Le mentorat au lycée, un soutien sans jugement

"Au début, on était gênées, mais après quelques rendez-vous, le feeling est passé et aujourd’hui, il y a un lien fort entre nous." Quand Anjy parle de sa mentor, Denise, elle ne tarit pas d’éloges.

Comme la lycéenne de 17 ans, 150.000 jeunes français sont accompagnés par un mentor, selon le site du gouvernement "1 jeune, 1 mentor". Déclaré "grande cause nationale 2023", le dispositif est mis en avant par le gouvernement, qui entend le déployer davantage

Au lycée, cet accompagnement se traduit souvent par du soutien scolaire et de l’aide à l’orientation. Et peut se poursuivre pendant les études supérieures. Anjy, Aissatou et Jessica reviennent sur leur expérience.

Le mentorat est un dispositif d’accompagnement des jeunes de 5 à 30 ans. Ce dernier peut être un étudiant, un professionnel ou un retraité. La mise en relation peut se faire via le site "1 jeune, 1 mentor" ou des associations spécialisées.

Autre intermédiaire : l'établissement scolaire. Anjy a ainsi été mentorée grâce à l’intervention du CPE de son lycée à Marseille (13). "Il a vu que j’avais de grosses difficultés scolaires et grâce à lui, j'ai été mise en relation avec l’Afev [l’association de la fondation étudiante pour la ville, NDLR] qui m’a présenté des personnes pour devenir mon mentor."

À l’Afev, le mentorat se traduit par l’accompagnement d’élèves en difficulté par des étudiants bénévoles. D’autres associations, comme l’Anaf (l’association nationale des apprentis de France) consacrent le mentorat à l’accompagnement de jeunes apprentis, là où l’AJE (l’association jeunesse et entreprises), par exemple, aide les jeunes à découvrir le monde de l’entreprise.

Anjy peut compter depuis un an sur le soutien de Denise, étudiante en deuxième année de licence à la fac de droit. Si au départ, les deux jeunes filles n’étaient pas très à l’aise, aujourd’hui une relation de confiance s’est créée. "Quand on se voit, on parle de tout, de l’école, mais aussi d’autres sujets."

Même chose pour, Aïssatou, étudiante en deuxième année de BTS. Depuis la classe de 1re, elle est suivie par Stéphane, retraité. "Il m’apporte son soutien depuis plusieurs années, donc on se connaît bien maintenant."

Jessica, elle, apprécie le soutien de Romain qui travaille dans le secteur de la logistique, son mentor depuis un an. "Il n’est pas dans le jugement et je trouve ça essentiel. Ce n’est pas mon professeur, ce n’est pas quelqu’un de ma famille, donc son avis est important pour moi, car il n’est pas là pour me faire plaisir, il n’est pas là pour me juger : il est juste objectif."

Avoir un bon feeling avec son mentor, une première étape essentielle pour que l’accompagnement se passe au mieux. Anjy a ainsi refusé le premier accompagnant proposé : "Au début, on m’avait présenté un mentor, mais je me sentais plus à l’aise avec l’idée d’être accompagnée par une fille".

La lycéenne, qui redouble sa 2de, bénéficie principalement de soutien scolaire. "Elle m’aide surtout en maths et en français, mais je peux poser toutes les questions que je veux." Ce qui marche ? "On travaille en nous amusant, en papotant, elle m’apporte d’autres techniques de révisions et du coup ça rentre !"

De son côté, Aïssatou a abordé les questions d'orientation avec son mentor. "Je ne savais pas si, après le bac, je voulais continuer mes études. Je pensais faire de la comptabilité, mais je ne connaissais pas beaucoup ce secteur." Ancien salarié dans la finance, son mentor lui apporte les informations qui lui manquent. "Il m’a aussi accompagnée sur Parcoursup et m’a permis de faire un stage en cabinet de comptabilité."

Jessica aussi a pu bénéficier du soutien de son mentor dans sa recherche de stage. "Il m’a donné des contacts, m’a aidée à appeler des entreprises, faire les mails de relance sans aucune pression. Ça m’a énormément aidée !"

Le mentorat existe aussi pour aider les nouveaux étudiants à prendre leurs marques. "Des étudiants de deuxième et troisième années à l'université accompagnent des première année pour les aider à bien s’intégrer dans l’enseignement supérieur", explique Sandrine Martin, directrice enseignement supérieur jeunesse de l'Afev.

Anjy appelle ceux qui hésitent à bien y réfléchir. "Des amis n’ont pas voulu être mentorés par honte. Pour moi, ce n’est pas du tout honteux, au contraire. C’est une chance de pouvoir être aidé, il faut la saisir !" Comme Jessica et Aïssatou, elle souhaite d'ailleurs poursuivre cet accompagnement dans les années à venir.