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Bac de philo : L’Art - Fiche de révision

L'art
L'art © Adobe Stock
Par Les Bons Profs, partenaire de l'Etudiant, publié le 04 mai 2023
15 min

L’origine étymologique du mot « art » provient du terme grec « technè » qui signifie « technique ». À l’origine, « art » faisait référence à la technique, sans distinction entre l’artiste et l’artisan. Cette distinction a émergé au XVIIIe siècle, lorsque l’Académie a différencié l’ordre des arts mécaniques, c’est-à-dire l’artisanat, de l’ordre des Beaux-Arts, que l’on appelle aujourd’hui l’art.

Mais pourquoi cette distinction entre l’art et la technique ? Contrairement à un objet technique qui a une utilité, étant un moyen pour atteindre une fin, comme un outil ou un marteau, l’art peut être considéré comme une fin en soi. Une œuvre d’art est considérée comme inutile, car elle est une fin en soi. Elle a pour but fondamental de susciter des émotions grâce à sa dimension esthétique, ce qui n’est pas le cas de l’objet technique, bien que cela arrive. Le design, quant à lui, cherche à créer des objets à la fois techniques et artistiques. La question soulevée est ainsi : d’où vient la création artistique ?

Bac de philo : Le génie comme miracle

La première explication est liée au génie : seules les personnes dotées de cette qualité exceptionnelle sont capables de créer des œuvres d’art remarquables. Le génie est considéré comme un don inné, une capacité reçue dès la naissance qui permet de créer grâce à une inspiration soudaine et profonde. Ce phénomène est souvent entouré d’une certaine aura de mystère.

Le génie est si mystérieux que certains l’ont considéré comme un don divin, comme si les artistes créaient sous l’inspiration des dieux. Platon a exprimé cette idée dans l’un de ses textes, intitulé Ménon, où il suggère que l’artiste est possédé par une muse. Selon cette conception, l’artiste perd sa raison et se met à créer sous l’impulsion d’une force supérieure à lui. Dans son poème « Ma Bohème », Arthur Rimbaud exprime une idée similaire en écrivant : « Je m’en allais, les poings dans mes poches crevées ; Mon paletot aussi devenait idéal ; J’allais sous le ciel, Muse ! et j’étais ton fidèle » (vers 1-3).

Lorsqu’on parle de génie, on se heurte à une limite : cette notion ne fait que nommer le problème, sans le résoudre véritablement. En cherchant à comprendre l’origine de la création artistique, on utilise un mot magique qui est censé tout expliquer. Mais cette approche est en réalité insuffisante.

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Le travail de l’artiste : comment en parler au Bac de Philo

Dans sa correspondance écrite pendant la rédaction de Madame Bovary, Gustave Flaubert rapporte que parfois il lui faut jusqu’à six semaines pour écrire seulement 25 pages. Cette anecdote souligne la rigueur et l’acharnement nécessaires à la création artistique, les artistes devant consacrer beaucoup de temps à ce travail pour réaliser leurs œuvres.

Dans un de ses textes, Nietzsche remet en question la conception populaire du génie comme étant une intuition spontanée. Il utilise sa méthode de déconstruction des idoles (ou de valeurs) qu’il applique à la notion de génie.

Il se pose alors la question suivante : derrière ces idoles, y a-t-il un affect, une pulsion, quelque chose d’irrationnel caché derrière une apparente rationalité ? Selon Nietzsche, la notion de génie est souvent utilisée pour désigner les œuvres qui procurent beaucoup de plaisir. Cette jouissance est telle qu’elle ne peut être altérée par la jalousie. En conférant à une personne cette qualité quasi-divine de génie, on se met dans une position inégalitaire qui ne permet pas de rivaliser. En d’autres termes, en attribuant le génie à une personne, on s’excuse de ne pas avoir réussi aussi bien, on coupe l’herbe sous le pied à ce sentiment d’envie et on ne laisse place qu’à l’admiration, conclut Nietzsche.

Le philosophe explique que nous sous-estimons le travail nécessaire à la création d’une œuvre, car nous ne sommes confrontés qu’à sa version finale. Si nous prenions en compte tous les efforts qui ont conduit à cette réalisation, nous serions, pour utiliser son langage, « refroidis ». Nietzsche remarque que nous ne sommes pas attirés par le processus de création, mais plutôt par le produit fini, qui est considéré comme parfait.

