Décryptage

Face au développement des réseaux sociaux, comment les jeunes s'informent-ils aujourd'hui ?

73% des 16-30 ans utilisent un réseau social ou un média en ligne pour s'informer quotidiennement, selon une étude réalisée par Ipsos en 2022.
73% des 16-30 ans utilisent un réseau social ou un média en ligne pour s'informer quotidiennement, selon une étude réalisée par Ipsos en 2022. © Adobe Stock/VectorMine
Par Thomas Leduc, mis à jour le 11 octobre 2023
4 min

Alors que les jeunes s'informent de plus en plus sur les réseaux sociaux, comment s'assurer de la fiabilité des informations ? La guerre en Ukraine et le conflit israélo-palestinien alimentent les fake news et prises de positions sans expertise, si bien qu'il est essentiel d'éduquer les jeunes aux nouveaux médias.

"Je ne connais personne de mon âge autour de moi qui consomme la presse classique", explique Camille, 16 ans, qui, comme beaucoup d’adolescents, s’informe sur les réseaux sociaux. Pourtant, même si l’actualité en temps réel est un avantage, il peut s’avérer compliqué de bien s’informer et de démêler le vrai du faux…

Alors que des fausses informations circulent, notamment sur la guerre en Ukraine et la situation en Israël et en Palestine, les jeunes doivent être de plus en plus vigilants sur leurs canaux d'information.

Des informations plus facilement accessibles sur les réseaux sociaux

Selon une étude réalisée par Ipsos en 2022, 73% des 16-30 ans utilisent un réseau social ou un média en ligne pour s'informer quotidiennement. La plupart des grosses actualités, Camille les découvre "grâce aux réseaux sociaux" via des "tweets ou des vidéos TikTok sans suivre de comptes en particulier" : "L’info tourne vite, je la découvre sur mon téléphone que j'ai toujours sur moi, contrairement à la télé et aux journaux."

Damian, 15 ans, est sur la même longueur d’onde : "J’ai d’autres occupations que de regarder la télé, ce n’est pas si important pour moi et je préfère m'informer sur les réseaux sociaux. J'y suis beaucoup plus actif et connecté et l'information est directement accessible".

Certains restent tout de même dubitatifs quant aux comptes X (ex-Twitter) que beaucoup qualifient de médias, comme Naïm*, 18 ans. Il ne considère pas des comptes comme "Médiavenir" par exemple, qui relaient des informations, "comme de la presse". Selon lui, "avoir un compte Twitter ne permet pas d’être qualifié de média".

Rester vigilant face aux fake news

N’importe qui peut créer un compte sur un réseau social, poster une vidéo, et faire passer le message qu’il souhaite. De ce fait, les "fake news" pullulent, et peuvent poser problème aux plus jeunes utilisateurs.

Certains adolescents assument ne pas être très attentifs : "Même si certaines infos peuvent être fausses, je ne prends pas toujours le temps de vérifier", confirme Damian. D’autres, cependant, font cet effort. Consciente que "les gens peuvent dire n’importe quoi", Camille prend, elle, le temps de "se renseigner pour être sûre de l’info".

Nicolas Dieudonné, expert en nouveaux médias et professeur, s'inquiète qu'une certification Twitter "soit signe de crédibilité pour certains", notamment les plus jeunes, et leur conseille vivement de "diversifier leurs sources d'information" ainsi que "les pages qu'ils consultent".

Concilier presse traditionnelle et réseaux sociaux

Pour éviter de tomber dans la mésinformation, il est conseillé de concilier la presse traditionnelle et les informations sourcées et les réseaux sociaux. "Un jeune, aujourd’hui, ne va pas passer 45 minutes devant un JT. Mais il peut passer 45 minutes sur TikTok", analyse Nicolas Dieudonné. Pour remédier aux "fake news", il estime que c'est aux médias traditionnels de s’adapter aux codes de la nouvelle génération.

Selon lui, il faut que ces derniers proposent des "contenus plus condensés" avec des formats dédiés aux jeunes et qu'ils soient présents sur les canaux d'information qu'ils utilisent notamment via les réseaux sociaux. D'autre part, il est essentiel de développer "l'éducation aux nouveaux médias" qui permettrait aux jeunes d'avoir les bonnes clés pour savoir si la personne qu'ils suivent "a de la crédibilité sur le sujet ou non", afin d'éviter la propagation d'informations qui pourraient être fausses.

*Le prénom de la personne ayant témoigné a été modifié par souhait d'anonymat.

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