Décryptage

Exclusif. Réforme du lycée : un choix de spécialités plus restreint que prévu

Sur les 12 spécialités créées dans le cadre de la réforme du lycée, cinq seront moins accessibles.
Quelles spécialités seront proposées dans votre lycée ? © plainpicture/Andreas Pieper
Par Erwin Canard, publié le 04 septembre 2018
6 min

Tous les lycées ne proposeront pas toutes les spécialités. Seules sept d'entre elles, sur 12, sont assurées d'être présentes au minimum au sein d'un bassin de formation. Un document du ministère de l'Éducation nationale précise ce point de la mise en place de la réforme du lycée.

"Personnaliser les parcours." Tel est l'objectif de la réforme du lycée, a expliqué Jean-Michel Blanquer, le ministre de l'Éducation nationale, lors de sa conférence de presse de rentrée, le 29 août 2018. La suppression des séries dans la voie générale à partir de la rentrée 2019, remplacées par un choix de spécialités, doit permettre à l'élève d'opter pour les matières de son choix, en plus de celles du tronc commun. Douze spécialités sont proposées : arts ; biologie-écologie ; histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; littérature et LCA (langues et cultures de l'Antiquité) ; mathématiques ; numérique et sciences informatiques ; physique-chimie ; SVT (sciences de la vie et de la Terre) ; sciences de l'ingénieur ; SES (sciences économiques et sociales).

Un champ des possibles réduit

Il y a plusieurs mois, le ministre avait évoqué sa volonté de proposer un choix qui serait "le plus large possible". Or, une note de service de la direction générale de l'enseignement scolaire que s'est procurée l'Etudiant semble réduire le champ des possibles des élèves.

Le document s'adresse aux recteurs, qui déterminent l'offre de formation de leur académie. Il indique qu'ils doivent "veiller à l'équilibre et à la bonne répartition des spécialités dans le cadre géographique adapté au territoire". Ce "cadre" peut être "un réseau de lycées, un bassin de formation, un secteur géographique".
Concrètement, cela signifie que les 12 spécialités ne seront pas proposées dans votre lycée mais dans un territoire plus large. "C'est déjà le cas actuellement. On ne trouve pas l'option art partout, par exemple", justifie Jean-Marc Huart, le Dgesco (directeur général de l'enseignement scolaire). Mais l'objectif de la réforme était justement que les élèves puissent opter pour les spécialités de leur choix.

5 spécialités sur 12 seront rares

Chaque lycée n'aura donc pas l'obligation de proposer un nombre minimum de spécialités. Le document indique que sept spécialités sur 12 "doivent pouvoir être accessibles dans un périmètre raisonnable", autrement dit au sein d'un réseau d'établissements ou d'un bassin, et pas forcément d'un lycée. Il s'agit de : histoire-géographie, géopolitique et sciences politiques ; humanités, littérature et philosophie ; langues, littératures et cultures étrangères ; mathématiques ; physique-chimie ; SVT ; SES.
La majorité des lycées devrait pouvoir proposer ces sept matières.

Dans le cas contraire, il est précisé que deux lycées voisins peuvent, à eux deux, proposer ces sept disciplines. Vous suivriez alors des cours dans deux établissements différents. La note précise que, "à titre exceptionnel", lorsque la spécialité souhaitée n'est pas proposée dans un lycée, les élèves pourraient la suivre dans un autre lycée ou demander à changer de lycée. Et de préciser également qu'il sera possible de suivre une spécialité "par le biais du CNED [Centre national de l'enseignement à distance]".

Changer de lycée pour faire arts ou numérique ?

Mais quid des cinq autres ? Arts, littérature et LCA, numérique et sciences informatiques, et sciences de l'ingénieur "feront l'objet d'une carte académique, voire nationale". La spécialité biologie-écologie, elle, ne sera proposée que dans les lycées agricoles. Conséquence : si vous souhaitez suivre une ou plusieurs de ces cinq spécialités, il faudra sans doute vous diriger vers un lycée qui se trouve ailleurs dans votre académie, voire dans une autre région.

Pourrez-vous choisir votre combinaison de spécialités ?

Ce choix de spécialités concerne les élèves qui entrent en seconde à partir de la rentrée 2018. Ils devront choisir leurs trois spécialités de première, lorsqu'ils se tournent vers la voie générale, au deuxième trimestre de seconde, et leurs deux spécialités de terminale à la fin du deuxième trimestre de première.

Des triplettes (en première) et des doublettes (en terminale) vous seront-elles imposées ou pourrez-vous choisir la combinaison de votre choix ? La question reste en suspend. En revanche, le texte précise qu'il sera possible, exceptionnellement et après avis du conseil de classe, de choisir une spécialité en terminale qui ne faisait pas partie des trois spécialités de première.

Les spécialités de votre lycée connues en janvier

La mise en œuvre des cartes de formation a déjà commencé. Ainsi, dans un autre document que s'est procuré l'Etudiant, l'académie de Rennes a mis en place la démarche suivante : une première consultation des équipes (enseignants et chefs d'établissement) est mise en place dans les lycées. Elle durera jusqu'à la fin de l'automne 2018. Les résultats seront débattus entre proviseurs de lycées d'un même réseau. Les décisions dépendront notamment du nombre d'enseignants de chaque discipline présents, du nombre d'élèves et du nombre de lycées dans un territoire donné. Au niveau national, c'est en janvier que tout cela sera décidé. Et vous connaîtrez alors les spécialités que proposera votre lycée pour la rentrée 2019.

Vous aimerez aussi...

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !