Décryptage

Blocage des universités : quel impact sur vos examens ?

Des étudiants de Paris 4 ont voté la poursuite du blocage du campus de Clignancourt, jeudi 5 avril 2018.
Des étudiants de Paris 4 ont voté la poursuite du blocage du campus de Clignancourt, jeudi 5 avril 2018. © Laura Taillandier
Par Erwin Canard, Laura Taillandier, mis à jour le 07 avril 2018
6 min

Depuis quelques semaines, les blocages s’enchaînent au rythme des assemblées générales dans certaines universités contre la réforme Parcoursup. De quoi inquiéter certains étudiants pour leur année. Les partiels seront-ils organisés ? L'université accordera-t-elle son semestre à tout le monde ? Eléments de réponse.

Devant les grilles de la fac de lettres de Paris 4, jeudi 5 avril 2018, il y a les étudiants pro-blocage et les autres. Ceux qui – bien qu'ils soient contre la réforme de l'entrée à l'université – désapprouvent le blocage de l'établissement. En cause : des inquiétudes pour les examens qui se profilent.

Comme Justine, en master 1 de géographie, qui presse le pas pour rejoindre l'assemblée générale qui doit décider de la réouverture du campus : "Je veux juste que le blocage s'arrête. Cela ne sert à rien, ce n'est pas médiatisé." Pourtant, l'étudiante n'est pas pro-réforme pour autant et se dit inquiète des conséquences qui en découleront.

Anaëlle, étudiante en musicologie, est sur la même longueur d'onde : "J'ai beau être d'accord avec leurs revendications, ce n'est pas la bonne solution. On a des partiels à la fin de l'année. Il ne faut pas que ce blocage s'éternise, cela ne va servir qu'à braquer les étudiants."

Là où l’université est paralysée depuis plusieurs semaines comme à Toulouse, les inquiétudes et la colère des étudiants sont prégnantes. "Mon droit d'aller à la fac est entravé. On est traités d'égoïstes car on ne pense qu'à notre année, mais ceux qui bloquent ne sont-ils pas égoïstes en nous empêchant d'aller en cours ?", lâche, écœurée, Ludivine en L2 de psychologie.

"Les assemblées générales s'enchaînent tous les deux ou trois jours. Nous sommes suspendus à leurs décisions, déplore l'étudiante. Et même si je valide mon année, je n'aurai pas eu les cours nécessaires en arrivant en L3... Cela va être très compliqué pour l'année prochaine."

Un 10/20 pour tout le monde !

Devant les grilles de Paris 4, Romane, elle, estime que le blocage est "la seule solution". "C'est peut-être extrême, mais franchement la question des partiels me paraît dérisoire au regard des conséquences de la réforme. Et ce n'est pas un semestre qui va décider de mon année", affirme l'étudiante en L2 lettres, édition, médias, audiovisuel.

"Personne n'a jamais loupé son année à cause d'un blocage. Des solutions vont être trouvées", abonde une autre Romane, la secrétaire générale de l'UNEF (Union nationale des étudiants de France) Lorraine, alors que, mercredi 28 mars 2018, des étudiants ont voté le blocage "illimité" de la fac de lettres de Nancy.

Sur les campus, la revendication des étudiants d'un 10/20 pour tout le monde se propage comme une traînée de poudre. Mais les universités ne l'entendent pas de cette oreille.

Pas de semestre gratuit

"Les examens ne sont pas menacés", assure ainsi la ministre de l'Enseignement supérieur, Frédérique Vidal. "Des aménagements seront peut-être faits sur certains sites", ajoute-t-elle. Comme c'est le cas par exemple à Montpellier. Dans l'établissement Paul-Valéry, bloqué lui aussi de manière illimitée, les examens seront bien maintenus mais en ligne via une plateforme pédagogique. "Une fois encore, je redis qu'il n'y aura pas de semestre 'gratuit' avec une note de 10 (voire plus !) pour tout le monde, insiste son président, Patrick Gilli. Les diplômes de l'université Paul-Valéry ne seront pas bradés et le mérite des étudiants qui ont travaillé pour réussir sera toujours reconnu."

La solution qui semble être privilégiée par les différentes universités où les cours sont perturbés : maintenir les examens sur d'autres sites de l'établissement, aménager leur contenu en les adaptant aux cours dispensés, voire décaler le calendrier. À l'université de Bordeaux, en revanche, aucun changement en perspective. "Tous les enseignements ont été relocalisés sur d'autres campus. Au final, deux jours de cours maximum auront été perdus, c'est le fonctionnement habituel d'une année scolaire", assure l'établissement.

Vers une rétention des notes ?

Mais si les partiels sont maintenus, certains enseignants en grève s'interrogent sur l'opportunité de retenir les notes. Sur le site de Tolbiac de Paris 1, les personnels ont ainsi débattu le 5 avril, lors d'une assemblée générale, de la marche à suivre concernant les examens. Le seul pouvoir qu'on ait, c'est de ne pas donner les notes", affirme une enseignante, opposée à la réforme dans l'amphi K. "Nous pourrions faire passer les partiels, ce qui calmerait les étudiants anti-blocage, mais nous retiendrions les notes !", propose ainsi un professeur.

En attendant, le rectorat de Paris et l'université sont en train de rechercher des locaux pour faire passer les examens. Et les lieux seront annoncés le plus tard possible pour éviter des débordements. D'autant que dans certains cortèges de manifestation, des étudiants ont déjà prévenu, à l'image d'Arthur en droit à Panthéon-Sorbonne : "Si les partiels sont maintenus, on déplacera le blocage vers les salles d'examen", assure-t-il dans un haussement d'épaule.

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