Cette fiche s'inscrit dans les problématiques de l'organisation du travail, de productivité...et permet d'avoir une vue (très) sommaire sur un siècle de transformations en la matière.
Economie - Bac ES
TAYLORISME, FORDISME, TOYOTISME
Thème du programme : Travail et emploi (niveau économique ET social)
Cette fiche s'inscrit dans les problématiques de l'organisation
du travail, de productivité...et permet d'avoir une vue
(très) sommaire sur un siècle de transformations en la
matière.
Il y a souvent beaucoup de confusion(s) autour de ces trois
« ismes ». Ces 3 concepts dépassent
largement la simple
division du travail clairement énoncée par
Smith
plus d'un siècle auparavant. Ces trois
« ismes » s'inscrivent dans le XX°
siècle et plus particulièrement jusqu'aux années
70.
I) TAYLORISME
Principe d'organisation du travail élaboré par Frederick
Winslow Taylor au début du XXème siècle. Il s'agit
d'une
organisation scientifique du travail (OST) instaurée dans un objectif principal de
productivité.
Liée à l'industrialisation croissante, l'organisation
taylorienne dépasse largement le concept de division du travail
de Smith en opérant une double séparation: entre
conception et exécution de la production d'une part, entre les
différentes tâches d'exécution d'autre part (le
travail à la chaîne). L'ouvrier taylorien est plus
productif mais le travail devient plus
aliénant et
déresponsabilisant.
Un siècle plus tard, ce taylorisme s'est transformé mais
est toujours bien réel, notamment dans les services (call
centers, restaurants fast-food par exemple). On peut aussi
évoquer le fayolisme (de Fayol), sorte de pendant du taylorisme
pour l'organisation administrative. En lien avec la sociologie:
bureaucratie (Boudon...).
II) FORDISME
Bien sûr, ce concept est lié au taylorisme dans la mesure
où Henry Ford développe et prolonge les principes de
l'OST qu'il applique dans sa production automobile. Très vite,
toute l'industrie (pas seulement automobile) applique ces principes de
productivité. Mais la notion de fordisme va plus loin. Chez Ford
tout d'abord avec des employés relativement mieux
rémunérés grâce aux
gains de productivité
et la célèbre boutade d'Henry Ford : «je paye bien
mes ouvriers afin qu'ils puissent acheter mes voitures ». Au
niveau macroéconomique ensuite, dans un contexte de
production standardisée de masse
pour une consommation de masse. Dans ce contexte, encore peu
concurrentiel, il est facile de vendre (besoins d'équipement des
consommateurs) d'autant mieux que le pouvoir d'achat est en hausse. De
façon encore plus large, le fordisme correspond à une
longue période de
capitalisme régulé, on parle de
compromis
fordiste, pendant laquelle (jusqu'au choc pétrolier de 73
environ) le « système » est
gagnant-gagnant à la fois pour les entreprises et pour les
salariés. Dans cette vision macro et sociale, il ne faut plus
confondre fordisme et taylorisme.
III) TOYOTISME
Il faut analyser le toyotisme plus dans un prolongement
amélioré du taylorisme que dans une rupture totale avec
celui-ci. Comme son nom l'indique, c'est une OST mise en place par
Toyota autour des années 50 qui propose un
retournement de logique de production tout en gardant les mêmes objectifs de productivité. L'ouvrier toyotiste est
polyvalent, plus responsabilisé (notamment en terme de
qualité)
et l'organisation est tournée sur les besoins de plus en plus
différenciés des consommateurs. Notons que, comme pour le
fordisme, le toyotisme se retrouve aussi ailleurs que chez Toyota ! Le
contexte devient
plus concurrentiel, il s'agit alors de répondre à la demande avec plus de
flexibilité
en produisant juste à temps, en réduisant au maximum les
stocks (objectif zéro stock). On peut penser que c'est cette
logique qui a remplacé le couple taylorisme/fordisme dans la
mesure où, aujourd'hui, l'économie ultra-concurrentielle
et internationalisée exige cette flexibilité productive.
On peut même admettre que l'exigence de qualifications, de
polyvalence, de responsabilisation ont amélioré le sort
des ouvriers (dans l'industrie) par rapport à l'organisation
taylorienne. Sans doute, mais le travail toyotiste n'est pas pour
autant moins « difficile » que le travail
taylorien-fordiste.
Pour aller plus loin :
http://www.melchior.fr/3-3-De-l-exploitation-au-frei.2067.0.html
http://brises.org/notion.php/organisation-travail/division-travail/taylorisme/fordisme/toyotisme/specialisation/cooperation/notId/49/notBranch/49/
Voir aussi le livre court, clair et passionnant de Daniel Cohen :
3 leçons sur la société post-industrielle.
J. Calatayud
Agrégé d'économie et gestion