Le fait de voir quelque chose en train de se réaliser a tendance à le dévaluer. C’est pourquoi Nietzsche affirme que les artistes sont davantage qualifiés de génies que les scientifiques. En effet, pour les scientifiques, on suppose généralement qu’ils ont suivi un processus de raisonnement pour arriver à la vérité, alors que cette dimension n’est pas aussi évidente pour les artistes. Nietzsche souligne l’importance du travail non seulement dans la création artistique, mais également dans la production artistique, qui implique une dimension de labeur plus marquée.

Malgré cela, l’artiste ne peut être considéré simplement comme un travailleur ou un artisan. Il possède une spécificité et une originalité qui doivent être préservées. Cela peut être exploré dans une troisième partie, qui cherche précisément à distinguer l’artiste de l’artisan.

Artiste et artisan (Alain) : au Bac de Philosophie

Alain, un philosophe du XXe siècle, a été utilisé pour distinguer l’artiste de l’artisan. Selon lui, bien que l’artiste soit un artisan, il est également bien plus que cela.

Alain affirme que l’artiste est avant tout un artisan. Selon lui, contrairement à l’idée reçue selon laquelle l’imagination serait à l’origine de la création artistique, cette dernière trouve son origine dans l’observation. Plus particulièrement dans l’observation de la matière que l’artiste va transformer. Par exemple, pour un sculpteur, c’est le bloc de marbre qu’il transformera. Alain souligne que cette matière comporte des contraintes que l’artiste doit prendre en compte. Chaque bloc de marbre étant unique, il présente des contraintes spécifiques qui lui sont propres. La matière elle-même sert de matériau à l’imagination de l’artiste et la stimule. Sans cette matière, l’imagination ne serait pas aussi bien sollicitée. Ainsi, l’artiste travaille avant tout une matière, ce qui fait de lui un artisan. Selon Alain, l’invention ne se produit que par le travail.

Toutefois, Alain souligne que l’artiste ne peut être considéré uniquement comme un artisan. Pour un artisan, l’idée précède l’action et guide la réalisation de l’objet : un cordonnier, par exemple, a en tête toutes les étapes nécessaires pour créer une paire de chaussures avant même de commencer à travailler. En revanche, pour un artiste, l’idée émerge au fur et à mesure de la création et se développe en même temps que l’exécution. Même un portraitiste ne planifie pas toutes les étapes de son travail à l’avance, telles que les couleurs qu’il utilisera. Selon Alain, l’artiste observe sa propre création comme si elle se réalisait d’elle-même. Il affirme également que l’auteur puise son inspiration dans le processus créatif en cours. Ainsi, la distinction entre l’artiste et l’artisan repose sur leur relation respective entre l’idée et sa réalisation concrète.

Après avoir examiné l’origine de la création artistique, notre attention se tourne désormais vers le sujet du goût, à savoir la beauté. En effet, le goût se réfère à notre capacité à identifier et à apprécier ce qui est considéré comme beau.

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- La nature
- Le bonheur
- La liberté
- La vérité
- L’État

Le jugement du goût : comment le traiter au Bac de Philo

La définition du beau selon Emmanuel Kant est « ce qui plaît universellement sans concept », comme expliqué en détail dans une autre vidéo. Toutefois, pour Kant, l’élément clé ici est l’universalité du goût. Il différencie également le beau de l’agréable, qui se réfère à une expérience subjective et relative à notre propre constitution. Ce qui me plaît peut ne pas plaire à mon voisin. Ainsi, bien que la beauté soit fondée sur une expérience subjective, elle prétend également à l’universalité selon Kant. Lorsque je déclare qu’une chose est belle, cela implique que tout le monde devrait ressentir le même plaisir face à cette chose. En somme, pour Kant, le goût possède une dimension universelle.

