Interview

Claudine Némausat, médecin scolaire : "Les adolescents véhiculent le coronavirus"

"Les adolescents doivent réaliser qu’on se protège pour soi mais aussi pour les autres", explique Claudine Némausat.
"Les adolescents doivent réaliser qu’on se protège pour soi mais aussi pour les autres", explique Claudine Némausat. © Photo fournie par le témoin
Par Thibaut Cojean, publié le 23 novembre 2020
5 min

Malgré le protocole sanitaire, pas toujours facile à appliquer en cours, les établissements scolaires sont bien des lieux de contamination au coronavirus. Une médecin scolaire rappelle à l’Etudiant la différence que peut faire le simple respect des gestes barrières.

Selon les dernières statistiques du ministère de l’Éducation nationale, 13.870 élèves de la maternelle au lycée ont été testés positifs au Covid-19 entre les jeudis 12 et 19 novembre. Des données qui sont toutefois incomplètes, car elles ne prennent en compte que les cas déclarés par les familles.

Pour la semaine du 9 au 16 novembre, Santé Publique France comptabilise 27.140 tests PCR positifs chez les 0-19 ans, mais cela inclut aussi les jeunes non scolarisés. Quoi qu’il en soit, les jeunes Français ne sont pas épargnés par le virus. Or, il n’est pas toujours facile pour eux de respecter scrupuleusement les gestes barrières, surtout quand un adulte ne surveille plus.
Pour bien comprendre l’importance des gestes barrières à l’école comme en dehors, L’Etudiant a interrogé le docteur Claudine Némausat, médecin scolaire et secrétaire générale du SNMSU-Unsa, le syndicat des médecins scolaires et universitaires.

Les adolescents peuvent-ils véhiculer le coronavirus ?

Oui, les adolescents véhiculent le virus, même s’ils ne sont pas malades. Avant 10/11 ans, ils sont moins contaminants. Mais au-dessus, c’est comme pour les adultes. On ne voit pas de différence significative, si ce n’est que les adolescents sont souvent asymptomatiques, ou présentent des symptômes très faibles qui n’alertent pas forcément, comme des maux de tête ou le nez qui coule.

Les collèges et lycées sont donc des lieux de contamination ?

Tous les endroits où il y a du monde, sans distanciation, sont des lieux de contamination. Effectivement, les établissements scolaires sont des lieux de contamination si les gestes barrières ne sont pas bien respectés, mais le port du masque limite la possibilité de transmettre le virus.

Les gestes barrières font-ils vraiment une différence ?

Se laver les mains est un geste très important. Ne serait-ce que parce qu’on n’arrête pas de toucher son masque, même les adultes. Quand on se touche le masque, on devrait toujours se laver les mains après. Le virus persiste sur le masque, comme sur les surfaces.
C’est aussi très important de désinfecter les poignées des portes. Dans mes consultations, je ne laisse pas les élèves toucher la poignée, c’est moi qui leur ouvre et referme derrière eux. Et je désinfecte quand même, au cas où je n’aurais pas vu un élève toucher la poignée. Se laver les mains est d’autant plus important que l’on n’a pas toujours conscience de ce qu’on touche.
On ne l’a pas dit assez, mais l’aération des locaux est aussi primordiale pour lutter contre le virus. En principe, 10 minutes entre chaque cours est idéal.

Les gestes barrières sont également importants à respecter entre jeunes, quand il n’y a pas d’adulte ?

Oui, ils doivent penser à se laver les mains et à tenir les distances entre eux. Les adolescents doivent réaliser qu’on se protège pour soi mais aussi pour les autres. S’ils se contaminent entre eux, ils vont rapporter le virus à la maison et peuvent contaminer leur petite sœur ou leur grand-mère.
Dans un lycée où je travaille, la plus grosse chaîne de contamination a eu lieu lors d'un anniversaire à 20 personnes. Les prises de risque, c’est très fréquent chez les ados. Là, c’est facile de transgresser : il suffit de ne pas porter de masque.
C’est important que ce message soit relayé par leurs parents, leurs grands-parents ou des personnes de leur entourage en qui ils ont confiance, pas uniquement les profs et les proviseurs. Ils doivent s’imaginer que ce n’est pas grave parce qu’ils sont jeunes, mais même si eux ne développeront pas une forme grave de la maladie, cela pourrait avoir de lourdes conséquences.

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