Portrait

Malcolm, lycéen en section sportive : "Le foot me pousse à réussir ma vie !"

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Malcolm, 17 ans, est en première STI2D au lycée Édouard-Branly à Créteil (94). © Bertrand Desprez pour l'Etudiant
Par Maria Poblete, publié le 24 mai 2018
9 min

Malcolm, élève en première STI2D (sciences et technologies de l’industrie et du développement durable), s’éclate en section sportive. Son cursus lui permet d’assouvir sa passion du football en conciliant études et sport.

Dans ma famille, nous sommes tous sportifs, mon père, mon frère. J’ai commencé à jouer au football à l’âge de 4 ans. Depuis, ma passion ne s’est jamais éteinte, bien au contraire ! À l’école primaire et au collège, je m’entraînais tous les jours. Mon père est devenu mon coach personnel. Je progressais rapidement, je crois, et surtout je ne pensais qu’à ça. Le foot était devenu ma préoccupation numéro 1 et le centre de ma vie.

Puis en classe de quatrième, un drame est arrivé. Je me suis blessé. J’ai eu une luxation de la rotule, avec un plâtre de la cheville jusqu’au haut de la cuisse pendant cinq mois. Ensuite, il m’a fallu des dizaines de séances de kiné…

Sans toucher un ballon, c’était horrible. D’abord dans ma tête ça n’allait pas bien. Ne pas pouvoir jouer me rendait agressif et j’ai eu beaucoup de mal à dépasser ce mal-être. J’avais perdu pas mal de mes capacités, puisque j’avais cessé de m’entraîner pendant un an. Mon niveau scolaire a commencé à chuter. J’étais déprimé et frustré. Je regardais mes amis jouer et j’étais malheureux.

En troisième, j’ai voulu postuler à la section sportive du lycée et ça n’a pas été possible. Mes notes avaient un peu remonté mais les appréciations sur les bulletins étaient sans appel : bavardages, indiscipline, agressivité envers les enseignants.

"Le niveau sportif ne suffit pas, il faut avoir aussi d’excellents résultats"

Alors, comme je voulais vraiment rentrer dans cette section football en seconde, j’ai demandé le redoublement de ma troisième pour mettre toutes les chances de mon côté. Et ça a marché ! Mais le niveau sportif ne suffit pas. Il faut aussi avoir d’excellents résultats scolaires et des appréciations correctes. C’est normal. J’ai donc passé les premières sélections, on les appelle les "détections au foot" : ce sont des tests sur terrain. Les deux coachs de la section nous regardent. Au départ, on était 40, puis au fur et à mesure des tours, des joueurs sont éliminés. À la première étape, j’étais très stressé ! Ensuite, ça allait, je voulais y arriver, j’ai tout donné.

Vie de Lycéen_football_Malcom_Bibliothèque © Bertrand Desprez pour l'Etudiant_PAYANT
Vie de Lycéen_football_Malcom_Bibliothèque © Bertrand Desprez pour l'Etudiant_PAYANT © Bertrand Desprez pour l'Etudiant

Après le terrain, je devais convaincre de mes capacités scolaires et relationnelles lors d’un entretien avec le proviseur. Là, je devais me vendre ! Il m’a demandé quelles étaient mes motivations. Il a regardé mon dossier scolaire. Et voilà ! Waouh, quand j’ai reçu ma lettre d’admission, j’ai sauté de joie. Et mes parents aussi.

"J’ai appris à réviser mes cours dans les transports"

En seconde générale, côté scolaire, c’était assez difficile. Le rythme était soutenu. Et je m’entraînais tous les jours, plusieurs heures d’affilée, à partir de 16 h, après les cours, pendant deux heures. Le week-end, il y a d’autres entraînements, les matchs et les compétitions. La première année, le soir, j’arrivais chez moi super fatigué. Il faut dire aussi que, cette année-là, j’ai déménagé loin du lycée. J’ai une heure quarante de transport à l’aller et au retour. C’est beaucoup. Alors le soir, je n’avais pas vraiment le temps de mettre le nez dans les livres, de faire mes devoirs et de réviser.

Il m’a fallu un bon mois pour m’installer dans un rythme de travail équilibré entre le sport et le lycée. Mes coachs et mes parents m’ont beaucoup aidé. Ils m’ont donné des conseils, ils me poussaient à m’avancer dès que j’avais un peu de temps. J’ai appris à réviser dans les transports aussi. Au troisième trimestre, j’avais réussi à remonter ma moyenne. J’ai eu les encouragements, c’était… stimulant !

"Pour notre santé, le plus important est d’arrêter la malbouffe"

Quand on a 15 ans, on aime sortir, faire la fête, fumer, boire. Or, en section sportive, il faut savoir se limiter. Auparavant je sortais davantage, le week-end surtout. Maintenant je ne dis pas que j’ai complètement arrêté de voir mes copains, mais je contrôle davantage. C’est sûr, c’est difficile de résister ! Pour ça, les professeurs et les coachs sont d’une aide précieuse. Ils nous donnent des conseils avec des arguments frappants pour prendre la bonne voie. Ils pensent à notre santé et nous protègent.

