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Les écoles de journalisme défendent l’accès au métier pour leurs étudiants

La Conférence des écoles de journalisme alerte sur plusieurs enjeux notamment sur le fossé qui se creuse face aux attentes des rédactions.
La Conférence des écoles de journalisme alerte sur plusieurs enjeux notamment sur le fossé qui se creuse face aux attentes des rédactions. © Microgen / Adobe Stock
Par Caroline Celle, mis à jour le 30 octobre 2023
5 min

Le 23 octobre 2023, dans le cadre des États généraux de l’information, la Conférence des écoles de journalisme a fait connaître ses revendications sur les conditions d’accès au métier de journaliste pour ses étudiants. Elle alerte sur plusieurs enjeux notamment sur ce fossé qui se creuse face aux attentes des rédactions. Elle annonce, par ailleurs, la création d'une carte de presse dédiée aux étudiants.

Déjà réputé difficile d'accès, précaire et élitiste, le journalisme doit aussi faire face à un monde de la presse en pleine mutation.

Après une "longue phase de concertations avec des étudiants en journalisme, des entreprises de presse, des syndicats et des professionnels", la Conférence des écoles de journalisme (CEJ), présidée par Pascal Guénée et réunissant les 14 écoles reconnues par la profession, a donc dévoilé un "Livre blanc" axé sur l’insertion professionnelle des journalistes en herbe.

Car pour les écoles de journalisme, plusieurs enjeux sont cruciaux dans l’accès au métier, et tout ne dépend pas uniquement de la formation.

Mieux accompagner les alternants en journalisme

C'est ce qui semble être la voie royale pour intégrer les rédactions et pourtant, il y a encore du chemin à faire concernant l'apprentissage. De plus en plus répandue dans les cursus reconnus, cette formation concerne près de deux tiers des étudiants depuis la rentrée 2023, selon la CEJ. L’association a mené des entretiens avec plus d’une trentaine d’alternants pour recueillir leur témoignage.

"Beaucoup d’entre eux ont le sentiment d’être bien formés au métier grâce à leur école, explique Valérie Jeanne-Perrier, responsable de la filière journalisme du Celsa. Mais ils constatent un décalage entre leurs compétences et ce qu’ils doivent faire en entreprise. Souvent, ils n’ont pas accès au terrain et ne peuvent pas produire des contenus de qualité."

Les étudiants et les équipes pédagogiques constatent que de fortes contraintes pèsent sur les rédactions, dans un contexte de grande instabilité économique pour la presse. Parmi les préconisations de la CEJ, entre autres : améliorer le tutorat, car les tuteurs ne sont pas toujours suffisamment présents pour accompagner leurs alternants.

"On constate aussi le désengagement progressif de l’État, qui a beaucoup investi dans l’alternance et baisse maintenant ses subventions, s’inquiète Stéphanie Lebrun, directrice du Centre de formation des journalistes (CFJ). Pourtant, l’alternance est vrai levier d’égalité pour les étudiants. Ils peuvent financer leurs études grâce à cette formation."

Une carte de "journaliste en formation"

La CEJ a annoncé distribuer une carte de "journaliste en formation" aux étudiants des 14 écoles reconnues, depuis la rentrée 2023. Cet outil a été créé en lien avec la Commission de la carte d’identité des journalistes professionnels. "Ce n’est pas une carte de presse, mais elle permet aux étudiants d’avoir plus de légitimité, soutient Arnaud Schwartz, directeur de l’Institut de journalisme de Bordeaux (IJBA). La carte leur évite de demander une attestation pour couvrir un événement et elle leur donne le sentiment d’appartenir à une communauté de professionnels." Prudence, tout de même, le dispositif commence tout juste à se développer, certaines écoles ne l'ont pas encore mis en place.

Réduire les inégalités dans l’accès aux rédactions

La question de la précarité étudiante prend aussi de l’ampleur dans les écoles de journalisme. Actuellement, environ 40% d’entre eux sont boursiers dans les 14 écoles de la CEJ, grâce à plusieurs dispositifs de lutte contre les inégalités, comme la préparation aux concours "La Chance".

"Nos étudiants sont obligés d’élaborer des stratégies pour réduire le coût de leurs études, comme le choix géographique de leur école, relève Valérie Jeanne-Perrier. Ils ne peuvent pas tous faire une alternance dans une grande rédaction parisienne." La CEJ espère donc que les États généraux de l’information permettront de réfléchir à plus d’inclusivité dans les écoles et les médias.

Répondre aux attentes des rédactions

Autre préoccupation en lien avec l'insertion des jeunes journalistes : s'adapter aux nouveaux canaux de diffusion de l'information. Certains sont en plein essor dans les médias, comme les comptes TikTok et Instagram et le datajournalisme.

"Aujourd’hui, les étudiants doivent acquérir de nouvelles compétences techniques pour être embauchés, constate Stéphanie Lebrun. Les formations en journalisme sont donc de plus en plus coûteuses pour les écoles et l’État doit le prendre en compte."

Après plusieurs mois de concertation, les écoles de journalisme et leurs étudiants souhaitent être auditionnés par les groupes de travail des États généraux de l'information, lancés début octobre par Emmanuel Macron, pour faire entendre leurs réflexions. Ces groupes auront pour mission d’élaborer des recommandations pour répondre aux enjeux du futur de l’information, d’ici mai 2024.

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