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Assurance chômage : ce qu'implique la réforme pour les jeunes actifs

La réforme de l'assurance chômage doit entrer en vigueur le 1er juillet 2024.
La réforme de l'assurance chômage doit entrer en vigueur le 1er juillet 2024. © Fred MARVAUX / REA
Par Rachel Rodrigues, mis à jour le 01 juillet 2024
5 min

Selon les annonces du gouvernement, un décret devrait entériner la réforme du système d'assurance chômage, le 1er juillet prochain. Cette réforme prévoit notamment un durcissement des conditions d'accès et une réduction de la durée d'indemnisation, qui toucheront directement les jeunes actifs.

MAJ : Dimanche 30 juin, à l'issue du premier tour des élections législatives, le Premier ministre Gabriel Attal a annoncé auprès de l'AFP et franceinfo suspendre la mise en œuvre de la réforme. Pour éviter un vide juridique et puisque les règles actuelles doivent cesser de faire effet à partir du 1er juillet, un décret de jointure doit être pris afin de les prolonger.

C'est la troisième depuis 2019. Une nouvelle réforme de l'assurance chômage doit entrer en vigueur dès le 1er juillet prochain, a assuré le Premier ministre Gabriel Attal.

Les mesures qu'elle comporte auront un impact de taille sur les conditions d'indemnisation des séniors, des personnes précaires, mais également des jeunes qui entrent tout juste sur le marché du travail. 

Au programme, si le projet de décret est publié tel quel le 1er juillet : la durée d'indemnisation sera réduite pour tous les demandeurs d'emploi et les conditions d'accès à l'assurance chômage seront durcies à partir du 1er décembre prochain.

Des conditions d'accès au chômage durcies

Dans le détail, selon les nouvelles règles défendues par le gouvernement, il faudra avoir travaillé huit mois sur les vingt derniers mois pour prétendre au chômage. Actuellement, il est nécessaire d'avoir travaillé six mois sur les vingt-quatre derniers mois pour pouvoir s'inscrire auprès de France travail et bénéficier d'une indemnisation. 

Selon plusieurs syndicats, ces mesures toucheront principalement les jeunes actifs qui viennent de s'insérer sur le marché de l'emploi. Les primo accédants - les travailleurs souhaitant ouvrir leurs droits au chômage pour la première fois - qui viennent de terminer leurs études ou qui commencent tout juste à travailler, "enchaînent souvent des contrats courts qui ne leur permettent pas d'atteindre huit mois de travail sur cette période donnée", détaille Olivier Guivarch, secrétaire national de la CFDT, en charge de l'emploi.

Concrètement, cela signifie que si un jeune finit ses études et décroche un CDD de trois mois, il ne pourra pas être indemnisé une fois son contrat terminé. La situation est la même pour les jeunes qui enchaîneraient des missions d'intérim, en début de carrière : "même si cela dépend des situations, avec toutes les interruptions, il sera difficile de toucher une allocation", précise Olivier Guivarch.

Un accès contraint pour les étudiants et saisonniers

Cette nouvelle période de référence pourrait être d'autant plus inquiétante pour les jeunes engagés dans un contrat étudiant pendant leur année : "en travaillant à peine quelques heures par semaine chez Mcdo, ils auront moins de chances de remplir les conditions d'entrée, à savoir atteindre les huit mois travaillés", pointe Bruno Coquet, expert associé à l'OFCE.

Le constat est similaire pour les travailleurs saisonniers, qui accumulent deux ou trois mois travaillés dans l'année. "Avec 24 mois de référence, il est plus facile d'englober le travail accumulé sur deux, voire trois étés. Ici, les 20 mois ne permettent pas un tel calcul", détaille l'expert.

Il s'agit donc ici d'un nouveau durcissement des conditions d'accès au chômage puisque avant 2019, il fallait avoir travaillé quatre mois sur les vingt-huit derniers mois pour s'inscrire à France travail (ex-Pôle Emploi) et recevoir une allocation.

Une durée d'indemnisation réduite

Autre point majeur de cette réforme : la durée d'indemnisation, actuellement fixée à 18 mois maximum, passera à 15 mois dans les conditions actuelles, c'est-à-dire avec un taux de chômage global compris entre 6,5 et 9% (il était de 7,5% au premier trimestre 2024). 

Cette durée pourra être réduite si le taux de chômage baisse en dessous de 6,5%. Il s'agit ici du principe de "contracyclicité" introduit en 2023 et qui implique que les conditions d'indemnisation des demandeurs d'emploi se durcissent en fonction que le nombre d'offres d'emploi augmente et que l'état de santé du marché du travail s'améliore.

Les jeunes, moins bien armés pour faire face à la recherche d'emploi

La encore, les jeunes en début de carrière pourraient être particulièrement touchés par cette mesure, selon les organisations syndicales : "étant donné leur âge, les jeunes, et qui plus est les jeunes issus de milieux modestes, ont moins d'épargne et moins de patrimoine", expose Olivier Guivarch. Ainsi, "ils peuvent se retrouver difficilement armés pour faire face à la période de recherche d'emploi", poursuit-il.

Compte tenu de cette durée réduite, certains jeunes arrivant sur le marché du travail et ayant du mal à s'insérer pourraient aussi "avoir tendance à baisser leurs prétentions salariales par rapport au diplôme qu'ils ont obtenu", afin d'éviter le risque d'approcher la fin de leur indemnisation pendant leur recherche d'emploi, avance Bruno Coquet.

Un nouveau décret doit être pris par le gouvernement d'ici au 1er juillet prochain pour remplacer les règles actuelles qui doivent prendre fin au 30 juin. Une fois paru au Journal officiel, les syndicats auront la possibilité de contester le texte et demander un examen par le Conseil d'État.

S'il est validé, les règles devront être appliquées à partir du 1er décembre prochain.

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