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Décryptage

Comment fonctionne le régime d'intermittent du spectacle ?

Pour obtenir le régime d'intermittent il faut justifier de 507 heures de travail tous les ans.
Pour obtenir le régime d'intermittent il faut justifier de 507 heures de travail tous les ans. © Anthony MICALLEF/HAYTHAM-REA
Par Cécile Marchand-Ménard, publié le 25 juin 2024
1 min

507 heures, congés spectacles, AEM… Les intermittents du spectacle relèvent d’un régime unique qui possède ses spécificités et son propre vocabulaire. Voici un petit guide pour s’y retrouver.

Comédien, ingénieure du son, musicienne, danseur, éclairagiste… En 2022, France travail dénombrait près de 304.000 salariés intermittents du spectacle sur le territoire, soit l’effectif le plus élevé depuis 2010.

Recrutés pour des projets de nature et de durée variables, ces artistes et techniciens du spectacle vivant et de l’audiovisuel relèvent d’un régime particulier, aux conditions et règles uniques. Un fonctionnement à part qui nécessite organisation, anticipation… et patience.

Comment devenir intermittent du spectacle ?

En France, l’intermittence n’est pas un statut mais bien un régime particulier duquel dépendent artistes et techniciens du spectacle vivant ou de l’audiovisuel. "Relever du régime des intermittents permet de toucher des indemnités les jours où on ne travaille pas, entre ses périodes d’activités", résume Eléonore, comédienne de théâtre.

Afin d’accéder à ce régime spécifique, il est nécessaire de justifier de "507 heures de travail ou d’heures assimilées au cours des 12 derniers mois", détaille France travail.

Dans la pratique, Élisa, ingénieure du son explique : "Pour basculer du régime général au régime intermittent, il est conseillé d’adresser un message à son conseiller France travail pour qu’ensuite nos heures soient comptabilisées comme telles. Cela peut prendre plusieurs mois puis il faut ensuite renouveler ses 507 heures tous les ans".

Comment s'organiser administrativement ?

D'abord, "il faut s’actualiser tous les mois auprès de France travail, renseigner le nombre d’heures travaillées, les périodes, les employeurs, explique Élisa, qui ajoute que "consigner tout ça dans un tableau au préalable peut aider".

Pour chaque contrat, une entreprise doit fournir à France travail une attestation d’employeur mensuelle (AEM) comportant ces informations.

Il est ensuite nécessaire de "constamment vérifier que les données transmises sont complètes", rappelle Élisa. Ce sont ces informations qui seront retenues pour le calcul d’heures et l’accès au régime d’intermittent.

Comptabiliser ces données permet également d’anticiper, au fil des années, les périodes d’activités. "En été, avec les festivals il y a énormément de travail, tandis qu’en hiver, c’est plus calme. Il faut s’organiser en fonction", remarque ainsi Élisa.

Comment trouver des missions ?

Plusieurs sites spécialisés permettent de trouver et de postuler à des missions dans le secteur audiovisuel ou le spectacle vivant, tel que Profil culture ou Job culture.

"Dans le milieu artistique, cela passe beaucoup par le réseau. Avec le temps on crée des relations de confiance, il arrive qu’on nous recommande. Le reste du temps, on envoie aussi des candidatures spontanées à des boites de production, des théâtres, etc", explique Élisa.

À noter qu’en 2022, deux salariés intermittents sur cinq résidaient en Ile-de-France. "Selon son secteur d’activité, il est plus judicieux de s’installer dans certaines régions de France, commente l’ingénieure du son. Par exemple, Paris est un gros pôle pour le cinéma, la Bretagne pour le spectacle vivant".

A-t-on droit aux congés payés ?

Les intermittents du spectacle cotisent auprès de l’organisme Audiens, afin d’accéder à des congés payés spécifiques : les congés spectacles. Il ne s’agit pas de jours de congés payés à proprement parler mais d’une indemnité, qui correspond à 10% du revenu brut perçu par le salarié.

"Pour bénéficier de votre indemnité, vous devez en faire la demande chaque année à partir de la mi-avril, au minimum 15 jours avant la date de début de vos congés et au plus tard le 31 mars de l'année suivante", informe Audiens.

Plusieurs ressources pour se faire aider

"Après six ans d’intermittence, j’ai encore du mal à comprendre tous mes droits ou à les faire valoir, notamment auprès de France travail", regrette Eléonore. Afin d’éclairer les intermittents du spectacle, plusieurs relais existent.

Le service "Être intermittent" propose notamment une permanence téléphonique. Sur YouTube, le compte "507 heures" permet de comprendre les spécificités du régime dans une série de vidéos "trucs et astuces".

Il est également possible de rejoindre des collectifs d’intermittents, comme Élisa, membre du collectif "Ielles son", constitué de femmes et de minorités de genre dans la prise de son et le tournage. "Le but est de faire valoir nos droits dans un milieu très masculin mais aussi de créer un réseau d’entraide", explique-t-elle.

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