêt. Nous avons eu 24 heures pour nous retourner et nous avons dû faire avec les moyens du bord. J’ai tenté de prendre en main "Ma classe à la maison" proposée par le Cned, mais sans succès. J’ai donc finalement opté pour la plateforme Zoom", indique Christine Pires, professeure d’espagnol en CPGE à Orléans.

Thibault, étudiant en deuxième année de CPGE ECS, résume l’organisation bancale : "nous avons continué quelques cours en visio, notamment en maths pour finir le programme. Pour les autres matières, nous avons reçu des cours tapés à l’ordinateur".

Mais dans tous les cas, les étudiants en deuxième année de prépa arrivaient au bout de leurs programmes : les concours BCE et Ecricome étaient initialement prévus en avril 2020 avant d’être repoussés à fin juin-début juillet. "Il ne nous restait pas grand-chose à faire dans le programme. Depuis, nous faisons beaucoup d’exercices et d'entraînements. Nous nous préparions aussi aux oraux, mais ils ont été annulés", ajoute l’étudiant.

D’autres établissements sont parvenus à s’organiser collectivement pour conserver le lien : "Dès l’annonce du confinement, j’ai organisé une réunion avec mes collègues en tant que coordinateur de la classe. Je me suis immédiatement mis à utiliser "Ma classe à la maison" avec mes premières et deuxièmes années de prépa", explique Jean-Louis Chauve, professeur en CPGE ECT, à Lyon. Son objectif ? Faire en sorte que l’ensemble de l’équipe pédagogique suive le mouvement de la classe en ligne et que l’emploi du temps des étudiants soit maintenu.

Cette continuité pédagogique est nécessaire pour certains élèves. Jahed, étudiant en deuxième année de classe préparatoire ECT, estime qu’il est tout de même compliqué de suivre les cours en ligne, mais le fait que les professeurs donnent du travail et s’investissent auprès des élèves étaient un moteur pour travailler.

Préparer les écrits, un marathon qui n'en finit pas

L’incertitude autour des concours qui a prévalu a été un moment d’angoisse pour les étudiants. "Au début, nous n’avions pas d’information, c’était difficile pour les étudiants que nous avons dû rassurer et accompagner sans avoir d’éclairage sur les dates futures", explique Jean-Louis Chauve. Quand elles ont été annoncées, en revanche, les étudiants se sont sentis soulagés.

L’annulation des oraux a aussi été facteur de stress pour les étudiants. "Certains étudiants ont très mal pris la suppression des oraux. Pour certains élèves, moins académiques, l’oral est un moyen d’obtenir des points et donc des écoles", analyse Jean-Louis Chauve.

Avec le temps dégagé par la suppression des oraux et le décalage des écrits, les étudiants ont pu profiter de l’occasion pour réviser certains champs et améliorer d’autres. Les étudiants en deuxième année de prépa ne retourneront pas au lycée avant les concours, quoi qu’il arrive, ils termineront leurs révisions à distance.

Conserver un rythme et les relations sociales à distance

Christine Pires conseille aux étudiants un peu angoissés par cette période "de faire des plannings précis et rigoureux" : "ils doivent se lever à une heure raisonnable, préparer un planning de révision pour garder un rythme proche de la normalité".

Pour Jahed, toute la difficulté est là : "je suis soulagé d’avoir enfin les dates des concours, mais elles sont assez lointaines, donc je révise moins. J’avais mis en place un planning au début du confinement, mais j’ai du mal à le suivre. J’essaie de travailler les matières où j’ai plus de mal, ce n’est pas évident de se motiver. Je sais que j’aurai une école mais j’ai peur de ne pas avoir celle que je mérite."

Même inquiétude pour Léa, étudiante dans la même prépa : "j’ai du mal à travailler sans BU et chez moi il y a beaucoup de distractions. Je suis contente que les écrits aient été reportés car je n’étais pas prête, mais je sais que cela va être dur de tenir toutes ces semaines en plus."

D’autres étudiants misent aussi sur le travail en petit groupe, même à distance. Thibault communique avec sa classe via Messenger. Cet échange avec les pairs est également précieux pour Samuel, aussi étudiant en prépa ECS, qui a créé avec ses proches amis de la prépa un groupe WhatsApp, en plus du groupe Messenger global de sa classe. "Ce groupe a été créé pour nous entraider en maths. Nous organisons aussi des temps de travail collectif, de repos collectif, on garde un rythme commun. On n’a jamais été autant soudés que depuis que nous sommes à distance."

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