Reportage

Coupe du monde de rugby : deux élèves-ingénieurs à la surveillance des fréquences radio lors d'Afrique du Sud-Irlande

Enzo et Thomas dans le local technique de l'ANFR au Stade de France.
Enzo et Thomas dans le local technique de l'ANFR au Stade de France. © Clément Rocher
Par Clément Rocher, publié le 25 septembre 2023
5 min

Les deux étudiants de Télécom SudParis ont travaillé en coulisses à la bonne retransmission de ce choc du rugby mondial ce samedi 23 septembre. Une expérience formatrice pour les étudiants, qui espèrent remettre ça pour les Jeux olympiques de 2024.

Ce samedi 23 septembre, l'ambiance est survoltée au Stade de France, à Saint-Denis (93) pour le duel au sommet entre l'Afrique du Sud et l'Irlande à l'occasion de la Coupe du monde de rugby. Plus de 78.000 spectateurs ont fait le déplacement pour voir, en fin de soirée, les Irlandais s'imposer face aux Springboks (13-8).

Dans les gradins, Enzo et Thomas, 20 ans, n'ont pas perdu une miette du match. Mais ils ne sont pas simples spectateurs : de 16 heures à 20h30, les deux étudiants de Télécom SudParis étaient sur le pont, en tant que contrôleurs du spectre des fréquences, aux côtés de l'ANFR (Agence nationale des fréquences).

Un travail important pour le bon déroulement de l'événement, car il permet de veiller à la bonne retransmission du match à la télévision et à la radio.

Le contrôle des fréquences, une mission essentielle

L’ANFR est un établissement public qui a pour mission la gestion et le contrôle de l’utilisation du domaine public des fréquences. Traduction : vérifier que chaque opérateur utilise bien les fréquences qui lui sont réservées.

Sur un événement d'ampleur comme une Coupe de monde de rugby, les stades sont en effet remplis de nombreuses caméras et capteurs qui envoient des signaux de tous les côtés. Et c'est grâce à la préparation et à la surveillance de l'ANFR que les caméramans de TF1, le diffuseur du match, n'utilisent pas les fréquences allouées à la télé irlandaise.

Ce travail se passe loin du terrain, dans un local technique. Les deux étudiants-ingénieurs, accompagnés par l'équipe de l'ANFR, font face aux écrans et surveillent en temps réel l'utilisation du spectre des fréquences. "On a déployé des récepteurs autour du stade pour se concentrer sur les gammes de fréquences qui nous intéressent", explique Sami Lazar, représentant de l’ANFR.

Après leur rotation à la surveillance des fréquences, Enzo (à gauche) et Thomas ont pu assister au choc entre l'Afrique du Sud et l'Irlande.
Après leur rotation à la surveillance des fréquences, Enzo (à gauche) et Thomas ont pu assister au choc entre l'Afrique du Sud et l'Irlande. © Clément Rocher

Détecter les sources d'interférence

En cas de problème, l'équipe peut ainsi déterminer la source de l'interférence. "On peut géolocaliser la zone dans laquelle le brouillage se produit. On part à la chasse avec une antenne directive, puis on trouve le perturbateur qui a peut-être mal réglé son appareil", explique Sami Lazar.

Cette antenne directive, les étudiants de Télécom SudParis la connaissent bien. Ils l'ont déjà utilisée à l'école, à l'occasion d'une "chasse aux brouilleurs" destinée à sensibiliser leurs camarades au domaine des fréquences.

Mais au Stade de France, le terrain est beaucoup plus délicat. "On doit gérer l’imprévu, on ne sait jamais ce qui nous attend, alors parfois on court, on interagit avec les gens, on se débrouille pour entrer là où on n'a pas les accès", raconte Enzo.

Acquérir des compétences transversales

Actuellement en deuxième année de cycle ingénieur, Enzo et Thomas sont formés au contrôle de spectres et de fréquences depuis un an, dans le cadre du projet GATE (gestion et apprentissage du travail en équipe). Ce programme pédagogique mené par leur école vise à l’acquisition des compétences transversales, autres que scientifiques et techniques.

Les étudiants ont suivi une formation académique menée par des enseignants de l'école, ainsi que des cours théoriques et pratiques par des intervenants de l'agence venus partager leur savoir-faire. "Il y a tout un contenu scientifique à connaître en amont. On voit comment l'utilisation des fréquences est appliquée de manière concrète", souligne Enzo.

Cette expérience de terrain a été particulièrement enrichissante et instructive pour les deux étudiants. "Ce qui est intéressant dans ce genre de mission, c’est qu’on voit l’envers du décor. Cela nous a permis d’appréhender de nouvelles configurations en termes de lieux ou d’organisation", poursuit Enzo, qui a aussi apprécié "le fait de travailler avec plein d’acteurs différents, comme les médias, les organismes sportifs…".

Un sentiment partagé par Thomas, qui s'intéresse à l’application des télécommunications au monde audiovisuel. "Même si notre rôle reste toujours le même sur chaque événement, il y a toujours une petite part de nouveauté : le lieu, les équipements utilisés... Les différentes difficultés ne sont jamais les mêmes", confirme-t-il.

Rendez-vous aux Jeux olympiques ?

Au-delà de présenter un intérêt pédagogique, ce match de rugby était aussi un entraînement pour les deux étudiants. Pour les Jeux olympiques de Paris l'année prochaine, l'ANFR compte en effet faire appel à une centaine d'élèves-ingénieurs volontaires (de Télécom SudParis, Télécom Paris, IMT Nord Europe et Bordeaux INP-ENSEIRB-MATMECA) pour venir en renfort.

Et à l'issue de cette journée spéciale, les étudiants n'ont plus qu'un objectif en tête : transformer l'essai pour être au cœur de l'action pour les Jeux Olympiques. "C’est un événement exceptionnel et je serais content de contribuer à son bon déroulement", affirme Thomas.

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