Actu

Les charges des logements Crous augmenteront jusqu’à 3,5% à la rentrée

Le logement est le principal poste de dépenses des étudiants.
Le logement est le principal poste de dépenses des étudiants. © Stephane AUDRAS/REA
Par Léa Fournier, publié le 26 juin 2023
5 min

La mesure, qui découle de l’augmentation du coût de l’électricité et du gaz, n’est pas du goût des syndicats étudiants, confrontés à un nouveau surcoût.

Depuis 2019, les loyers des logements étudiants du Crous sont gelés et n’ont pas subi d’augmentation. Il en va de même cette année… Sauf que les charges, elles, vont être revues à la hausse.

Une hausse de un à cinq euros

Face à l’augmentation du prix de l’énergie (électricité, gaz…), les Crous de toute la France pourraient bien voir, indirectement, leurs loyers croître. Le ministère de l’Enseignement supérieur souhaite en effet qu’il y ait une hausse des charges, plafonnée à 3,5%.

"Cette hausse représente, selon les résidences Crous, une augmentation des charges de un à cinq euros pour les étudiants", d’après le service communication du ministère de l’Enseignement supérieur. Le Cnous (Centre national des œuvres universitaires et scolaires), qui pilote le réseau des Crous, affirme qu’il n’y a "pas d’autres solutions".

"Les coûts liés à la connexion Internet sont en hausse de 4,6%, l’électricité et le gaz ont augmenté d’au moins 15%, l’eau est plus chère aussi. Les dépenses se sont accrues de manière très significative", explique le service communication du Cnous.

Or, contrairement à l’activité de restauration des Crous (qui leur permet d’offrir des repas à tarif social), "l’activité d’hébergement, elle, n’est pas subventionnée". Résultat, les augmentations de charges se répercutent forcément sur les locataires.

Vers une augmentation de la précarité étudiante

Chaque Crous va donc soumettre cette hausse au vote de son conseil d’administration. L’augmentation des charges sera ainsi différente d’un Crous à l’autre. Les syndicats étudiants s’indignent de cette hausse.

"Nos syndicats s’y opposent dans tous les conseils administratifs, précise Eléonore Schmitt, porte-parole de l’Union étudiante. Mais les étudiants ne sont pas majoritaires dans les conseils d’administration des Crous."

L’Union étudiante ne veut "pas se laisser faire". Et pour cause : "Le logement, c’est la principale dépense des étudiants, c’est ce qui pèse le plus sur le portefeuille". Résultat, "même une petite hausse de 1%, ça représente cinq euros de charges en plus pour un étudiant au Crous de Strasbourg par exemple, affirme Eléonore Schmitt. Cinq euros, c’est un repas. Ce n’est pas rien, quand on sait que des étudiants ne mangent pas à leur faim et sautent des repas".

56% des étudiants ne mangeraient en effet pas à leur faim, d’après une étude de l'association COP1-Solidarités étudiantes, publiée en octobre 2022.

Un risque d'échec ou d'abandon

Du côté de la Fage (Fédération des associations générales étudiantes), l’annonce de la hausse des charges est aussi une déception. Felix Sosso, porte-parole de la fédération, craint que ce nouveau surcoût "pousse les étudiants à se salarier de manière contrainte, en allant bosser à McDo ou à Carrefour par exemple".

Une mauvaise nouvelle : "Leur salariat va les contraindre à rogner sur leur temps de travail et leurs loisirs. Ce qui mènera à des échecs scolaires, des réorientations ou des abandons".

Le jeune homme rappelle par ailleurs que les étudiants s’apprêtent déjà à subir une hausse de 5.2 % du montant de la CVEC (Contribution à la vie étudiante et de campus), qui atteindra ainsi 100 euros dès la rentrée 2023. "On attend de voir quelles mesures seront prises concernant la précarité étudiante… Sinon, il y aura toujours moyen de se mobiliser à la rentrée", assure-t-il.

Une hausse compensée par l’augmentation des bourses ?

De son côté, le ministère de l’Enseignement supérieur se veut rassurant, rappelant que les APL (aides personnelles au logement) ont été revalorisées de 1,6% en avril dernier. Surtout, il insiste sur les mesures annoncées en mars concernant les bourses, supposées compenser en partie la hausse des charges du Crous.

En effet, "35.000 étudiants supplémentaires seront boursiers à la rentrée prochaine et 140.000 boursiers vont basculer à l'échelon de bourse supérieur". Cette augmentation du nombre d’étudiants boursiers est cependant à relativiser, puisque leur nombre était en baisse de 3,9% pour l'année universitaire 2021-2022 : 720.000 étudiants étaient boursiers, contre 750.000 en 2020-2021 – donc 30.000 de moins. 

Le ministère de l’Enseignement supérieur a également annoncé une augmentation du montant des bourses, de minimum 37 euros par mois, et même de 67 euros pour les étudiants en Outre-mer. Ces mesures, "les étudiants n’en ont pas encore l’effet matériel entre les mains, mais ils en bénéficieront dès le mois d’août", précise le ministère.

Pour Félix Sosso, de la Fage, l’augmentation des bourses est "intéressante pour ceux qui sont déjà dans le système de bourses". Mais elle ne suffira pas à compenser la hausse des charges des logements Crous pour "ceux qui ne peuvent pas bénéficier du système de bourse", qui sont pourtant "ceux qu’on voit le plus dans les distributions alimentaires". 

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !