Portrait

Safe Campus, une plateforme pour s'attaquer aux violences sexistes dans le supérieur

Marine Dupriez-Safe Campus
Marine Dupriez a créé la première plateforme pour prévenir les violences sexuelles et sexistes sur les campus. © Photo fournie par le témoin
Par Dahvia Ouadia, publié le 06 mars 2020
5 min

Marine Dupriez est la jeune fondatrice de Safe Campus, une plateforme qui permet de lutter contre les violences sexuelles et sexistes dans les établissements du supérieur. À l’occasion de la Journée internationale des droits des femmes, le 8 mars, l’Etudiant revient sur son parcours.

S’attaquer aux violences sexistes et sexuelles sur les campus, et notamment ceux des écoles de commerce et d’ingénieurs, c’est l’ambition de Marine Dupriez, fondatrice de la plateforme Safe Campus, créée en juillet 2019.

Une prise de conscience tardive

Cette jeune femme de 27 ans, diplômée de l'EDHEC, s’est plus particulierement intéressée aux questions d’égalité des genres après avoir subi pendant ses études des situations de sexisme. "À cette époque, je pensais vraiment être un cas isolé, mais je me suis rapidement rendu compte que de nombreuses femmes vivaient exactement la même chose", explique-t-elle.

Pourtant, ce n’est que pendant sa dernière année d’études qu’elle prend conscience qu’elle est victime de sexisme. "J’ai mis du temps à m’engager parce que je n’avais pas vraiment réalisé que ce que je vivais n’était pas normal. Il a fallu que je sorte du système étudiant pour avoir le recul nécessaire", estime-t-elle.

Elle s’engage dès 2017 auprès de plusieurs associations en faveur de l’égalité des genres.

Elle devient médiatrice auprès des collégiens et des lycéens avec l’association Empow’Her. "Je voyais l’impact que ces actions pouvaient avoir sur le terrain. Quand on aborde le sujet du sexisme, on crée un espace de parole pour les jeunes. Ils peuvent ressentir une forme de soulagement de voir leur parole libérée et écoutée."

Accompagner les établissements

Forte de ces échanges, Marine Dupriez réfléchit à la pertinence de proposer des actions de sensibilisation dans les établissements du supérieur, et notamment dans les écoles de commerce et d'ingénieurs. "Je me suis dit que cela avait du sens car ces thématiques de sexisme et d’égalité des genres concernent l’ensemble des établissements."

C’est ainsi qu’est né le concept de Safe Campus, en juin 2019, avec l’association En avant toutes

. Mais, au fur et à mesure, Marine Dupriez s’aperçoit de l’importance du besoin dans les établissements. Elle décide donc de créer une plateforme qui propose un dispositif complet.

En effet, si elle salue effectivement les efforts des écoles pour mettre en place des solutions, elle a aussi le sentiment que ces dernières ne sont ni complètes, ni adaptées. "Certains dispositifs sont même dangereux ! Quand des écoles nomment des étudiants et étudiantes 'référents harcèlement', c’est dangereux. On doit faire appel à des experts compétents", affirme-t-elle.

Malgré ces mesures, et selon les témoignages que la jeune femme reçoit, elle estime que la situation n’a pas beaucoup changé. "Les écoles sont plus punitives, mais ces violences existent toujours."

Son constat est clair : "Tant que les problèmes des violences sexistes, sexuelles et des stéréotypes ne seront pas traités, la situation des femmes dans la société n’évoluera pas".

Un dispositif en trois axes

Safe Campus propose aux établissements du supérieur trois axes pour lutter contre les violences sexuelles et sexistes.

Le premier axe vise à sensibiliser les étudiantes pour prévenir ces violences. Safe Campus organise des ateliers réalisés en petits groupes, pour avoir des temps d’échange exclusifs et longs, et des formats "conférences" qui sont moins directement efficaces mais qui peuvent donner des informations importantes. "On donne des clés aux étudiants et étudiantes qui ne savent pas ce qu’est le consentement ou comment désamorcer des situations de violences, explique Marine Dupriez. On sensibilise aussi sur ce qu’est le harcèlement sexuel surtout entre encadrants et étudiants."
Le deuxième axe concerne la formation des encadrants. "Nous donnons des outils pour les personnels qui doivent accompagner des étudiants victimes de violences vers les autorités compétentes", précise la fondatrice. Elle évoque aussi la nécessité d’avoir des référents harcèlement formés et à temps plein dans les établissements. "Il faut que les potentielles victimes sachent où aller et qui voir. Les encadrants doivent être vraiment formés, c’est essentiel pour que l'accompagnement soit efficace."
Le troisième volet concerne la communication auprès des administrations. "Il faut que les établissements mettent en place des protocoles de signalement pour que les personnels sachent quel processus enclencher en cas de violences."

Aux établissements maintenant de se saisir de ce dispositif pour faire avancer cette cause…

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