Le relativisme esthétique : voyons ensemble comment en parler au Bac de Philo

La thèse du relativisme esthétique remet en question l’universalité de la beauté. Dans son article intitulé « Beau » du Dictionnaire philosophique, Voltaire souligne la diversité des goûts. En effet, ce qui peut sembler beau à une personne peut être perçu comme laid par une autre. De plus, Voltaire mentionne que les préférences esthétiques varient selon les cultures et les modes. Ce qui est considéré comme à la mode à Paris peut ne pas l’être à Pékin, et ce qui plaît à un Français peut ne pas être plaisant à un Anglais.

La notion de l’universalité de la beauté est également contestée par la critique sociologique de l’art. Selon cette approche, il est possible de comprendre le comportement humain en le replaçant dans son contexte social. Pour Pierre Bourdieu, notre comportement est influencé par notre milieu social. Ainsi, si la sociologie de l’art existe, c’est parce que notre relation à l’art n’est pas naturelle ou spontanée, mais plutôt le reflet de notre contexte social. Nos opinions et pensées sur l’art ne proviennent pas de notre subjectivité, mais plutôt de notre environnement.

D’après Bourdieu, notre inclination à apprécier l’art est conditionnée par des facteurs souvent ignorés. Tout d’abord, il faut appartenir à un milieu culturellement privilégié, c’est-à-dire avoir été exposé à l’art depuis notre enfance, à travers des visites de musées, des expositions, du théâtre ou du cinéma. Ensuite, il faut posséder un certain capital économique : aller régulièrement à l’opéra ou au cinéma requiert des ressources financières. Enfin, notre lieu de résidence. En effet, vivre dans une grande ville offre une plus grande variété d’offres culturelles comparé à la vie dans une région rurale. Ainsi, l’appréciation de l’art ne serait ni naturelle, ni universelle, mais plutôt déterminée par des conditions sociales et historiques spécifiques. Ces conditions sont généralement associées à la classe dominante.

Selon Bourdieu, la classe dominante a tendance à considérer son propre goût comme universel et à ériger ses préférences en normes esthétiques, sans prendre en compte que ses choix reflètent sa position sociale privilégiée. Cette attitude permet à cette classe de se distinguer des autres en faisant du goût une marque de distinction sociale, tout en ignorant que leur appréciation de l’art est largement influencée par leur milieu socio-économique.

Dans quelle mesure : Le goût s’éduque, au Bac de Philo

Cependant, il existe des œuvres d’art qui défient cette notion : les « classiques » ont traversé les époques. Ainsi, il y a des œuvres qui sont unanimement considérées comme magnifiques et supérieures à d’autres, indépendamment des goûts et des lieux. Cette réalité suggère que la beauté existe indépendamment de la diversité des goûts et malgré le fait que l’art puisse être utilisé pour se distinguer socialement.

Pour résoudre cette contradiction, il est essentiel de comprendre que le goût peut être éduqué. C’est l’argument avancé par David Hume, un philosophe empiriste du XVIIIe siècle. Selon Hume, « les principes du goût sont universels », un point de vue qui sera également partagé par Kant. Cependant, Hume ajoute qu’il n’y a que certains individus compétents qui ont l’autorité pour faire de leurs préférences en matière de beauté la norme du goût. Ces personnes ont perfectionné leur goût à travers l’apprentissage et l’expérience. Par conséquent, il est nécessaire d’avoir des compétences pour pouvoir juger de ce qui est beau ou non, et cela n’est pas accessible à tout le monde.

Les compétences requises pour juger de la beauté sont les suivantes :

  • La délicatesse, c’est-à-dire la sensibilité aiguisée pour discerner la beauté.

  • La capacité à percevoir les détails, plutôt que de se contenter de l’apparence superficielle d’une œuvre.

  • La pratique, en ayant une grande expérience dans l’appréciation des œuvres d’art, ce qui permet des comparaisons pour percevoir l’originalité.

  • L’impartialité, c’est-à-dire la capacité à se détacher de tout préjugé lors de l’évaluation d’une œuvre d’art.

On peut prendre l’exemple des impressionnistes pour illustrer ce point. À leurs débuts, ils ont été fortement critiqués car la peinture figurative était considérée comme la seule forme d’art valable. Selon Hume, seules les personnes possédant les qualités requises peuvent faire de leur sensibilité la norme du goût.

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