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Précarité : près de la moitié des étudiants renoncent à des achats alimentaires pour raisons financières

Plus d’un étudiant sur trois déclare se procurer des denrées auprès d’associations ou banques alimentaires.
Plus d’un étudiant sur trois déclare se procurer des denrées auprès d’associations ou banques alimentaires. © Thomas VANDENBERGUE/REA
Par Clémentine Rigot, publié le 12 septembre 2023
4 min

L’association COP1 a publié, avec l’institut de sondage IFOP, son étude annuelle sur les étudiants précaires. Elle dresse un diagnostic sombre qui traduit des difficultés grandissantes des jeunes à se maintenir à flot financièrement.

Un sur deux. C’est la part d’étudiants (49% pour être exact) qui a avoué, dans la dernière étude menée par l'association COP1 et l'IFOP, renoncer à des achats alimentaires pour raisons financières. Ce chiffre monte même à 66% chez les étudiants précaires.

Plus inquiétant encore, 46% d’étudiants admettent avoir déjà supprimé certains repas par manque de moyens. Une part "bien supérieure à celle mesurée dans l’ensemble de la population française (28%)", précise l’étude. L'alimentaire reste le premier poste de dépense sacrifié par les jeunes, en 2023, victime de l’inflation.

Par ailleurs, 77% des étudiants déclarent, face à la hausse des prix, se reporter vers des produits alimentaires moins chers ; 69% privilégient même le hard discount. Plus d’un étudiant sur trois déclare se procurer des denrées auprès d’associations ou banques alimentaires.

"On peut s’interroger sur l’efficacité des politiques publiques"

Déjà fin 2021, l’association Linkee publiait des résultats similaires. Un signe de stagnation, voire de progression de la précarité étudiante en France ? "Les résultats de l’étude montrent qu’en dépit des efforts, la situation des étudiants demeure très préoccupante. (…) On peut donc s’interroger légitimement sur l’efficacité des politiques publiques mises en place pour endiguer ce fléau", analyse François Legrand, directeur d’études à l’IFOP.

"Si les aides sont multiples, elles sont souvent conditionnées et s’accompagnent ainsi trop souvent de renoncements", précise-t-il. Parmi les pistes avancées par le spécialiste, la mise en place d’un "revenu universel ou à défaut d’une aide inconditionnelle", mesures réclamées depuis longtemps par les organisations syndicales étudiantes.

Des privations au-delà de l’alimentaire

D’autres postes de dépenses sont aussi rognés chez les jeunes. Ainsi, 52% des étudiants ont déjà renoncé à des divertissements, des loisirs et des achats liés à l’habillement. L’hygiène et les cosmétiques sont les dépenses les moins sacrifiées, avec 43% des étudiants admettant y avoir renoncé.

Côté logement, ils sont 49% à avoir renoncé à l’aménagement de leur habitation. 45% ont fait une croix sur l'achat de produits électroniques. Et près d’un étudiant sur trois admet qu’il leur arrive de ne pas pouvoir payer à l’heure les charges de leur logement.

Au-delà des dépenses, l’accès au logement lui-même est vécu comme compliqué par de nombreux jeunes. Aussi, 46% des étudiants précaires indiquent avoir rencontré beaucoup de difficultés lors des recherches, "une proportion bien supérieure à celle mesurée dans l’ensemble de la population étudiante".

La précarité menstruelle ne recule pas

Parmi les personnes menstruées, près d’un quart indique qu’il leur arrive de ne "pas disposer de suffisamment de protections hygiéniques par manque d’argent", souligne l’étude, et ce, malgré la mise à disposition, gratuitement, de protections hygiéniques dans de nombreux établissements d’enseignement supérieur (majoritairement les universités).

Des chiffres que l’association juge très préoccupants, "alors même que la question de la précarité hygiénique est désormais rentrée dans le radar des politiques publiques".

Des aides financières pas toujours accessibles

D’autres paramètres de l’étude traduisent également la fragilité de certains étudiants. En effet, ils sont 53% à témoigner de difficultés dans le domaine administratif. Deux tiers de l’ensemble des étudiants s’estiment ainsi "mal informés concernant les aides administratives". Un frein conséquent à la sortie de la précarité.

À ces difficultés financières viennent aussi s’ajouter des lourdeurs psychologiques, alors que "près d’un étudiant sur deux indique se sentir toujours ou souvent seul". C’est bien au-dessus de la proportion mesurée chez l’ensemble des Français (19% selon le baromètre Astrée/IFOP).

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