COP21 : ces étudiants et diplômés feront entendre la voix des jeunes
Léa, Aglaé, Pierre, Delphine sont des jeunes passionnés. Leur point commun : leur engagement dans la lutte contre le changement climatique. À quelques jours de la COP21, qui réunira 195 pays à Paris du 30 novembre au 11 décembre 2015, ils sont prêts à participer aux débats de l’Organisation des nations unies en tant qu’observateurs. Leur mission : représenter la génération future.
"J'ai été élevée dans une famille qui cuisinait la marmite environnement", affirme Léa, 25 ans. Diplômée en science politique spécialité relations internationales à l'université Panthéon-Sorbonne, elle travaille actuellement pour WWF. En 2014, elle est allée à la COP20 à Lima, au Pérou, avec le REFEDD (Réseau français des étudiants pour le développement durable) dont elle est membre. "On découvre comment se fait la politique. On doit faire des propositions, s'adapter au langage. C'est une opportunité."
Cette année, la société civile voit son rôle prendre de l'importance. Une petite révolution, qui permet d'impliquer davantage les citoyens dans la lutte contre le changement climatique.
Observer, c'est agir
Pourtant, Léa s'interroge : "Je ne sais pas si c'est en notre faveur d'être jeunes. Certains négociateurs sont à l'écoute, d'autres pas", regrette-t-elle.
Des propos que partage, Aglaé, 24 ans, membre de l'association étudiante CliMates qui lutte contre le changement climatique et thésarde en climatologie au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement à l'Institut Pierre-Simon-Laplace de Paris. Elle assiste cette année à sa première COP. Lors de la conférence de Genève sur le changement climatique, en février 2015, "j’avais du mal à comprendre le rôle que je pouvais jouer, ce que la jeunesse pouvait faire". Mais être observateur, c'est également être acteur.
"J'ai espoir qu'il y ait de vraies revendications de la jeunesse et qu'elles soient prises en compte à l'issue de la COP", explique Pierre, 23 ans, observateur pour CliMates.
Aglaé est thésarde en climatologie au laboratoire des sciences du climat et de l'environnement à l'Institut Pierre-Simon-Laplace de Paris. // © Photo fournie par le témoin
Accrocher les jeunes
Lobbying, sittings, happenings, le rôle de ces jeunes est de contacter les négociateurs, les rallier à leur cause et rapporter le contenu des débats, souvent très techniques et juridiques, à ceux qui ne peuvent pas être là.
Léa se souvient qu'à Lima elle a dû prendre la parole devant des diplomates : "J'ai perdu mon discours au moment de commencer. Je leur ai dit 'one minute please', alors qu'on n'a que 2 minutes pour parler ! J'étais complètement paniquée."
Pour tous, la défense de l'environnement passe d'abord par l'éducation. "Nous ne pouvons pas trouver un accord si les gens ne comprennent pas les enjeux", affirme Léa. De ce fait, Aglaé, fan de l'univers geek, a lancé un projet original de blog : le Climate Nerd. L'objectif : s'inspirer d'un univers de science-fiction pour vulgariser au maximum et toucher le plus de jeunes possible.
Delphine, présidente de CliMates, prépare un master en affaires européennes à Sciences po Paris. // © Photo fournie par le témoin
Des porteurs de flamme
Delphine, 24 ans, présidente de CliMates depuis 1 an, a eu le déclic quand elle est partie en Nouvelle-Zélande dans le cadre de ses études à Sciences po. "Là-bas, j'ai pris conscience que je vivais au détriment de la planète et des gens autour, ça fait un choc." Sa motivation, c'est de "participer à un mouvement à notre échelle, avec nos moyens : on dégage de l'argent, du temps, on se forme pour défendre nos points de vue", explique celle qui prépare un master en affaires européennes à Sciences po Paris et passe parfois 70 heures par semaine à travailler pour l’association. Delphine a la chance d’avoir pu intégrer sa présidence à son parcours universitaire. En effet, son établissement considère son engagement associatif comme un projet personnel et lui permet de valider son semestre.
Tous s'engagent sur leur temps libre. Pierre est inscrit à la Prép'ENA de l'ENS Ulm à Paris. Il prépare un concours du ministère des Affaires étrangères et sera également représentant des jeunes au sein de la délégation française. Il affirme que l'associatif est une "montée en compétences" qui donne de la valeur à un parcours universitaire. Pour lui, le plus important c'est que tous ces jeunes, qui font partie du réseau Youngo, l'international Youth Climate Movement, en plus de faire entendre la voix de la jeunesse, diffuseront des messages à d'autres, notamment par le biais des réseaux sociaux. De véritables "porteurs de flamme".