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Bac 2019 : quels risques en cas de fraude ?

Carton rouge jeunes
Si vous êtes reconnu coupable de triche au bac, les sanctions peuvent durer plusieurs années. © PlainPicture / STOCK4B-RF
Par Valérie Piau, mis à jour le 21 juin 2019
6 min

Des photos du sujet de maths des séries ES et L auraient été publiés sur les réseaux sociaux avant l'épreuve, le 21 juin 2019. Frauder coûte cher... Rappel de ce que l'on peut encourir.

Qu'est ce qui est défini comme une fraude ?

Parmi les comportements pouvant être qualifiés de fraude ou tentative de fraude, on peut citer notamment :
– utiliser un appareil permettant l'écoute de fichiers audio ;
– se faire remplacer par une autre personne ;
– communiquer avec d'autres candidats pendant l'épreuve ;
– utiliser un appareil permettant d'échanger ou de consulter des informations (téléphone portable par exemple) ;
– utiliser du papier ou des documents autres que ceux fournis par l'administration ;
– utiliser une calculatrice sans que cette utilisation soit indiquée dans le sujet.

Vrai ou faux ?
- Le fait de garder son téléphone portable, même éteint, dans sa poche est considéré comme une fraude ? Vrai
- Le candidat suspecté de fraude peut être assisté d'un avocat devant la commission de discipline du baccalauréat ? VraiLe fait de garder son téléphone portable, même éteint, dans sa poche est considéré comme une fraude ? Vrai

En cas de flagrant délit de fraude ou de tentative de fraude, le surveillant de salle intervient pour la faire cesser. Selon la circulaire n° 2012-059 du 3 avril 2012, relative à la préparation, au déroulement et au suivi des épreuves, il n'interrompt pas la participation du candidat à l'épreuve mais saisit les pièces ou matériels permettant d'établir ultérieurement la réalité des faits (téléphone portable, document, papiers…) et rédige un procès-verbal qui sera transmis au recteur pour les éventuelles poursuites judiciaires.

Le chef de centre d'examen peut, dans certains cas, décider l'expulsion immédiate du candidat, notamment si celui-ci perturbe le déroulement de l'épreuve ou en cas de substitution de personne.

Des poursuites disciplinaires encourues

Le candidat suspecté de fraude n'est sanctionné qu'après respect d'une procédure disciplinaire particulière.

Convocation devant la commission de discipline
Un procès-verbal est transmis au recteur, qui saisit la commission de discipline du baccalauréat. Jusqu'à la date de la décision de la commission, le candidat ne peut ni obtenir les résultats de son examen, ni s'inscrire dans un établissement public d'enseignement supérieur.

Le candidat et, le cas échéant, son représentant légal s'il est mineur sont convoqués au moins dix jours avant la réunion de la commission, par lettre recommandée avec accusé de réception, selon l'article D. 334-28 du Code de l'éducation.

La convocation comporte l'énoncé des faits reprochés. Elle informe le candidat qu'il peut présenter des observations (écrites ou orales) et qu'il peut être assisté ou représenté d'un conseil de son choix, qui peut être un avocat. Sa convocation précise aussi à l'intéressé sous quel délai et dans quel lieu il peut prendre connaissance de son dossier.

L'audience n'est pas publique. Le candidat y présente ses explications, comme son représentant légal s'il est mineur et éventuellement son conseil, qui peut être un avocat. À l'issue de l'audience, la commission prononce une relaxe ou une sanction disciplinaire.

La commission de discipline du baccalauréat doit statuer dans un délai de 2 mois suivant la proclamation des résultats de la session à laquelle se rattachent les faits ayant donné lieu aux poursuites selon l'article D331–31 du code de l'éducation.

Échelle des sanctions
La commission prononce l'une des sanctions prévues à l'article D. 334-32 du Code de l'éducation selon la gravité de la fraude :
– le blâme : il s'agit d'un simple avertissement donné à l'élève, qui conserve son diplôme. Il a concerné 10 % des tricheurs poursuivis en 2013 ;
– la privation de toute mention au bac : l'élève est reçu au baccalauréat sans mention. En 2013, elle a été appliquée à 4 % des fraudeurs punis ;
– l'annulation de l'épreuve : dans tous les cas où l'élève est reconnu coupable de fraude, il reçoit la note de zéro à l'épreuve au cours de laquelle il a triché ;
– l'annulation de l'examen : la commission peut décider de mettre zéro au candidat à toutes les épreuves et pas seulement à celle à laquelle il a triché ;
– le retrait du diplôme si la fraude est découverte après la délivrance du bac ;
– l'interdiction de subir tout examen conduisant à l'obtention du baccalauréat ou d'un titre ou diplôme délivré par un établissement public dispensant des formations post baccalauréat pendant cinq ans maximum. Cette sanction peut être prononcée avec sursis si l'interdiction n'excède pas deux ans. En 2013, 60 % des élèves sanctionnés ont écopé de cette interdiction pour un ou deux ans ;
– l'interdiction de s'inscrire dans un établissement public du supérieur.

Toute sanction peut être assortie d'une inscription au livret scolaire. Dans le cas du blâme et de la privation de mention, ces inscriptions sont effacées au terme d'une période de un an après leur prononcé. Dans le cas des autres sanctions, l'effacement intervient au terme de la période d'interdiction qui est prononcée.

Le candidat peut faire appel de la décision en saisissant le tribunal administratif, selon l'article R. 334-35 du Code de l'éducation.

Mais aussi des sanctions pénales

L'élève qui fraude encourt également des sanctions pénales. Ces sanctions pénales résultent de la loi du 23 décembre 1901 réprimant les fraudes dans les examens et concours publics, selon laquelle “toute fraude commise dans les examens et les concours publics qui ont pour objet l'entrée dans une administration publique ou l'acquisition d'un diplôme délivré par l'État constitue un délit”.

La même loi précise : “Quiconque se sera rendu coupable d'un délit de cette nature, notamment en livrant à un tiers ou en communiquant sciemment, avant l'examen ou le concours, à quelqu'une des parties intéressées, le texte ou le sujet de l'épreuve, ou bien en faisant usage de pièces fausses, telles que diplômes, certificats, extraits de naissance ou autres ou bien en substituant une tierce personne au véritable candidat, sera condamné à un emprisonnement de trois ans et une amende de 9.000 € ou à l'une de ces peines seulement.”

Il faut savoir que les mêmes peines de 9.000 € d'amende et de trois ans d'emprisonnement sont prononcées contre les complices du délit.

Un nombre de fraude en hausse en 2018

Cinq grands groupes de fraude sont identifiés. D'abord l'utilisation de nouvelles technologies qui représente la part la plus importante des cas (43,75%), un chiffre en hausse de plus de trois points par rapport à 2017. Autre classique de la fraude, les antisèches, 31,82% des cas de fraude en 2018. Là aussi un chiffre en hausse, de presque trois points. Un nouveau cas de fraude monte en flèche, il s'agit de la falsification de copies. Le chiffre qui n'était "que" de 1,73% en 2017 a augmenté de plus de deux points.

En revanche, certains cas de fraudes semblent tendre à disparaître. Ainsi, le plagiat est en baisse de près de six points pour se retrouver à 11,55% des cas de fraude. Concernant la communication entre candidats, le chiffre est passé en 2018 sous la barre des 3%.

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