Reportage

Coupe du monde de rugby : au pôle espoirs du lycée Lakanal, le rêve de porter le maillot des Bleus

Les 1re et les terminales de Lakanal à l'entrainement dans le parc de Sceaux.
Les 1re et les terminales de Lakanal à l'entrainement dans le parc de Sceaux. © Malika Butzbach
Par Malika Butzbach, publié le 06 octobre 2023
1 min

Au sein de l’Académie pôle espoirs du lycée Lakanal de Sceaux, une vingtaine de lycéens vivent, mangent et dorment "rugby". Parmi ces sportifs, se cachent peut-être les futurs joueurs du XV de France.

Si les yeux sont tournés vers le match du XV de France contre l’Italie ce vendredi 6 octobre, une autre rencontre occupe les lycéens du pôle espoirs rugby du lycée Lakanal, à Sceaux (92). Ce samedi-là (samedi 30 septembre, NDLR) les deux clubs dont sont issus les 22 élèves de la section, le Racing 92 et le Rugby Club Massy Essonne s’affrontent. Un derby local pour ces joueurs qui figurent parmi les meilleurs d’Île-de-France.

Alors, dans la salle de musculation où sept lycéens s'entraînent ce jeudi matin, les vannes fusent. Il est seulement 11h mais les garçons enchaînent les squats après deux heures de cours. Toujours en musique. "Ça défoule de sortir de la classe pour aller s'entraîner ensemble", sourit Jules, 16 ans, en 1re générale.

Ils retourneront en cours cet après-midi, après le repas et un temps calme dans leur salle de repos. Sur les murs, les maillots des deux clubs franciliens et la liste des joueurs internationaux passés par le pôle espoirs de Lakanal, l’un des 25 que compte la fédération (1). Parmi eux, Cameron Woki, sélectionné pour la Coupe du monde 2023.

Sportifs de haut niveau mais avant tout lycéens

Porter le maillot du XV de France, bon nombre de ces lycéens en rêvent. Édouard Jabra Njock en a déjà eu un avant-goût. L’élève de terminale STMG a été sélectionné pour le tournoi des Six Nations des moins de 18 ans en 2023. "C’est incroyable de jouer des matchs internationaux. Mais cela m’a fait rater des cours. Il m’a fallu beaucoup travailler de mon côté pour rattraper le retard. C’est dans le contrat : il faut gérer le scolaire."

S’ils ont le statut de sportifs de haut niveau, les jeunes rugbymen du pôle sont avant tout des lycéens. "La fédération les repère sur leur niveau de rugby, mais on regarde aussi avec attention les dossiers scolaires de 3e avant de les sélectionner", précise Fabien Jolfre, directeur du pôle.

Des aménagements sont prévus dans la scolarité des jeunes, précise Méric Chiffrin en terminale vente au lycée professionnel Florian. "On a moins de cours d’enseignements généraux pour que l’on se concentre sur les cours professionnels en ayant le temps de s’entraîner". Mais là encore, si l’élève est en difficulté, des heures de soutien peuvent lui être dédiées.

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Les lycéens s’entraînent après les cours dans la salle de musculation./ ©️Malika Butzbach.

Après les cours, entraînements et préparation mentale

Il faut dire que le rythme est soutenu : un à deux entraînements quotidiens, les séances de musculation et test physiques ainsi que les matchs le samedi. "Ils ont entre 10 et 12 heures de sport par semaine", précise Baptiste Gatuingt, manager à la FFR en charge de jeunes joueurs de haut niveau.

"On s’occupe surtout de la progression individuelle, physique et technique. La dimension collective, ils la travaillent en club où ils s'entraînent deux fois par semaine", explique Fabien Jolfre. Ce jeudi, rendez-vous est donné à 16h aux élèves de 1re et terminale sur l’un des terrains du parc de Sceaux. Au programme : passe et jeu aux pieds pour ne pas s’épuiser avant le match du week-end.

Pendant ce temps, les 2de sont en préparation mentale avec Alexis Ruffault et Elodie Delaunay. "La Fédération a ajouté cet aspect dans la formation depuis quelques années, ce qui est une bonne chose, estime le chercheur en psychologie appliquée au sport de haut niveau. Avec les première, qui connaissent beaucoup de changements, on travaille la gestion du stress."

"C’est sûr qu’au début, entre l’arrivée au lycée, la découverte de l’internat et le rythme des entraînements, ça peut être parfois difficile. Mais on s'y plaît", raconte Auguste Albuisson, en 2de. Le lycéen s’applique dans l’exercice du jour : visualiser une situation stressante. Et avec le match qui arrive, les idées ne manquent pas. Un plaquage raté ou une pénalité à tirer, les exemples fusent chez les jeunes. "Plus on s’habitue à visualiser une situation de stress, plus on a de chance de bien gérer quand cela se passe dans la vraie vie", leur explique Alexis.

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Les 2des apprennent la gestion du stress avec Élodie et Alexis, les préparateurs mentaux./ ©️Malika Butzbach.

Une équipe médicale bien présente

À 18h, les lycéens de 1re et terminale les rejoignent. Tous doivent remplir, via leur portable, le test de préparation mentale de début de saison. "Ce sont les mêmes questions que l’année dernière ! On est obligé de le refaire ?" demande Edouard. "Les tests physiques, tu les refais tous les ans, non ? répond Élodie. Ça te permet de voir si tu as progressé ou pas ? Eh bien là, c'est pareil, mais pour le mental."

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Sur leur portable, les lycéens répondent aux 200 questions du test de préparation mentale au début d’année. Les résultats seront étudiés par l’équipe et serviront aussi pour la recherche./ ©️Malika Butzbach.

Après, tous peuvent souffler un peu avant le repas, à 19h. Mais Marko file lui en salle de musculation pour retrouver Simon, le kiné de l’équipe. "On travaille des exercices pour qu’ils se remettent au mieux, dans une logique de réathlétisation", explique-t-il. Le lycéen, en terminale, se remet doucement d’une blessure au dos et fait régulièrement des séances. Lui et ses amis peuvent compter sur le staff médical : kiné, médecin mais aussi psychologue et même une diététicienne.

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Vers 20h, retour dans les chambres après la douche. Jules, qui est en première partage sa chambre avec son copain. Les terminales ont une chambre individuelle./ ©️Malika Butzbach.

Après le repas, retour à l’internat pour une douche bien méritée. Les lycéens profitent de leur dernière nuit ensemble : demain, après l'entraînement en club, ils rentreront chez eux. Avant de tous se retrouver, sous deux maillots différents, dès le samedi.

(1) : La plupart des pôles espoirs sont mixtes. Quelques-uns sont uniquement dédiés aux femmes ou aux hommes. En Île-de-France, si les jeunes hommes sont à Lakanal, les jeunes femmes sont à Aulnay (93).

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