Décryptage

"C’est frustrant de ne pas pouvoir travailler autant qu’on le voudrait" : la débrouille des lycéens pour préparer le grand oral

Des lycéens ont assisté à un atelier pour s'entraîner au grand oral le mercredi 24 avril à l’université Panthéon-Sorbonne, à Paris.
Des lycéens ont assisté à un atelier pour s'entraîner au grand oral le mercredi 24 avril à l’université Panthéon-Sorbonne, à Paris. © Marine Ilario
Par Marine Ilario, publié le 30 avril 2024
5 min

Avec le report des épreuves de spécialités au mois de juin, l’absence de programmes resserrés et d’heures prévues à la préparation du grand oral, les lycéens se retrouvent livrés à eux-mêmes.

"Nous allons faire des exercices de murmures et de silences. Ça peut paraître étrange, mais à l’oral, c’est super important." Karen, étudiante en troisième année de licence de géographie introduit un atelier de préparation au grand oral ce mercredi 24 avril à l’université Panthéon-Sorbonne, à Paris (75).

Avec Lud, étudiante en deuxième année de licence de droit, elles proposent des lectures de textes un peu particulières. "À chaque 'clap' vous changerez d’émotions et de tonalité." L’objectif ? "Surmonter ses craintes en se disant qu’à l’oral, personne n’est parfait."

Face à elles, huit lycéens, un peu impressionnés, venus s’exercer en vue du grand oral. Car avec le report des épreuves de spécialités au mois de juin, aucune heure de cours n’a été affectée pour la préparation de l’ultime épreuve du bac général et technologique.

Travailler la forme autant que le fond

"Qui veut lire un des textes que nous avons choisis en changeant de registre ?" Un silence de plomb et des regards gênés sont échangés.

Finalement, un lycéen se lance. Il doit lire le monologue d'Hamlet de William Shakespeare, d’abord sur un ton joyeux puis doit effectuer une seconde lecture en intégrant des silences. À la fin, il reconnaît que "c’est difficile de se lancer sur un texte qu’on ne connaît pas", même si la deuxième fois, il a eu l’impression de s’améliorer et d’avoir été "plus attentif au contenu du texte".

Concrètement, parler de manière claire, avec des intonations, des silences, permet de captiver l’attention du jury et de rendre plus intelligible votre discours. "On se dit que la forme compte presque plus que le fond, abonde Louisa, lycéenne à Brunoy (91). Si on n’appuie pas sur les mots, le jury ne va pas retenir ce qu’on raconte."

Ce que confirme sa camarade Shirine. "Avant cet atelier, j’étais plus concentrée sur le contenu de mon oral alors que finalement, si on n’arrive pas à captiver l’attention du jury, peu importe ce qu’on raconte."

Un temps de préparation difficilement mis en œuvre au lycée

Attention toutefois à ne pas totalement négliger le fond de votre propos. Les deux questions que vous devez développer sont validées par vos professeurs de spécialité avec qui vous échangez sur le contenu de vos réponses.

Barnabé, Zacharie et Judith sont au lycée Paul Bert dans le XIVe arrondissement de Paris. Chacun dans leurs spécialités ont pu suivre des sessions d’entraînement. "On nous a proposé de faire un grand oral devant la classe et nos professeurs ont distribué un fascicule il y a quelques semaines avec des conseils pour préparer l’épreuve", explique Barnabé.

Des entrainements aléatoires selon les établissements. Si Louisa a pu bénéficier de petits temps pour préparer sa question en SES, dans sa deuxième spécialité, ce n’est pas le cas. "En maths, on n’a pas du tout commencé. Il nous a dit que ça allait être compliqué parce qu’il fallait surtout finir le programme."

Avec le report des épreuves de spécialité au mois de juin, l’entièreté des programmes est susceptible d’être évalué le jour des épreuves. Malgré les alertes d’enseignants de plusieurs spécialités sur la difficulté à les terminer à temps, ces derniers n’ont pas été resserrés.

Sans compter l’absence d’heures dans les emplois du temps spécifiquement dédiées à la préparation du grand oral. "C’est frustrant de ne pas pouvoir travailler autant qu’on le voudrait avec nos profs de spécialités", déplore Shirine. Alors que "quand on parle d’oral, l’entraînement avec les professeurs, c'est ce qui permet de réussir l’épreuve", rajoute Louisa.

Tout gérer en même temps

Un entraînement que les élèves feront donc, pour certains, seuls. "Je vais apprendre mon texte et ensuite m’entrainer chez moi et le réciter plusieurs fois", indique Judith. Louisa, elle, envisage de s’exercer, "pas forcément avec mon texte, mais avec tout ce que je peux lire pour m’entraîner à mettre le ton et les silences".

Si Zacharie profite de son club débat au lycée pour se perfectionner à l’oral, Barnabé, lui, envisage des sessions en famille. "Avec ma sœur jumelle, on va pouvoir s’entraîner ensemble."

Mais avant de s’entraîner, encore faut-il avoir écrit son texte ! "Mes deux questions ne sont pas encore finalisées. Je vais devoir m’y mettre ce mois-ci pendant les jours fériés." Même chose pour Louisa qui n’a validé qu’une question sur les deux. Quant à Shirine, si ses deux questions sont trouvées, elle doit "continuer à développer les réponses même si, avec toutes les autres révisions pour le bac, tout se mélange un peu".

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