Reportage

Parcoursup : lycéens et étudiants à nouveau dans la rue

Manifestation du 22 mars 2018 contre Parcoursup
Derrière le mot d'ordre "Non à la sélection", plusieurs centaines d'étudiants et de lycéens battent le pavé, jeudi 22 mars 2018. © Laura Taillandier
Par Laura Taillandier, publié le 22 mars 2018
4 min

Quelques centaines de lycéens et d'étudiants ont manifesté une nouvelle fois à Paris, jeudi 22 mars 2018, contre la réforme de l'entrée à l'université. Parmi leurs inquiétudes, les changements qui vont être apportés au système de compensation des notes en licence.

"Étudier n'est pas un luxe, mais un droit." Elsa, en deuxième année de licence humanités à l'université de Paris-Nanterre marche d'un pas décidé dans le cortège de la manifestation, jeudi 22 mars 2018. Elle fait partie des quelque centaines d'étudiants et de lycéens venus grossir les rangs de la mobilisation des fonctionnaires et des cheminots. Avec conviction et énergie, elle dénonce la réforme de l'entrée à l'université, qu'elle voit comme la mise en place d'une sélection.

"C'est grave. Les attendus en licence, ce sont des critères sélectifs, fondés sur le patrimoine social des étudiants. Cette semaine, j'en ai eu les larmes aux yeux. J'ai l'impression de ne pas être prise au sérieux. Si je viens dans la rue, ce n'est pas pour m'amuser, je préférerais travailler mes partiels, au chaud, chez moi."

Derrière Elsa, les groupes d'étudiants et de lycéens noyés dans ce cortège qui compte davantage de fonctionnaires, tentent de faire entendre leur voix avec un slogan bien connu : "La jeunesse est dans la rue".

Des inquiétudes sur la compensation des notes

Julia*, étudiante en histoire à Paris 8, en est à sa troisième manifestation contre la réforme qu'elle juge "élitiste", mais pas seulement. "Je veux être professeure. Si je manifeste aujourd'hui, c'est aussi pour défendre le service public. Ces réformes touchent tout le monde, c'est important de se mobiliser tous ensemble", souligne-t-elle.

Manifestation du 22 mars 2018 contre Parcoursup
Manifestation du 22 mars 2018 contre Parcoursup © Laura Taillandier

Julia s'alarme également de la disparition des rattrapages à l'université. Et elle n'est pas la seule parmi les manifestants. "Alors que les discussions commencent sur l'arrêté licence, les étudiants se mobilisent aujourd'hui aussi sur la question des rattrapages, de la compensation des notes, du maintien d'un nombre d'heures de cours en présentiel... Ce sont des droits que l'on veut préserver et c'est pour cela que l'on veut se faire entendre aujourd'hui", souligne Lilâ Le Bas, la présidente de l'UNEF, en tête de cortège.

En effet, les changements qui vont être opérés sur le système de compensation des notes inquiètent, comme en témoigne Agatha, étudiante à Nanterre.

Les rangs des étudiants clairsemés

Mais malgré leurs convictions, dans les rangs de la manifestation, les étudiants le reconnaissent : la mobilisation ne prend pas dans leurs facs. "On a du mal à motiver les troupes... Les étudiants sont découragés. Ils ont l'impression que peu importe s'ils se mobilisent, l'État fera ce qu'il voudra", regrette Tiphanie, en licence de sciences sociales à Paris-Descartes.

Un manque d'information sur la réforme expliquerait aussi, selon eux, la faible mobilisation dans leur université. "Elle a été mise en place si vite que les étudiants ne sont pas au courant de ce qu'il est prévu concrètement", observe Emma, en deuxième année de licence de mathématiques, à Paris 7.

Manifestation du 22 mars 2018 contre Parcoursup
Manifestation du 22 mars 2018 contre Parcoursup © Laura Taillandier

Un détail pourrait cependant changer la donne, selon les étudiants qui battent le pavé. Tous évoquent la décision du ministère de l'Enseignement supérieur de dissoudre les conseils centraux de l’université de Toulouse 2, perçue comme une "mise sous tutelle". "C'est une décision très dure et anti-démocratique. Et cela se passe à Toulouse, là où la mobilisation est la plus forte chez les étudiants, observe Elsa. Tout le monde parle de Mai 68 et de Nanterre, mais c'est en ce moment que ça se passe, sous nos yeux. La mobilisation contre Parcoursup part aujourd'hui de ces universités, comme Toulouse ou Montpellier." "Nous sommes solidaires et on ne va pas lâcher", affirme Emma, catégorique.

* Le prénom a été changé à la demande de l'étudiante.

Vous aimerez aussi

Contenus supplémentaires

Partagez sur les réseaux sociaux !