Grève pour le climat : pour les jeunes, "c'est le seul moyen de faire entendre nos voix"

En septembre, les mobilisations appelant à lutter contre le changement climatique sont elles aussi de retour. Vendredi 23, le mouvement "Friday for climate" a rassemblé quelques centaines de jeunes dans une quinzaine de villes, avant les marches pour le climat du week-end.
Ce vendredi 23 septembre 2022, par un temps sec et ensoleillé, les pancartes des jeunes rassemblés à l'occasion de la grève pour le climat à Paris, devant l'Académie du climat, ne manquaient pas de mordant. Les mots étaient tantôt humoristiques – "Maman, je sèche, comme la planète" –, tantôt sarcastiques – "Le second degré n'est plus une blague" –, quand ils ne dénotaient pas une vive colère, comme l'appel à brûler "le patriarcat, pas la planète".
Au milieu des centaines de personnes mobilisées pour cette grève dans la capitale, majoritairement des étudiants, quelques lycéens étaient présents. Leur objectif ? Essayer "d'avoir un futur" : "nous n'avons pas le droit de vote, alors c'est le seul moyen de faire entendre notre voix", déclare Clémence, 15 ans, en seconde au lycée franco-allemand de Buc (Yvelines).
Un été pour "réaliser le changement climatique"
Pour elle et son amie Lucie, 14 ans, cette mobilisation est une première. Elles ont appris la tenue de ce rassemblement grâce à des affiches exposées dans le lycée par une de leurs camarades. Résultat : une vingtaine d'élèves de l'établissement de Buc étaient présents place Baudoyer ce vendredi.

Face à l'urgence, leur camarade Rebecca, en seconde, juge "outrageux que le gouvernement ne fasse rien". Au-delà de l'actualité hexagonale, elle se dit marquée par les inondations récentes au Pakistan. Pour elle, "cet été a tout remis en perspective".
"Notre avenir n'est pas garanti dans 10, 20 ou 30 ans"
Ces jeunes ont donc estimé plus important de manifester leur inquiétude et de demander une réaction politique que d'aller en cours, moins d'un mois après la rentrée. Et ceci avec le soutien de certains enseignants. "Nous avons eu des mots d'encouragement de la plupart de nos professeurs", précise Timna, en terminale à Buc.
Le choix de faire cette grève est dicté par l'"urgence de la situation, estime Colin Champion, président du syndicat La Voix lycéenne. Notre avenir n'est pas garanti dans 10, 20 ou 30 ans. Si on n'accepte pas de se mobiliser maintenant, on met notre avenir en danger. Il y a une urgence énorme et une inaction énorme des dirigeants."

Pour y remédier, le collectif propose notamment la rénovation énergétique des bâtiments scolaires, dont les lycées.
Des cours sur les conséquences du changement climatique mais pas sur les solutions
Discuter des solutions, des mesures qui peuvent être prises face au changement climatique, c'est précisément ce qui fait défaut aux cours du lycée, pour Lucie.
Elle, Clémence et Rebecca ont des cours de géographie sur "les conséquences, l'impact" de ces évolutions sur le climat, indique cette dernière. Mais pour les trois élèves de seconde, il manque des échanges sur "ce qu'on pourrait faire en tant qu'individus". "En sciences économiques et sociales, on pourrait étudier le rôle du capitalisme dans le changement climatique", suggère aussi Rebecca.
Et la situation n'est pas plus propice à l'engagement en terminale, d'après Ephram Beloeil, secrétaire national de La Voix lycéenne. "Nous avons une pression constante liée au bac et à Parcoursup, qui nous évite de penser au climat. Nous n'avons plus le temps, alors que c'est la chose la plus importante aujourd'hui !"
