Décryptage

Des cours en ligne pour remplacer les profs absents ?

Au cours des séquences pédagogiques prévues par le décret pour remplacer les cours manquant, les élèves suivent une capsule composée d'exercices dans une salle informatique.
Au cours des séquences pédagogiques prévues par le décret pour remplacer les cours manquant, les élèves suivent une capsule composée d'exercices dans une salle informatique. © Adobe Stock/yanlev
Par Marine Ilario, publié le 25 août 2023
4 min

Un décret, publié le 8 août, précise les modalités de remplacement des absences de professeurs de courte durée au collège et au lycée. Parmi elles, la possibilité de suivre des séquences pédagogiques à l’aide d’outils numériques pose question.

À la rentrée, y aura t-il un "professeur devant chaque classe" ? C’est la promesse faite par Emmanuel Macron lors d’une interview aux JT de TF1 et France 2 le 24 juillet dernier concernant les remplacements des professeurs absents moins de 15 jours.

Quelques semaines plus tard, un décret est publié et précise les modalités de ces remplacements. Si la priorité est donnée à des remplacements "sous forme d’heures d’enseignement" c’est-à-dire assurés par d’autres professeurs, le texte prévoit aussi la possibilité pour les élèves de suivre des séquences pédagogiques à l’aide d’outils numériques. Une proposition qui fait réagir.

Des modules du CNED pour palier au cours

Par séquences pédagogiques, comprenez des cours en ligne. Concrètement, il s’agit de capsules élaborées par le CNED (centre national d’enseignement à distance) dans certaines disciplines. Dans une salle informatique, les élèves suivent une capsule en lieu et place du cours manquant.

Il peut s’agir par exemple de "petites vidéos, d’exercices en ligne, de textes ou encore d’exercices interactifs", précise Sophie Vénétitay, secrétaire générale du SNES-FSU (syndicat national des enseignements de second degré).

Les surveillants en première ligne pour superviser ces "cours"

Ces séquences sont placées sous la vigilance des assistants d’éducation (AED), autrement dit des surveillants. Mais leur mise en place effective pose question. "Les établissements doivent disposer de salles informatiques disponibles et équipées et il faut que les surveillants aient la capacité d’assurer ces sessions", explique la secrétaire générale.

Mais surtout, les AED craignent de ne pas pouvoir encadrer correctement les élèves en cas de questions sur un cours. Des difficultés déjà vécues lors du déconfinement lorsque des professeurs vulnérables ne pouvaient pas revenir en présentiel. Ils faisaient cours à distance pendant que les élèves étaient en classe sous la supervision d'un surveillant.

Une version 2.0 de la permanence

En plus de leurs fonctions de vie scolaire et de surveillance, les AED vont devoir rajouter la supervision de ces séquences pédagogiques. Une nouvelle activité qui peut peser lourd pour ces personnels en sous effectifs. "Penser qu’on va pouvoir retirer un surveillant de la vie scolaire pour surveiller une salle avec une classe est complètement illusoire", tranche Sophie Vénétitay.

Pour elle, loin de remplacer une absence, cette solution fait office de pansement pour combler les trous dans les emplois du temps. "On se retrouve avec une forme de permanence numérique. Finalement, ce décret ne fait que réinventer la permanence en 2023", ironise-t-elle.

Une organisation plus complexe à déployer au lycée qu'au collège

Une solution qui pourrait s’organiser au collège, mais plus difficilement au lycée. Surtout pendant le cycle terminale (en classe de première et de terminale) où la logique de classe n’existe plus vraiment avec les sous-groupes pour les cours de spécialités.

Une réalité qui pourrait démultiplier le nombre de groupes qui ont besoin, au même moment, de suivre une séquence pédagogique.

Le décret rejeté unanimement par les syndicats

Face à ces craintes et ces incertitudes, l’ensemble des syndicats a rejeté le décret au début de l'été. "Tous les syndicats ont voté contre ce texte quand il a été présenté dans les instances de dialogue social du ministère", précise Sophie Vénétitay. Malgré ce refus unanime, le texte a été publié le 8 août. "Ils sont passés en force", déplore la secrétaire générale.

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