Le jeudi 7 novembre 2019 se tient la cinquième journée nationale de lutte contre le harcèlement scolaire. Malgré les actions déjà mises en place, un élève sur dix en est toujours victime. Les associations ont donc décidé d’agir sur un nouveau terrain et de miser sur la sensibilisation des adultes.
Chaque année, vous êtes environ 700.000 à subir du harcèlement scolaire. En juillet dernier, le ministre de l’Éducation nationale annonçait dix nouvelles mesures, parmi lesquelles la formation de l’ensemble des acteurs à la prévention. Des dispositions auxquelles plusieurs associations font écho, puisqu’elles réfléchissent à de nouvelles méthodes de sensibilisation, notamment auprès des adultes.
Sensibiliser le personnel scolaire
Qu’il s’agisse d’associations de parents d’élèves ou d’élèves, une tendance se dégage : les adultes, parents, enseignants, encadrants (chauffeurs de car, employés de cantine…), doivent reconnaître les signes de harcèlement scolaire.
"Il faut que les municipalités forment leurs employés car ce sont eux qui gèrent, entre autres, la cantine et que le harcèlement ne s’arrête pas entre midi et deux", explique un porte-parole de la PEEP (Fédération des parents d’élèves de l’enseignement public). Pour réaliser un premier état des lieux, l’association veut faire passer un questionnaire auprès de ces fonctionnaires afin de connaître leur comportement face à des situations de harcèlement scolaire.
Il en va de même pour le CESER (Conseil économique, social et environnemental régional), qui a été mandaté par le conseil régional d’Auvergne-Rhône-Alpes pour trouver de nouveaux dispositifs de lutte. Parmi leurs préconisations : former les chauffeurs de cars aux problématiques des violences scolaires.
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Une formation pour les professionnels hors du scolaire
L’association HUGO !, spécialisée dans la lutte contre le harcèlement scolaire, proposera, elle, bientôt un programme de formation auprès des professionnels, mais pas uniquement ceux du domaine scolaire. Les travailleurs de la santé et du droit seront formés à la détection, la prévention et l’accompagnement de jeunes en situation de harcèlement.
"Aujourd’hui, beaucoup de plaintes sont refusées. Or la justice est essentielle dans le cadre de la reconstruction d’un jeune", explique Hugo Martinez, président de l’association. Ces formations seront assurées à partir de 2020, avec l’appui d’une psychologue de l’enfance et de l’adolescence.
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Les adultes aussi participent au harcèlement
À côté de ces actions, l’UNAAPE (Union nationale des associations autonomes de parents d’élèves) préconise, quant à elle, d’agir directement à la maison, en surveillant la vie privée des enfants, notamment sur Internet. "Le plus dur, ce n’est pas de faire comprendre les choses aux enfants, mais aux parents ! Et le cyberharcèlement est tout aussi dangereux", confie Patrick Salaün, président de l'association.
Cependant, il arrive que le mal-être ne soit pas provoqué par des élèves, mais par des adultes. "Parfois, les employés participent aussi au harcèlement scolaire. Il est donc nécessaire qu’ils soient formés", affirme Mathieu Devlaminck, vice-président de l’UNL (Union nationale lycéenne). Le porte-parole de la PEEP confirme : "En pensant qu'ils ne sont pas là pour être bienveillants, nous avons eu des cas d'enseignants qui empiraient parfois la situation des harcelés."
Les élèves, ambassadeurs contre le harcèlement scolaire
Pour les jeunes, le temps n’est plus à la sensibilisation, mais à l’action. Depuis 2015, 5.000 Jade (Jeunes ambassadeurs des droits auprès des enfants) ont été enregistrés par le ministère de l’Éducation nationale. Des délégués plébiscités par les associations pour agir au cœur des choses. Tous les élèves peuvent prétendre le devenir, mais il faut suivre une formation d’une journée.
Pour l’UNL, la priorité est d’agir avec des personnes du même âge que leurs adhérents. Des ateliers sont mis en place avec leurs adhérents pour leur campagne de prévention annuelle. "Pendant 2 heures, on se met en ronde et on discute de différentes situations de harcèlement. Il n’y a aucun rapport d’autorité, on est entre lycéens", explique Mathieu Devlaminck. "Ça nous permet aussi de détecter d’éventuels cas de harcèlement", complète-t-il.