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François Hollande officialise l'année de césure à l'université

François Hollande, table ronde Etre jeune en 2015, 6 mai 2015 annonce l'introduction de l'année de césure à l'université
François Hollande, table ronde Etre jeune en 2015, 6 mai 2015 annonce l'introduction de l'année de césure à l'université © Présidence de la république
Par Étienne Gless, publié le 07 mai 2015
1 min

Logement, service civique, prime d'activité... Des jeunes de tous milieux et de tous niveaux d'études ont interpelé François Hollande au cours d'une table ronde, mercredi 6 mai. L'occasion de faire le point avec le président de la République sur les dossiers en cours et à venir, notamment l'introduction et la reconnaissance de l'année de césure à l'université dès la rentrée 2015. 

François Hollande, à la rencontre des jeunes. Le 6 mai 2015, le président de la République a participé à une table ronde, "Être jeune en 2015", organisée au CESE (Conseil économique social et environnemental). À cette occasion, le chef de l'État s'est dit prêt à organiser de grandes assises de la jeunesse "pour que vous disiez ce que vous voulez pour votre pays". Puis, dans un dialogue d'une heure et quart avec plusieurs jeunes, il a fait le point sur les mesures déjà prises et celles à venir en leur faveur. 

#1. Vers un accès aux droits facilité

Quentin, étudiant en droit à l'université de Reims-Champagne-Ardenne, a présenté Agorae, l'épicerie solidaire pour étudiants en grande difficulté financière. Auprès du président, il a également plaidé pour la création d'un dossier unique regroupant toutes les demandes d'aides et de bourses des étudiants et ainsi leur faciliter l'accès à leurs droits. Le chef de l'État s'est alors engagé à simplifier la vie des jeunes.

#2. Une nouvelle journée d'information sur les droits des jeunes

Amadeus, 22 ans, titulaire d'un CAP (certificat d'aptitude professionnelle) commerce, a décroché de ses études (un bac pro microtechnique) suite à une erreur d'orientation. Depuis 2014, il bénéficie du dispositif "Garantie jeunes" mis en place à la mission locale de Bobigny. Il a ainsi signé un contrat d'un an non renouvelable lui apportant une aide financière et une aide à la recherche d'emploi. "Grâce à la Garantie Jeunes, j'ai pris conscience que je devais changer beaucoup de choses dans mon CV, ma lettre de motivation, etc." 

Amadeus a proposé à François Hollande de créer une journée d'information sur les droits des jeunes. Le chef de l'État a réfléchi à sa proposition et décidé de transformer la journée d'appel de préparation à la défense en une journée d'information aux jeunes. "Il n'y a pas pire inégalité que l'inégalité entre ceux qui savent et ceux qui ne savent pas, ceux qui sont bien orientés et ceux mal orientés", a rappelé François Hollande. "Ce sera une journée d'égalité de tous pour l'accès à l'information."

#3. L'année de césure à l'université reconnue

Hawa, 23 ans, en mission service civique pour le média participatif ZEP (Zone d'expression prioritaire) a vanté les bénéfices de l'année de césure au chef de l'État. "Après une licence en droit, économie et gestion, je voulais faire une pause dans mes études pour avoir une expérience professionnelle en lien avec mes aspirations dans le journalisme. Hélas, l'année de césure n'est pas assez valorisée en France", a-t-elle déclaré.

"Que faire pour que cela devienne un droit pour tous et non plus réservé aux élèves des grandes écoles de commerce ou d'ingénieurs ?" a demandé la jeune étudiante, qui a peur de ne pas pouvoir retrouver de formation à la fin de cette parenthèse. Comme elle, 59 % des étudiants aimeraient réaliser une telle année durant leur parcours universitaire selon une étude d'Animafac, le réseau d'associations étudiantes qui milite pour la reconnaissance et la sécurisation de cette pause.

Le chef de l'État est arrivé avec une bonne nouvelle dans sa besace : "Une circulaire va être prise dès cet été pour que la prochaine rentrée universitaire soit l'occasion d'introduire l'année de césure. Quand un jeune prend une année sabbatique ou de césure, cela sera considéré comme une suspension de son cycle universitaire, mais en aucune façon comme une rupture", a déclaré François Hollande. L'étudiant qui en bénéficiera sera toujours rattaché à son université. Pour le président de la République, cette nouvelle disposition devrait notamment faciliter l'engagement des jeunes étudiants en service civique.

