Décryptage

Deux ans après son ouverture, la prépa MP2I a trouvé son public

Pour 1.350 places disponibles à la rentrée en prépa MP21, plus de 37.000 vœux ont été formulés par les lycéens sur Parcoursup lors de l'édition 2023.
Pour 1.350 places disponibles à la rentrée en prépa MP21, plus de 37.000 vœux ont été formulés par les lycéens sur Parcoursup lors de l'édition 2023. © Adobe stock/master1305
Par Clément Rocher, publié le 30 juin 2023
1 min

Depuis sa création en septembre 2021, la classe préparatoire mathématiques, physique, ingénierie et informatique attire des jeunes passionnés par l'informatique. Après deux années d'études, la première promotion intègre les grandes écoles d'ingénieurs à la rentrée prochaine.

Ouverte à la rentrée 2021, la classe préparatoire MP2I (maths, physique, ingénierie et informatique) recrute des jeunes bacheliers d'un bon niveau scolaire avec une forte appétence pour les sciences, en mathématiques et en informatique notamment.

Une trentaine de classes sont ouvertes dans des lycées à travers tout le territoire. "Elles ne sont pas du tout concentrées en région parisienne, dans les établissements les plus sélectifs", souligne Denis Choimet, président de l'Union des professeurs de classes préparatoires scientifiques (UPS).

La prépa MP2I recrute plus d'un millier de lycéens

Depuis deux ans, la nouvelle filière de classe préparatoire scientifique remplit ses classes sans grande difficulté : pour 1.350 places disponibles à la rentrée, plus de 37.000 vœux ont été formulés par les lycéens sur la plateforme Parcoursup lors de l'édition 2023.

"La filière a rencontré son public, car elle répondait à un vrai besoin. La classe prépa est un système robuste qui s'adapte aux réformes, et qui est apte à attirer de nouveaux profils", affirme Denis Choimet.

"Le succès rencontré par cette filière confirme le modèle de la prépa : la gratuité, l’intensité du suivi, la variété des débouchés, ce sont des atouts qui méritent d'être défendus", poursuit-il.

Une voie idéale pour les maths-NSI

La filière a été créée afin de permettre aux lycéens ayant choisi la doublette maths-NSI (numérique et sciences informatiques) de trouver leur voie en classe préparatoire. "Un pari gagné", pour le président de l'UPS.

C'est le cas de Garance, étudiante au lycée Champollion, à Grenoble (38). "J'ai particulièrement apprécié l'informatique, j'en avais fait au lycée en NSI, mais j'ai pu mieux comprendre ce qui se passe derrière un code avec la programmation concurrente ou la gestion de la mémoire. Et c'est en deuxième année surtout que j'ai apprécié la physique grâce à des chapitres liés à l'électromagnétisme ou la mécanique quantique", assure-t-elle.

Corentin, étudiant au lycée Hoche, à Versailles (78) a, lui aussi, approfondi ses compétences en informatique. "J'ai une appétence pour la programmation. J'ai apprécié les TP pendant lesquels nous écrivions nos programmes en C et Ocaml, et les cours sur l'architecture des ordinateurs."

Un équilibre maths-physique et maths-NSI

Cependant, la filière MP2I n'est pas réservée, comme on le prétend parfois, à des élèves ayant suivi la spécialité NSI, avec un premier bagage en informatique. "Les deux combinaisons maths-physique et maths-NSI sont parfaitement adaptées à cette filière. On va tendre vers un équilibre entre les deux", explique Denis Choimet.

Après quelques semaines de cours, il est difficile de distinguer les étudiants entre eux. "Ceux qui ont pris la spécialité NSI en terminale ont un avantage au début, mais les cartes sont vite redistribuées", observe Laurent Walbron, professeur de mathématiques en MPI au lycée Gay Lussac, à Limoges (87).

Les professeurs s'adaptent aux niveaux assez hétérogènes des élèves en début d'année. "Certains étudiants sont extrêmement à l’aise alors que d'autres savent à peine programmer. Il faut remettre des bases pour tout le monde. On prend le temps d’apprendre à faire de l’informatique", soutient Maxime Rebout, professeur d’informatique en MP2I au lycée du Parc à Lyon (69).

Une forte poursuite d'études en MPI

Cette première année de prépa MP2I est complétée par une deuxième année, la prépa MPI (mathématiques, physique et informatique). La grande majorité des étudiants se dirigent vers la filière MPI en raison de leur passion pour la discipline informatique.

Un choix d'option au deuxième semestre conduit néanmoins certains élèves à se réorienter en prépa MP ou PSI. "Certains vont bifurquer, car ce qu'ils pensaient être de l'informatique n'a pas répondu à leurs attentes. Cela entraîne des réorientations, mais elles restent marginales", répond Denis Choimet.

En 2023, les étudiants de la filière MPI ont passé pour la première fois les concours d'entrée aux écoles d'ingénieurs. "Tous les grands concours ont proposé des places aux jeunes qui ont choisi la filière MPI. Les chances d’intégration sont équivalentes pour les étudiants de prépa MPI que pour les étudiants des autres filières", se réjouit-il.

Selon les enseignants, ces candidats se sont présentés aux concours bien préparés. "Les élèves ont trouvé que les épreuves étaient plutôt raisonnables. Ils n’ont pas eu de mauvaises surprises", explique Laurent Walbron.

De son côté, Garance a passé les épreuves écrites des concours Mines-Télécom et CCINP. "Je n'ai finalement pas trop mal réussi en physique à CCINP, et j'ai fait une bonne performance en maths aux Mines. J'ai des bons résultats en informatique mais ç'a été le cas de toute ma classe", témoigne l'étudiante, qui se présentera aux oraux d'ici quelques jours.

La mixité de genre n'est pas au rendez-vous

Bémol pour la filière MP2I, elle peine à recruter de jeunes femmes, en raison des disciplines enseignées. "Plus une filière propose des maths et de l'informatique, moins elle va réussir à attirer des filles", relève Denis Choimet.

En tout cas, Garance ne regrette absolument pas son choix. "Si tu apprécies les maths, que tu sens que c'est ta matière, tu aimeras l'informatique. Ce sont des maths cachées en plus ludique, affirme-t-elle. Ce n'est pas réservé aux gens qui codent déjà depuis petits, qui ont toujours joué aux jeux vidéo. C'est avant tout une science qui s'apprend en cours."

À partir de la rentrée, enseignants et étudiants vont aller à la rencontre des lycéennes, dès la classe de seconde, pour leur faire découvrir cette spécialité. "Il faut leur montrer les débouchés qui existent dans cette filière et les défis devant nous qui sont énormes. Il n'y a pas de raison que les jeunes filles ne réussissent pas dans ces filières", conclut-il.

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