Reportage

La rentrée en STAPS : "Ceux qui ne viennent que pour le sport vont vite manquer à l’appel"

Les installations sportives de Paris-Descartes attendent les étudiants qui reprendront le sport la deuxième semaine de rentrée.
Les installations sportives de Paris-Descartes attendent les étudiants qui reprendront le sport la deuxième semaine de rentrée. © Laura Taillandier
Par Laura Taillandier, publié le 21 septembre 2017
7 min

À l'université Paris-Descartes, la rentrée en STAPS commence, mais les étudiants n'ont pas encore enfilé leur jogging. Ici, l'année débute par des cours magistraux. "Un rite de passage" qui leur permet de se familiariser avec les matières théoriques qui compteront pour deux tiers dans l'obtention de leur année.

Pas besoin de jouer des coudes pour entrer dans l'amphi. Mardi 19 septembre 2017, les étudiants de STAPS (Sciences et techniques des activités physiques et sportives) de Paris-Descartes entament leur deuxième jour de rentrée, loin du hashtag #monamphivacraquer. Ils se dirigent droit vers un cours sur "les forces fictives".

Les cours magistraux, "un rite de passage"

À l'intérieur, les rangées sont bien remplies mais quelques sièges restent libres au premier rang. Le professeur apostrophe les élèves, micro à la main. "La force centrifuge, ça n’existe pas. C’est le principe d’inertie qui vaut." Les étudiants sont attentifs même si certains se risquent au bavardage. Laura, bac ES en poche, se veut pragmatique : "Du moment qu'on évite le fond de la salle... Là-bas tout le monde parle, c'est l'horreur !" "L'amphi est petit, mais on a de la place", résume Charlotte, qui se réoriente après deux tentatives en PACES (Première année commune aux études de santé).

S'il n'y a pas de mêlée dans les couloirs, c'est que l'université a opté pour une nouvelle organisation face à "l'afflux des étudiants" – 550 en première année en cette rentrée. L'année débute par une semaine exclusive de cours magistraux. "Un rite de passage" qui responsabilise les étudiants et permet de ressentir "l’ambiance de la promo", avance le directeur de l'UFR (unité de formation et de recherche), Luc Collard. En clair : les étudiants devront attendre avant de se remettre au sport !

staps
staps © Laura Taillandier

Les cours sont dédoublés sur deux sites : celui de l'UFR de STAPS et celui de pharmacie, dans un autre arrondissement de Paris. Cette organisation ne déstabilise pas les étudiants même si ces derniers préfèrent vivement le campus "plus familial" de l'UFR de STAPS, dans le XVe arrondissement. "C’est bien de commencer par une approche théorique pour ensuite passer à la mise en application", juge Lorène.

"Et cela permet aussi d’écrémer un peu le nombre d'étudiants. Ceux qui ne viennent que pour le sport vont vite manquer à l’appel", pronostique Mathis*. Devant l'amphi, écouteurs dans les oreilles, il attend de suivre son deuxième cours. "Pour l’instant, la rentrée se passe bien. Deux heures de cours par jour, ce n’est pas bien compliqué" sourit-il.

"Un bac S, ça aide"

De l’avis de tous : un bac S, en STAPS, est un passeport précieux. "Les lois de Newton, le principe d’inertie… Je connais déjà ces notions, ça aide !", confirme Léon, 20 ans. Pour Charlotte, après ses prémices en PACES, ces cours d'amphi sont même "une formalité". Laura et Lorène, qui viennent d’un bac ES, découvrent à l'inverse les joies de la physique. "La mécanique, tout ce qui concerne les forces… C’est nouveau pour nous. Quand tu vois que les autres sont bien au fait, tu te dis : ‘Je vais devoir m’accrocher !’ ", appréhende Lorène. Une affirmation qui prend tout son sens quand on sait qu'un quart des étudiants aura décroché avant le mois de novembre.