#4. L'accès au logement toujours soutenu

Mathilde, 24 ans, étudiante en philosophie à la Sorbonne et bénévole à l'AFEV, un réseau d'étudiants solidaires intervenants dans les quartiers populaires, a interpellé le chef de l'État sur les questions de garantie universelle des loyers et d'indemnisation chômage des étudiants salariés. "Je n'ai pas pu continuer mes études au domicile de mes parents. J'ai dû prendre un appartement dans le privé et verser une caution en prenant un prêt bancaire que j'ai dû rembourser avec les revenus des petits boulots trouvés en parallèle de mes études".

Mathilde a été très applaudie quand elle a évoqué la suppression de l'APL (aide personnalisée au logement) pour les étudiants non boursiers. Le chef de l'État a rappelé les 40.000 logements étudiants en cours de construction en 2015 et l'existence de la CLE (caution locative étudiante) : l'État apporte sa caution en cas de défaillance de paiement du loyer, moyennant une faible cotisation.

#5. La prime d'activité sans condition d'âge

Mathilde a évoqué également la situation hybride des étudiants salariés : "Malgré les CDD (contrats à durée déterminée) voire les CDI (contrats à durée indéterminée) qu'ils peuvent enchaîner, ils n'ont pas le droit à l'indemnité Pôle emploi. Un étudiant salarié n'est pas considéré comme un chômeur quand il est entre deux contrats ou qu'il est en rupture de contrat avec son employeur. S'il n'est pas boursier du CROUS (centre des œuvres universitaires et scolaires) ou s'il l'est à un échelon insuffisant, il doit aller aux Restos du cœur - comme beaucoup de mes copains étudiants - ou accumuler les dettes". 

François Hollande a rappelé que la future prime d'activité, discutée au Parlement d'ici au mois de juillet 2015, sera accordée à tous les travailleurs pauvres sans condition d'âge. "Elle sera ouverte aux étudiants qui auront suffisamment travaillé. Il ne sera pas tenu compte des ressources des parents mais des heures travaillées".

Mais pour Clara, 21 ans, étudiante en licence d'histoire et militante au syndicat UNEF (Union nationale des étudiants en France), le critère de "0,8 SMIC" pour pouvoir bénéficier de la prime d'activité n'est pas "réaliste". "Oui, la barre est élevée", a reconnu François Hollande.

#6. Le contrat "Jeune majeur" plus favorable aux études

Mathieu, 23 ans, placé adolescent dans une famille d'accueil, a interpellé le président sur la question du contrat "Jeune majeur" qui permet de prolonger l'accompagnement du jeune jusqu'à ses 21 ans. "La prise en charge s'est arrêtée brutalement le jour de mes 21 ans, en mars, sans que je puisse terminer mon parcours de formation. Malgré tout, je peux être fier car j'ai obtenu mon BTS (brevet de technicien supérieur), l'obtention de mon permis et l'entrée en licence". "Nous devons changer les règles pour que le contrat Jeune majeur s'arrête, non à l'age d'anniversaire, mais à la fin de formation", a promis François Hollande, qui a annoncé que le gouvernement soutiendrait la proposition de loi rendant le contrat plus favorable pour les bénéficiaires de l'aide sociale à l'enfance.

#7. Pour un service civique universel

Noria, 21 ans, détentrice d'un CAP couture décor a passé neuf mois en service civique à Unis-Cités, à Toulouse, au service des autres. "C'est génial ce dispositif qui crée de la mixité sociale. Mais il n'est pas assez ouvert aux jeunes des quartiers, aux sans diplôme, qui n'ont pas tous les codes. Monsieur le président, que comptez-vous faire pour que ce dispositif touche tous les jeunes ?".

Le chef de l'État a convenu que le service civique était encore un peu un "club fermé". Seuls de 25.000 à 30.000 jeunes en ont bénéficié en 2014. "J'ai voulu que ce soit ouvert à tous les jeunes de 18 à 35 ans et à la portée de tous avec une indemnité [...]. Chaque jeune qui en fera la demande fera un service civique".

#8. Erasmus pour tous les jeunes en formation

"Tous les jeunes en formation pourront partir en Erasmus, y compris les apprentis, les élèves en alternance", a promis le chef de l'État. "On a augmenté les crédits de 40 % pour que vous puissiez tous connaître cette possibilité de voyager partout en Europe", a assuré enfin François Hollande dans son discours de clôture de la table ronde. 

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