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Une licence scientifique, et après ?

Par Sophie Blitman, publié le 26 avril 2012
1 min

SVT, maths, physique, chimie, ou même mécanique… les licences scientifiques sont variées et rassemblent environ 20 % de tous les inscrits en licence. Que font les étudiants une fois leur bac+3 en poche ? À quelles voies d'études peuvent-ils accéder avec leurs compétences ? Deux options s'offrent notamment à eux : la poursuite d'études en master – choix de la majorité d'entre eux – et l'admission parallèle en école d'ingénieurs. Revue de détail.

Les compétences que vous développerez en licence scientifique

Quelle que soit la spécialité, les étudiants de licence scientifique acquièrent progressivement certaines compétences communes, à commencer par la "capacité à intégrer des connaissances de sous-disciplines qui se placent dans des logiques différentes", constate Isabelle Demachy, vice-doyenne de la division de formation à la faculté des sciences de l’université Paris-Sud. Par exemple, explique-t-elle, "pour bien comprendre les mécanismes des réactions chimiques, il faut coupler des notions de cinétique et de thermodynamique".

Devoir tisser des liens d’une discipline à l’autre : c’est aussi ce à quoi a été confronté Romain, aujourd’hui en M1 (master 1) de géosciences après une licence de SVT (sciences de la vie et de la Terre). "En terminale, on a un aperçu vraiment succinct des SVT, à travers une approche très large, alors qu’en licence on découvre beaucoup de nouvelles matières : la géomorphologie, la minéralogie, la géotechnique… À l’université, les disciplines sont très cloisonnées : on acquiert un savoir très pointu dans chaque domaine et il faut apprendre à faire des recoupements."
 
Autre compétence dont peuvent se prévaloir les diplômés de licence scientifique : savoir mener une démarche scientifique, ce qui implique aussi de faire preuve de rigueur. "Cela consiste à connaître des concepts à partir de cas modèles et de savoir les utiliser pour comprendre un phénomène inconnu, précise Isabelle Demachy. Les étudiants sont capables d'assimiler ainsi des connaissances, notamment grâce au fait que l’enseignement à l’université est adossé à la recherche".

Comme en témoigne Romain : "Les chercheurs qui nous font cours nous présentent leurs sujets de recherche et nous expliquent comment ils procèdent. Par exemple, pour déterminer l’origine d’un séisme, il faut d’abord mener une campagne de terrain qui conduit à réaliser une analyse géophysique du sous-sol, puis modéliser les résultats, de façon soit analogique, soit numérique. On part d’un phénomène naturel et on effectue des études, à la fois dans un bureau et sur le terrain pour en comprendre les causes."

Pour, ensuite, vous spécialiser ou opter pour une approche pluridisciplinaire

Fort de ces compétences, les étudiants peuvent poursuivre soit à l’université, pour se spécialiser dans un domaine pointu, soit postuler en école d’ingénieurs, pour une formation plus généraliste. Pour Isabelle Demachy, "la question à se poser pour choisir se situe vraiment au niveau de la notion d’expertise : avez-vous envie d’approfondir un domaine, d’aller le plus loin possible dans la compréhension d’une thématique, ou bien souhaitez-vous aborder les sciences avec une approche pluridisciplinaire, qui intègre aussi largement des aspects connexes comme la conduite de projet et le management ?".

Une alternative qui mène en effet à des perspectives différentes, comme en témoignent les parcours de Romain, qui a opté pour un master, et d'Alice, qui a tenté des concours d'écoles d'ingénieurs après la fac.

Poursuivre en M1 pour se spécialiser. L'exemple de Romain

 
Après une licence de géologie à l’université Montpellier 2, la question de la poursuite d’études a été résolue, pour Romain, par sa passion pour la discipline : "Convaincu que je voulais continuer dans la géologie, je n’avais pas envie de rejoindre une filière généraliste. Après la L3 (licence 3), on a une base théorique mais pas de connaissances appliquées à tel ou tel domaine. J’ai eu envie d’approfondir la thématique des risques naturels et de leur prévention. J'ai donc choisi le M1 dynamique terrestre et risques naturels, par ailleurs très réputé."

Au-delà de la discipline, poursuivre à l’université correspond également à un choix en termes d’encadrement pédagogique : "La fac nous donne vraiment une très grande autonomie, témoigne Romain. J’avais envie de cette liberté et de réussir mes études sur un sujet précis."

Reste désormais à trancher entre un M2 (master 2) recherche, qui conduit au doctorat, et un M2 professionnel qui débouche sur un métier. S’il est arrivé en master avec l’idée de s’insérer 2 ans plus tard sur le marché de l’emploi, Romain hésite désormais : "Quand on entre en M1, on a une fausse idée de la thèse, vue comme 3 ans d’études en plus. Puis, on se rend compte que cela peut être intéressant de mener à bien un projet pendant cette durée, en lien avec une entreprise ou un organisme public. Ce ne sont plus vraiment des études !" D’un autre côté, le M2 pro a l’avantage de continuer à mêler théorie et terrain, tout en acquérant des compétences en gestion de projet…

Dans les deux cas, un diplôme de master scientifique lui permettra de mettre à profit des connaissances précises et des compétences spécifiques pour travailler dans un laboratoire de recherche, en entreprise ou dans un établissement public. Autrement dit, de devenir un expert dans son domaine.

 
Entrer en école d’ingénieurs pour devenir généraliste. L'exemple d'Alice

 
En entrant à l’université en licence de physique à Nantes, Alice envisageait d'y rester jusqu’à la fin de ses études. En L2 (licence 2), sans avoir d’idée précise de métier, elle imaginait faire un master de physique médicale ou nucléaire, jusqu’à ce que "certains profs me conseillent de regarder les écoles d’ingénieurs car j’avais de bonnes notes : j’étais dans les trois premières de ma promo".

Mais la jeune fille ne réfléchit alors pas tant en termes de niveau que d’ouverture : "En choisissant de poursuivre en master de physique, je me spécialisais et me fermais des portes, alors que je ne savais pas forcément ce que je voulais faire. Entrer en école d’ingénieurs me permettait d’avoir encore le choix. Et puis, c’est une bonne carte de visite."

C’est ainsi que la jeune fille se décide à passer le concours Casting organisé par les écoles Centrale, car, explique-t-elle, "ces écoles bénéficient d’une forte notoriété et dispensent une très bonne formation, à la fois technique et généraliste". S’ensuivent quelques mois de rude labeur : constitution d’un dossier de présélection, concours écrit puis entretiens oraux. L’étudiante doit notamment formuler des vœux classant les différentes écoles et justifier ce choix. Pour Alice, ce sera Centrale Nantes, parce qu’elle pouvait y suivre sa formation en apprentissage, et parce qu’elle était attirée par l’option automobile et par le double diplôme avec l’Institut national supérieur des techniques du nucléaire.

Seule hésitation : le fait de ne pouvoir entrer qu’en première année d’école, comme c’est souvent le cas pour les admissions parallèles. Mais Alice tranche rapidement : "On perd un an, c’est vrai, mais ça vaut vraiment le coup ! Sans compter que l’apprentissage permet de financer ses études et que certains font leur prépa en trois ans…" Alors qu’elle s’apprête à passer en 2e année, l’étudiante ne regrette rien : "Quand on est à l’université, les écoles d’ingénieurs font parfois un peu peur mais il faut tenter sa chance !"



Tenter un concours de la fonction publique
Après une licence scientifique, vous pouvez aussi vous diriger vers le professorat. Pour cela, vous devez vous inscrire dans un master métiers de l’enseignement afin de vous préparer aux concours de professeur des écoles, au CAPES ou à l’agrégation.
D’autre part, comme toutes les licences universitaires, la licence scientifique vous ouvre les portes des concours de la fonction publique, notamment ceux de catégorie B accessibles à bac+3. Dans cette perspective, rigueur et méthodes sont a priori vos atouts. En revanche, si l’expression et la rédaction ne sont pas votre spécialité, il faudra faire un effort dans ce domaine pour réussir les concours. D’autant que vous serez en concurrence avec des étudiants de tous horizons, notamment des littéraires.


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