Les évadés de la Toussaint

"C'est le phénomène des évadés de la Toussaint, décrypte Luc Collard. Ce sont avant tout des étudiants mal orientés qui viennent pour taper dans un ballon. Or, en STAPS, c'est un tiers de sport et deux tiers de cours théoriques comme l'anatomie, la psychologie... Des matières qui nécessitent un bon bagage surtout que les activités physiques fatiguent", explique le directeur d'UFR. Il faut savoir se lever même lorsque l’on a eu entraînement la veille jusqu’à 20 h !". Marvin, qui vient de la filière STL, redouble. De son point de vue, "le plus dur, ce n’est pas les matières théoriques, mais la prise de notes et l’exigence dans certains sports." Ses bêtes noires : la natation et l’anatomie. "Il faut bosser dès le début et s’accrocher", conseille l'étudiant.

Quelques étudiants s'attardent dans la cour centrale de l'UFR de Staps de Paris Descartes avant de partir rejoindre l'amphi pour deux heures de cours magistral
Quelques étudiants s'attardent dans la cour centrale de l'UFR de Staps de Paris Descartes avant de partir rejoindre l'amphi pour deux heures de cours magistral © Laura Taillandier

"L'ambiance STAPS"

Assis sur une table du BDE (bureau des élèves), Harroun, 18 ans, est loin de ces préoccupations. "Je n'ai jamais fait d'anatomie. Je n'y connais pas grand-chose mais je suis confiant. C'est ce que je veux vraiment faire !", témoigne le jeune homme, titulaire d'un bac gestion-administration. À côté de lui, nouveaux et anciens étudiants jouent au babyfoot. "Je ne m'attendais pas à ce que les L2 et L3 soient aussi avenants. C'est cool", glisse Harroun dans un sourire. Cette "ambiance unique" de la filière STAPS est vantée et appréciée des premières années.

"Ce n'est pas prise de tête. Les étudiants plus âgés nous encadrent pour que cela se passe bien"

, confirme Lorène. Ces derniers ont organisé des "Jeux Olympiques des STAPS" la semaine précédente. L'équivalent d'une période d'intégration, le sport en plus. "Chaque personne que l'on rencontre est passionnée par un sport. Les premières discussions tournent autour. Cela permet de briser la glace", relate Mathilde, enthousiaste.

"C'est l'ambiance STAPS !, relève Luc Collard. Les étudiants apprennent vite l’humilité. Ils ont tous un sport dans lequel ils excellent mais ils se retrouvent à devoir pratiquer une activité qu’ils n’ont jamais faite. Les étudiants se chambrent. C'est très bon enfant. La danse, comme les autres cours, est mixte...", s'amuse le directeur de l'UFR. Pour l'instant, les installations sportives sont encore vides mais, dès le lundi suivant, les étudiants démarreront "le marathon". Dans la cour, Harroun, avec d'autres, tape déjà dans un ballon. En mousse.

* Le prénom a été changé à la demande de l'étudiant.

La grogne monte en STAPS

Mardi 19 septembre 2017, l'ambiance était moins studieuse mais plus électrique dans les UFR de STAPS de 20 villes de France. L'association nationale des étudiants en STAPS organisait une mobilisation pour dénoncer les conditions de rentrée. Sur les réseaux, les #stapsenperil ou #stapsencolere ont fait leur apparition, avec une revendication simple : une place assise dans un amphi. "Nous voulons aussi une réforme plus globale de la filière et notamment des diplômes. Sur le marché du travail, le brevet professionnel qui dépend du ministère des Sports ajoute de la confusion", précise sa présidente Orlane François. L'association souhaite également la fin du tirage au sort, mais s'oppose à la mise en place de prérequis à l'entrée en licence, "une sélection déguisée". Demander aux étudiants de pratiquer un sport ? "La licence sportive est un coût que certaines familles ne peuvent pas se permettre", objecte Orlane François. Pour désengorger les UFR, une solution pour l'association : les MOOCS.

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