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Faut-il (vraiment) faire une école reconnue pour devenir journaliste ?

Avec du travail et de la persévérance, que vous fassiez une école reconnue ou non, vous avez tout autant vos chances de devenir journaliste.
Avec du travail et de la persévérance, que vous fassiez une école reconnue ou non, vous avez tout autant vos chances de devenir journaliste. © rudall30 / Adobe Stock
Par Pauline Bluteau, publié le 09 avril 2021
7 min

La bataille entre les écoles de journalisme reconnues et celles non-reconnues existe depuis des décennies. Pourtant, pour les étudiants et futurs journalistes, difficile de savoir comment faire le bon choix. Voici donc cinq indicateurs qui pourront vous mettre sur la piste.

En dehors des 14 écoles de journalisme reconnues* par la profession, plusieurs formations donnent également accès au métier de journaliste. C’est le cas d’écoles de journalisme privées qui permettent souvent d’obtenir des bachelors (bac+3) enregistrés au RNCP (reconnaissance du ministère du Travail) mais aussi de masters de journalisme ou d’information-communication (bac+5), de licences professionnelles (bac+3), de BUT information-communication spécialité journalisme (bac+3) ou même les instituts d’études politiques (IEP) (bac+5) avec des parcours dédiés au journalisme.

En dehors des bachelors, ces formations ont l’avantage d’être publiques et donc plus accessibles. Leurs diplômes sont à la fois reconnus par le ministère du Travail et celui de l’Enseignement supérieur.

Mais pour devenir journaliste, aucune formation s’impose. En revanche, quelques données sur l’insertion professionnelle, la rémunération, l’obtention de la carte de presse… peuvent faire pencher la balance d’un côté… ou de l’autre.

Les diplômés d’écoles reconnues peu représentatifs des journalistes

Ce premier chiffre devrait sans doute vous faire relativiser : 80% des journalistes détenteurs de la carte de presse sont diplômés d’une école non reconnue, selon l’Observatoire des métiers de la presse. Et pour cause, les établissements reconnus sont jugés très sélectifs. Leurs diplômés sont donc loin de représenter l’ensemble des professionnels. Cela prouve aussi que les médias peuvent recruter différents profils, indépendamment de leur formation.

Une insertion professionnelle assez similaire

Les établissements reconnus affirment offrir un meilleur accès à l’emploi.

Effectivement, la quasi-totalité de leurs diplômés trouvent un poste en moins d’un an. Une excellente insertion professionnelle qui peut en partie s’expliquer par un bon réseau d’anciens élèves et aussi par les différents partenariats noués entre les écoles et les médias.

Mais finalement, à terme, quel que soit leur diplôme, les journalistes bénéficient d’une insertion professionnelle similaire. En 2019, les trois-quarts des diplômés d’écoles reconnues ou non avaient obtenu un CDI, moins de 3% étaient en CDD et un peu moins d’un quart étaient pigistes.

Un accès différent aux postes et secteurs médiatiques

Quelques différences sont néanmoins visibles sur les types de postes occupés par les journalistes. Les diplômés d’écoles non reconnues sont plus nombreux en tant que secrétaire de rédaction (9% contre 5% pour les diplômés d’écoles reconnues). Les postes de rédacteur sont occupés par 53% de journalistes issus d’établissements reconnus mais aussi non reconnus. Et pour ce qui est des postes à responsabilité comme chef de service, chef de rubriques ou rédacteur en chef, tous les journalistes ont leur chance. En moyenne, 10% des journalistes occupent ces postes.

Ce qui change, c’est plutôt le secteur d’activité. Environ 60% des diplômés d’écoles non reconnues se dirigent vers la presse écrite contre 44% des diplômés d’établissements reconnus. À l’inverse, l’audiovisuel recrute davantage de journalistes venant d’écoles reconnues (25% contre 16%).

Une meilleure rémunération pour les diplômés d’écoles reconnues

Le salaire des journalistes est aussi révélateur. C’est un fait, les diplômés des écoles reconnues sont mieux rémunérés, qu’ils soient en CDI, en CDD ou pigistes. Les différences de salaire varient en moyenne de 121 à 417 euros brut par mois.

Salaire brut mensuel d'un diplômé d'une école reconnue

Salaire brut mensuel d'un diplômé d'une école non reconnue

En CDI

3.950 €

3.533 €

En CDD

2.126 €

1.861 €

Pigiste

2.058 €

1.937 €

Source : Observatoire des métiers de la presse, chiffres de 2019 sur le salaire brut mensuel moyen des journalistes titulaires de la carte de presse.

Une obtention de la carte de presse sous les mêmes conditions

En revanche, pour ce qui est de l’obtention de la carte de presse, les diplômés d’écoles non reconnues peuvent tout autant y prétendre. Les critères dépendent surtout de l’entreprise dans laquelle ils travaillent, s’il s’agit d’une entreprise de presse ou non. Le journalisme doit également être l’activité principale et régulière du demandeur, qui doit aussi en tirer au minimum 50% de ses revenus. La formation et le diplôme ne sont pas pris en compte.

À l’obtention de leur carte de presse, les diplômés des établissements non reconnus sont considérés comme "stagiaire" pendant deux ans au lieu d’un pour les diplômés d’écoles reconnues, avant de passer "titulaire".

Mais vous l'aurez compris, école reconnue ou non, vous avez tout autant vos chances de devenir journaliste.
*Zoom sur les 14 écoles de journalisme reconnues

Aujourd’hui, 14 écoles de journalisme sont dites reconnues. Cela signifie que la CPNEJ (Commission paritaire nationale de l’emploi des journalistes) et donc des représentants de la profession reconnaissent que ces formations délivrent toutes les compétences nécessaires pour devenir journaliste. Parmi elles : le CELSA à Paris, le CFJ situé dans la capitale, le CUEJ à Strasbourg, l’école de journalisme de Toulouse, l’EJCAM à Marseille, l’EPJT à Tours, l’EJDG à Grenoble, l’ESJ Lille, l’IJBA à Bordeaux, l’IPJ à Paris, l’IFP situé à Paris, l’école de journalisme de Cannes, l’IUT de Lannion et l’école de journalisme de Sciences po Paris.

Toutes les formations en journalisme peuvent prétendre à cette reconnaissance à condition de respecter plusieurs critères dont l’insertion des diplômés, offrir une formation de trois semestres minimum avec un équilibre entre théorie et pratique, disposer des enseignements réalisés par des professionnels, avoir des frais de scolarité et d’inscription accessibles…

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