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Bac : peut-on pronostiquer les sujets ?

Attention, tous les chapitres d'un programme peuvent tomber.
Attention, tous les chapitres d'un programme peuvent tomber. © Tierney / Adobe stock
Par Marine Ilario, publié le 07 juin 2024
1 min

À l’approche des premières épreuves du baccalauréat la tentation est souvent grande de vouloir imaginer les sujets qui vont tomber. Un exercice pourtant périlleux qui risque de vous faire perdre beaucoup de temps en période de révision.

Quelle probabilité pour que le sujet d’HGGSP tombe sur la "connaissance" ? En philo, qui parie pour un sujet de dissertation sur la "liberté" ? Quant aux maths, faut-il vraiment réviser la géométrie dans l’espace ?

À l’approche des premières épreuves du bac, l’envie de pronostiquer les sujets est légion. Mais peut-on vraiment deviner l’intitulé ou ne serait-ce que le thème qui sera sous vos yeux au moment de retourner les copies ?

En cinq questions, trois professeurs et un inspecteur vous dévoilent si s’adonner à de la voyance à quelques jours du début des épreuves est une bonne idée.

Un même sujet peut-il tomber deux années de suite ?

Oui, mais sous une autre forme

On pourrait être tenté de se dire que parce qu’un sujet est tombé l’année dernière il ne retombera pas l’année suivante. Pourtant si les intitulés de sujets ne seront en effet jamais identiques d’une session à une autre, "les thèmes sont suffisamment larges pour tomber deux années d’affilée" assure Brigitte Esteve-Bellebeau, inspectrice pédagogique régionale de philosophie au sein de l’académie de Poitiers.

"L’année dernière par exemple la politique est tombée avec un texte de Hobbes sur le versant de l’État. Ce texte ne retombera pas, mais la thématique de la politique est tellement large qu’une autre dimension peut être proposée aux élèves."

Même chose en HGGSP. "Ce n’est pas parce que la connaissance est tombée l’année dernière que ce thème ne tombera pas cette année. Ce sera formulé différemment, avec une étude critique de documents peut-être, mais ça peut tomber. Les thèmes sont larges" insiste Camille Delavande Destor, professeure en HGGSP au lycée Claude Bernard à Paris.

Avec deux jours d’épreuves et deux sujets par matières, il est plus probable que des thématiques déjà tombées l’année dernière reviennent cette année. "En SES, dans un sujet il y a quatre chapitres en jeu : un avec la dissertation et trois avec l’épreuve composée. Sur deux jours de bac ce sont donc huit chapitres qui peuvent être mobilisés donc probablement que certains se retrouvent d’une année sur l’autre", prévient Benoit Guyon, prof de SES au lycée Courbet à Belfort (90) et co-président de l’APSES .

Est-ce que certains thèmes ne tombent jamais ?

Tous les chapitres peuvent tomber !

Quant à une thématique ou un chapitre qui ne tomberait jamais le jour de l’examen, tous s’accordent pour démonter cette idée reçue. "En mathématiques, tout ce qui est vu dans l’année fait partie des exercices proposés" affirme Mohamed Nassiri, professeur de mathématiques au lycée d'Excellence Edgar Morin de Douai (59). Même chose en HGGSP et en philo : tous les thèmes peuvent tomber !

Brigitte Esteve-Bellebeau va même plus loin. "C’est une consigne qui est donnée aux professeurs concepteurs des sujets : il faut utiliser tout le programme."

L’actualité permet-elle de deviner un sujet ?

Choisis plusieurs mois à l'avance, les sujets ne sont pas influencés par l'actualité

Le bombardement de Rafah, les résultats des élections européennes ou la pluviométrie du mois de mai peuvent-ils être mentionnés dans les sujets ? Aucune chance. Camille Delavande Destor rappelle que les sujets sont choisis plusieurs mois avant les épreuves, "donc ils ne peuvent pas porter sur un sujet brûlant d’actualité". Sans compter les actualités "sensibles", "comme la situation au Moyen-Orient", sont peu probables de tomber le jour de l’examen.

En revanche, elle pronostique de "bien réviser le thème 'histoire et mémoires' qui est tombé en Amérique du Nord, car cette année est la 30e année de commémoration du génocide Tutsis au Rwanda". Mais elle prévient toutefois que si on peut pousser ses révisions sur ce thème, "pas question de ne réviser que ça !". Sans compter qu’en HGGSP, "l’actualité sert surtout à proposer une accroche pertinente en début de dissertation".

En SES également, l'actualité ne peut pas faire deviner un sujet, mais la mentionner peut rapporter des points. "Si la dissertation porte sur le travail et l’emploi, une bonne copie sera celle qui fera référence à l’actualité avec la réforme de l’assurance chômage, par exemple", développe Benoît Guyon.

Peut-on anticiper les exercices ?

Oui, il y a parfois des liens entre chapitres et exercices.

Si on ne peut pas deviner les chapitres au programme de l'épreuve, certains indicateurs pourront tout de même vous aider dans vos révisions.

En maths par exemple, pas de surprise sur la forme de l’épreuve. "Il s’agit toujours de quatre exercices sur les mêmes thèmes : géométrie, probabilités, études de fonctions et études de suites", indique Mohamed Nassiri. Selon lui, certains exercices sont "des gros classiques" : "Dériver une fonction avec un tableau de variation, certains théorèmes reviennent souvent comme celui des valeurs intermédiaires, les suites avec la récurrence ou passer d’une étude de suites via une suite géométrique..."

Selon Benoît Guyon, en SES, le chapitre peut aussi influencer la forme d'un sujet. "Depuis 2019 certains intitulés reviennent. Il n’y a donc pas beaucoup de surprise." En clair : travaillez avec les sujets des années précédentes ou des centres d'examen de l'étranger et regardez comment sont traités les différents chapitres.

Autre exemple en HGGSP : à chaque type d'exercice une quantité de notions à revoir. "Il faut se dire que l’étude de documents porte sur un jalon en particulier, alors que la dissertation est un sujet plus large et s’appuie sur un ou deux axes voire sur un objet conclusif", précise Camille Delavande Destor.

Je n'ai pas tout lu : je peux faire des impasses ou pas ?

C'est très déconseillé, et à vos risques et périls !

Si, malgré tout, l’envie vous prend de prédire les sujets dans vos spécialités, dites-vous bien une chose : vous ne serez jamais sûr à 100% de votre pronostic. C'est pour cela que Camille Delavande Destor, "de ne surtout pas faire d’impasse dans ses révisions". Sans compter que cette année, c’est l’entièreté du programme qui est évalué le jour de l’examen. "C’est la première année que les six thèmes sont au programme, je pense que les inspecteurs qui choisissent les sujets se sont fait plaisir, donc pour moi tout est possible."

Même chose en SES. D’ailleurs, Benoit Guyon conseille de ne pas perdre de temps à imager les sujets qui vont tomber, mais de plutôt "bien réviser tous les chapitres des cours".

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