Décryptage

Conventions de stage payantes : un commerce qui prospère encore

Par Étienne Gless, publié le 01 février 2016
1 min

Le ministère de l'Éducation nationale a beau avoir rappelé à l'ordre des sites marchands vendant des conventions de stage de manière irrégulière fin 2015, les pratiques n'ont pas disparu... Rappel des faits et mise en garde. 

"Votre convention de stage en 24h", "formation à distance agréée"… Sur Internet, les publicités proposant l'achat de conventions de stage à des jeunes qui ne sont pas encore inscrits en formation ou à des diplômés fleurissent. Moyennant de 400 à 2.500 €, des officines proposent l'inscription dans une université étrangère ou à des cours dispensés uniquement en ligne. Une fois le statut étudiant obtenu, la convention de stage est délivrée. L'affaire de 24 à 48 heures, vantent les sites... Beaucoup de jeunes diplômés angoissés par leur difficile insertion professionnelle cèdent ainsi aux sirènes de ces offres alléchantes. Mais la combine flirte avec l'illégalité.

Que dit la loi ?

"Seuls les étudiants régulièrement inscrits dans un cursus de formation dont le volume pédagogique d’enseignement effectué en présence des étudiants est de 200 heures minimum par année d’enseignement peuvent se voir délivrer une convention de stage", rappelle le ministère de l'Éducation nationale. Autrement dit, des cours en ligne ne permettent pas de signer une convention de stage conforme à la loi française. Le 13 novembre 2015, le ministère avait tapé du poing sur la table contre ces sites contrevenant à la loi et rappelé la règle. Les services de la DGCCRF (Direction générale de la concurrence, de la consommation et de la répression des fraudes) et de l’Autorité de la concurrence ont même été saisis pour constater ces pratiques.

"Nous allons faire pression sur le gouvernement pour demander l'arrêt et la fermeture de ces sites d'arnaque à la convention de stage", proteste aujourd'hui Matthieu Bauhain, secrétaire national de l'UEC (Union des étudiants communistes). Du 15 au 19 février 2016, le syndicat étudiant organisera une semaine d'actions sur le thème des stages sur les campus universitaires.

La "peur du gendarme" peu dissuasive


La menace "du gendarme" n'a pas eu, jusqu'à présent, un effet totalement dissuasif. Trois sites actuellement mis en cause par l'UEC, BeStudentAgain, CBLE et Fac For Pro, continuent de faire de la publicité sur le Web. Fin janvier 2016, BeStudentAgain, basé aux États-Unis, promettait ainsi une convention de stage en 24 heures aux étudiants, après une inscription pour 6 mois dans une université internationale. Le tout pour 440 €. En revanche CBLE, un autre organisme sur la sellette et basé à Paris, mentionne désormais sur son site que "la délivrance de convention de stage est actuellement interrompue". Mais sa publicité est toujours visible... Comptez 580 € pour la délivrance d'une convention de stage dans votre secteur d'activité dans les 48 heures.

Un organisme croise le fer avec le ministère

Interrogé par l’Etudiant, Fac For Pro, un institut d'enseignement privé français créé en octobre 2014 qui propose des formations principalement à distance, se défend de se livrer au commerce de conventions de stages et dénonce l'amalgame fait avec les autres organismes, mettant en avant 200 heures de formation en présentiel. Alors que dans un communiqué du 13 novembre 2015, le ministère de l’Education nationale avait mis en cause l’organisme, il est revenu sur ce point, en retirant toute mention de Fac for pro, à la suite d’une assignation en référé.

Triple peine pour les jeunes

Les jeunes en mal de stage doivent donc se renseigner minutieusement avant de signer tout contrat. Traiter avec un organisme peu scrupuleux peut s'avérer triplement pénalisant : sur le plan financier, car ils dépensent plusieurs centaines d'euros ; sur le plan académique, quand aucune formation n'est réellement suivie ou alors exclusivement à distance, en contravention avec la loi ; sur le plan de l'insertion professionnelle, car les entreprises commencent à se méfier. Celles-ci ont peur de se voir taper sur les doigts par l'Inspection du travail pour travail dissimulé. Un seul conseil : prudence !

 

 

 

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