Vie de Lycéen_football_Malcom_Détente © Bertrand Desprez pour l'Etudiant_PAYANT
Vie de Lycéen_football_Malcom_Détente © Bertrand Desprez pour l'Etudiant_PAYANT © Bertrand Desprez pour l'Etudiant

J’ai une vie saine. Je fais attention à la nourriture. La chose la plus importante est d’arrêter la malbouffe, le McDo, les sodas. C’est sûr, c’est compliqué. Il faut changer ses habitudes et manger des repas équilibrés, boire beaucoup d’eau, s’hydrater régulièrement. Tout sportif doit intégrer cela. Les sodas provoquent des blessures parce qu’un taux de sucre trop élevé rend lourd sur le terrain et engendre de l’hypoglycémie. Je me lève à 5 h tous les jours et je me couche à 22 h. Il faut garder la forme !

"Les grands portent les plus jeunes, c’est dans l’esprit du sport"

J’arrive à tenir la barre parce que je ne me sens pas seul. Les adultes sont bienveillants, attentifs, présents. Nous sommes 20 dans la section, répartis dans plusieurs filières, de la seconde à la terminale. Ce que j’apprécie, c’est la camaraderie et la solidarité entre nous. Les 'anciens' encouragent les plus jeunes. Je vous donne un exemple : un copain de seconde vient me voir un jour parce qu’il n’avait pas été sélectionné. Nous sommes 20 sur le terrain et seules 14 personnes participent : 11 sur le terrain et 3 sur le banc de touche. Ce garçon ne comprenait pas pourquoi il n’avait pas été choisi. Il venait d’arriver dans la section et était un peu timide. J’ai parlé de lui avec les coachs. Ils sont allés le voir. Je l’ai soutenu aussi. Puis je ne l’ai pas lâché en lui expliquant qu’il fallait qu’il s’engage plus, qu’il fasse des efforts et des progrès.

Vie de Lycéen_football_Malcom_Vestiaire © Bertrand Desprez pour l'Etudiant_PAYANT
Vie de Lycéen_football_Malcom_Vestiaire © Bertrand Desprez pour l'Etudiant_PAYANT © Bertrand Desprez pour l'Etudiant

Chaque début d’année, les aînés intègrent les nouveaux et les encouragent. C‘est toujours comme ça, les grands portent les plus jeunes. C’est dans l’esprit du sport. Nous sommes tous là pour notre équipe. Nous devons progresser, aller de l’avant, réussir, nous donner à fond. La section c’est comme une famille soudée, on gagne ensemble, on perd ensemble. C’est la fraternité.

"Dans dix ans, je serai peut-être joueur professionnel"

Ce que je vis en section, je le poursuis dans mes études. C’est le mental qui compte dans la réussite. Il faut être fort, savoir perdre et savourer la victoire. Alors oui des moments de chute sur quelques contrôles sont possibles, mais il ne faut jamais rien lâcher.

Le foot me pousse à réussir ma vie ; sans le sport, je ne serais pas là ! Je suis attaquant central dans l’équipe : ça consiste à être le buteur de l’équipe, celui qui doit marquer. C’est un poste décisif, une lourde charge sur les épaules avec une grosse pression. Lors des entraînements, j’apprends à gérer les déplacements. Au cours d’un match, on reproduit ce que l’on a compris, pour pouvoir apporter du soutien à son équipe.

Comment je me vois dans dix ans ? Joueur professionnel en Angleterre ou en Espagne. Mais je ne lâche pas les études, je veux de bons résultats scolaires. Avoir un plan B est indispensable. On ne sait jamais de quoi la vie sera faite, une blessure est si vite arrivée. J’ai plusieurs pistes : joueur professionnel donc, ingénieur, agent de joueurs ou coach sportif. Je ferai tout pour y arriver.

Section sportive au lycée, mode d’emploi

Environ 80 disciplines sportives sont proposées dans 700 lycées en France. L’emploi du temps scolaire est aménagé et les lycéens pratiquent entre quatre et huit heures de sport par semaine, en dehors des entraînements dans leurs clubs le week-end.
La sélection est drastique : 15 à 20 élèves sont sélectionnés par section, soit réunis dans une classe soit répartis dans leurs filières respectives, comme Malcolm.
L’admission consiste en l’examen de votre dossier scolaire, le passage d’épreuves sportives et un entretien de motivation. Attention, il faut avoir de très bons résultats parce que le programme reste identique à celui enseigné dans un lycée classique.
L’inscription a lieu directement auprès du lycée et respecte la carte scolaire. Toutefois des dérogations sont possibles.

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